jeudi 31 octobre 2024

Si Nathan avait su (10)

                                   


La pluie n’a cessé de s’abattre sur la région en ce juillet qui, jusque là, tangue entre canicule et vents violents. Daniel, le père de Benjamin, craignant pour les récoltes dans lesquelles il avait englouti le peu d’argent que ses parents lui laissèrent en héritage duquel - le notaire avait été très clair en lui dévoilant le contenu du testament, rien, absolument rien ne devait aller à leur bru avec qui ils ne réussirent jamais à s’entendre.
 
Le blé courbait sous l’orage, le maïs se pavanait de gauche à droite dans la pluie alors que les tournesols cherchaient désespérément le soleil  dérobé à leur regard alors que de continuelles décharges électriques cicatrisaient les nuages. Daniel, quittant la maison en ce matin de juillet, tenait absolument à demeurer proche de ses récoltes comme pour les rassurer, être en première ligne si par malheur quelque catastrophe survenait.
 
- Bonjour madame.
- Monsieur, ne restez pas sous la pluie, entrez.
- Merci. Je me présente, Raphaël Létourneau des services à l’enfance.
- Puis-je vous offrir une tisane ? La pluie a dû vous transir.
 
Jésabelle lui assigna une chaise autour de la table de cuisine et, faisant bouillir l’eau, le considérait à la dérobée.
 
- Vous possédez une bibliothèque impressionnante, dois-je en conclure que vous êtes une grande lectrice ?
- Nous sommes très attachés à ces livres, principalement les recueils de poèmes pour mon fils Benjamin.
- Puisque vous le nommez, permettez-moi de vous entretenir de la raison qui m’amène chez-vous aujourd’hui.
- Je vous écoute monsieur Raphaël.
- Sans que ce soit nommément une plainte, mon service a reçu de façon confidentielle des appels en lien avec la sécurité de votre garçon. Selon ce que nous en comprenons ça pourrait se résumer en quelques mots: on ne voit jamais cet enfant, on s’inquiète qu’il soit seul lorsque les parents quittent la maison, on s’interroge sur les conditions de sa socialisation puisqu’il semble ne jamais se trouver en contact avec d’autres enfants de son âge et, ici je vous avoue que ce point nous apparaît très peu important, le fait qu’il ne soit pas baptisé.
- Je vous sers la tisane.
 
Jésabelle, en aucun moment, ne manifesta quelque réaction que ce soit, encore moins l’intention d’interroger le représentant du service de la protection des enfants sur qui avait signalé ce qui apparaissait aux yeux de l’administration comme assez important pour qu’une démarche soit entreprise. Elle reprit sa place à la table, deux tasses fumantes devant eux, le regard dirigé droit dans les yeux de monsieur Létourneau.
 
- Je respecte les inquiétudes manifestées par votre service au point de vous déléguer pour nous rencontrer. D’abord je tiens à vous signaler que mon mari, le père de Benjamin, est actuellement à surveiller ses champs et qu’il endossera tout ce que je vous dirai souhaitant que cela puisse éclairer la situation.   Elle s’arrêta un instant, prit une gorgée de tisane. Son interlocuteur fit de même.
 
Dehors, la pluie se faisait plus colérique. Daniel, installé dans son camion, regardait ses champs, ceux qui furent à l’époque le lieu dans lequel les troupeaux de son père se prélassaient pour se nourrir et qui, à la suite de son décès, devinrent, sous son élan, de vastes étendues de céréales. La première année ne fut pas rentable, elle sera même classée, avec le temps, comme la pire de toutes. Daniel apprenait. Daniel découvrait que se lancer dans la nouveauté comporte des risques et que seule la certitude de faire le bon choix importe. Il demeurait sourd aux railleries de ceux qui, encore, se reposaient sur des habitudes séculaires et n’envisageaient aucunement d’y changer quoi que ce soit, même modifier un tant soit peu leur manière de faire, cela ne frôlait même pas l’esprit.
 
Il regardait ses champs, heureux, méditant sur la route parcourue. Sa famille se résumant à Jésabelle et Benjamin, prenait une très large part dans sa vie, du fait qu’entre sa femme et lui les choses étaient manifestes, franches. Elle voyait à l’éducation de leur fils, il s’occupait des terres qui bientôt allaient s’agrandir des projets qu’il entretenait. Serait-ce du sarrasin ? De l’avoine ? Il prisait l’idée d’enfouir au milieu de son champ réservé au maïs, quelques plants de marijuana que Jésabelle et lui continuaient à consommer régulièrement. On s’en doutait dans le village, mais une omerta s’installa pour éviter qu’une guerre n’éclate éclaboussant d’autres gens qui jouaient, aussi, sur la corde raide.
 
Sa femme ne l’avait pas mis au courant de la visite d’un représentant des services à l’enfance, s’en tenant ainsi au pacte conclu entre eux qui les obligeait à respecter chacun leur domaine de responsabilité.
 
- On ne peut, monsieur Létourneau, empêcher les gens de parler, mais votre visite me permet d’exposer les valeurs que cette famille souhaite inculquer à notre fils. D’abord, je vous informe que Benjamin a reçu tous les vaccins que la Santé publique exige de chaque enfant. Une infirmière de la ville d’où je viens, celle qui m’a accouchée il y a près de cinq ans, s’est fait un devoir professionnel de les lui inoculer. De plus, et c’est fort important pour Daniel, moins pour moi, notre fils sera inscrit à l’école maternelle du village et s’y rendra dès l’ouverture des classes en septembre prochain. Ici, nous avons deux façons de voir la scolarisation des enfants. Celle de mon mari, plus traditionnelle et je la respecte, alors que la mienne se base sur deux livres qui m’ont beaucoup marquée: LIBRES ENFANTS DE SUMMERHILL du psychanalyste A.S. Neil et UNE SOCIÉTÉ SANS ÉCOLE de Ivan Illich.
 
Jésabelle ne cessait de fixer cet homme qui découvrait avoir affaire à quelqu’un de structuré et surtout bien documenté.
 
- Vos références pour appuyer votre opinion sont solides.
- Qu’il ne soit pas baptisé est-ce une entrave à sa sécurité?
- La société dans laquelle nous vivons et sans doute celle dans laquelle il vivra ne s’est pas encore affranchi de cette certitude.
- Puisque vous évoquez, monsieur Létourneau, le concept de société, permettez-moi de vous dire que notre fils non baptisé, vivant un peu en retrait du village, dans un rang au bout duquel notre maison loge en solitaire, eh bien il se socialise avec les livres, partage ses moments libres lorsque nous quittons provisoirement la maison avec notre chien qui lui sert de compagnon et d’ami fidèle, celui que nous avons surnommé Walden en hommage à Henry David Thoreau. Sa sécurité ne me semble pas mise à l’épreuve dans de telles conditions. Qu’en pensez-vous ?
 
Les yeux interloqués, cherchant une réponse qui tiendrait la route sans dévier des politiques qu’il se doit de faire appliquer, le jeune homme encore humide de pluie scrutait le fond de la tasse dans laquelle refroidissait la tisane.
 
- Vous comprendrez, madame, on ne m’emploie pas afin de juger les gens ainsi que leurs opinions, mon devoir est de m’assurer que la sécurité des enfants et dans ce cas-ci, celle de votre fils, soit garantie.
- Soyez tranquille, nous faisons tout pour que notre fils, et il en sera de même pour le prochain enfant qui s’en vient, respire l’air le plus sain possible et que nous installons des filtres adaptés à lui, sa façon de concevoir ce que nous lui inculquons de même que notre façon de vivre.
- Souhaitez-vous recevoir une copie du rapport que j’enverrai à mon supérieur?
- Non merci, nous ne sommes pas des gens qui cumulent inutilement des papiers.
 
Jésabelle demeura quelques instants sur le balcon alors que, disparaissant lentement sous la pluie, le fonctionnaire songeait à ce qu’il allait rédiger afin que son supérieur soit en mesure de classer le dossier parmi ceux nécessitant un suivi ou ceux que l’on ferme.
 
Le camion de Daniel se stationna là où la voiture de Raphaël Létourneau venait de creuser des ornières.





lundi 28 octobre 2024

Les chiens d'une ancienne vie

                                     


Les chiens jamais ne se tairont
 
Les chiens de mon ancienne vie
jappent encore
 
Alors que la chaleur cuit les fenêtres
j’entends… distinctement, le roulis de la mer
qui n’est pas loin, elle est calme pour le moment
 
La vendeuse de fruits se fatigue
à sans cesse rabâcher les mêmes mots
que je ne comprends pas, les devinant toutefois
et traverse le parc vide où jaunissent les herbes
 
Et plus affamés encore reviennent les chiens
ils se saoulent du vent qui fouette leurs os
les chiens de mon ancienne vie
ceux qui jappent
réapparaissent, me hantent, me coupent le souffle
font glisser en gouttes de sueur sur le dos
toute la peur qui vacille dans mon ventre
comme mille métastases d’un cancer incurable
 
Les chiens jappent
et la nuit s'abaisse,
un arbre craque, un oiseau s’essouffle
et moi, obscur, titubant sur un toit pentu
écoute la lune accrocher sa nitescence
aux branches tordues et craintives
de grands arbres spectraux obombrant la mort
 
J’entends le sommeil de ceux qui paisiblement reposent
ils ne prêtent oreille qu’à des songes tartufes
ceux qui bouleversent les ténèbres de l’absence
ceux qui gomment les espoirs, nos espérances,
notre volonté à devenir
un chien qui jappe
celui que l’on craint sans savoir pourquoi
que l’on hait car il est chien sauvage
 
Le temps se répète, éternel clepsydre,
métronome boiteux installé dans la niche
des chiens qui jappent
et lorsqu’ils jappent
on se tait, se renfrogne dans nos abysses
 
Les chiens
lorsqu’ils jappent,
ils strident
et toujours…
toujours ils japperont
laissant une odeur de loup collée au cou
un loup,
derrière, me pousse à la porte des âmes
farcissant de bave infecte
les stigmates de mes angoisses














samedi 26 octobre 2024

Daniel CYR, poète


Daniel CYR

J'ai rencontré Daniel à la SAQ, entre Morgon et Pinot noir. Il est facile à reconnaître avec, un jour, le «jersey» des Black Hawks de Chicago, l'autre, celui des Rangers de New York et ainsi de suite. Non pas des «jersey» commerciaux facilement achetables chez Canadian Tire, non, des originaux, de grande qualité.

Il m'a conseillé de magnifiques Morgon et en avons profité pour discuter hockey pour découvrir, par la suite, que j'avais devant moi plus qu'un conseiller en vins, mais un expert en hockey et surtout un poète au regard original. Poète et grand connaisseur en cinéma. Il alimente Facebook de chroniques à la fois recherchées et combien captivantes. On ne s'en lasse pas. 

Ce matin il m'envoie et m'autorise à publier ce magnifique poème - en alexandrins - SILHOUETTE DANS L'OMBRE.  Je me permets, le remerciant, de vous le faire savourer. Bien sûr il est protégé par un copyright que vous respecterez, j'en suis certain.

Parole à toi Daniel CYR.

----------------


« Je t'ai écrit un poème à partir de cette photo d'une silhouette sombre d'un soldat allemand contemplant la Tour Eiffel.

Paris,1943.
                                    Silhouette dans l’Ombre

Sous le ciel assombri de Paris enchaînée,
Un soldat en silhouette, l’âme désenflée,
Contemple la Tour, ce fer qui s’élève,
Étrange monument aux rêves en trêve.
En quarante-trois, les loups rôdent, affamés,
Dans les ruelles sombres, les espoirs sont volés.
Les murmures de la nuit, porteurs de terreur,
Résonnent comme des échos de la peur.
La résistance, ombre furtive sous les pavés,
Est réprimandée avec une rage insensée.
Les cris se perdent dans l’air lourd de menaces,
Et la mort, complice, attend avec audace.
Le soldat, en silence, mesure son destin,
L’ombre d’un uniforme, le poids d’un chagrin.
D’un regard triste, il scrute ce qui reste,
D’une ville en guerre, d’un monde en proteste.
Les lumières de la Tour, promesse d’un ailleurs,
Ne peuvent apaiser son cœur en labeur.
Dans la nuit étoilée, il rêve d’un matin,
Où l’humanité renaît des cendres du chemin.
Mais là, dans l’ombre, les loups continuent,
À traquer les âmes, à brûler les avenues.
Le soldat, entre ombres et lueurs du passé,
Se demande en silence quel chemin embrasser.
La mort est au rendez-vous, complice implacable,
Des rêves fauchés par la force insupportable.
Et dans son cœur lourd, un cri de désespoir,
Pour une paix oubliée, pour un amour illusoire.
Silhouette en l’ombre, songe d’un autre temps,
Il espère qu’un jour, naîtra le firmament.
Que Paris, ville-lumière, s’éveille des douleurs,
Et que l’amour triomphe, surmontant les terreurs.
Peut être une image de 1 personne, la Place de la Bastille et texte


Tout

jeudi 24 octobre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne ... (Billet 15)

 


    Le 5 novembre approche à grands pas et ce billet qui se veut l’avant-dernier avant le vote des électeurs américains aura un caractère informatif. Afin de ne commettre aucune erreur, je me suis inspiré d’un site sérieux Ça m’intéresse dont la mission est d’expliquer un sujet avec le plus de curiosité possible. Nous verrons ce que sont le Sénat et la Chambre des représentants aux USA, leur rôle dans le fonctionnement de la démocratie chez nos voisins du sud. Rappelons-nous que 34 des 100 sièges du Sénat passeront au vote de même que les 435 représentants le même jour que l’élection présidentielle.

----------------------------------------------------------------------------------------------------- -------------------
 
« Aux États-Unis, parmi les instances politiques importantes figure le Congrès. Cette instance détient le pouvoir législatif et se compose de la Chambre des représentants et du Sénat. Chaque organe a un rôle spécifique.
 
Le Sénat exerce le pouvoir législatif aux côtés de la Chambre des représentants depuis l'avènement de la Constitution américaine en 1787. Ce document qui régit toute la vie politique américaine a été rédigé par les Pères fondateurs, notamment Benjamin Franklin. Les premiers membres du Sénat se réunissent pour la première fois en 1789. Cet événement se tient alors dans la ville surnommée aujourd’hui la grosse pomme, New York. Le Sénat dispose du pouvoir législatif à parts égales avec la Chambre des représentants, dans un souci d’impartialité.
Au total, 100 membres siègent au sein du Sénat, dont le siège se situe au Capitole, à Washington D.C. Les membres du Sénat représentent les 50 États américains. Chaque État est représenté par 2 membres au Sénat. Ainsi, en 2022, 100 membres siègent au Sénat américain.
 
Sénat aux États-Unis : à quoi sert-il ?
 
Le Sénat aux États-Unis a des pouvoirs importants, puisqu’il intervient pour de nombreux motifs dans la vie politique du pays. Le Sénat doit respecter les règles édictées dans l’article I de la Constitution. Son rôle principal se résume à voter les lois fédérales. Il n’agit pas seul, mais de concert avec la Chambre des représentants, qui représente le peuple. Siéger au Sénat est plus prestigieux que siéger à la Chambre. Cela s’explique notamment par la durée du mandat de ses membres qui est de 6 ans, mais aussi par les intentions des Pères fondateurs lors de sa création. Ces derniers considéraient le Sénat comme une instance dont la vocation était de se pencher sur les questions politiques à plus long terme. Les membres du Sénat votent des lois et ratifient des traités relatifs à la sécurité, la vie budgétaire, commerciale, économique, etc. du pays.
 
 
Sénat aux États-Unis : quel est son fonctionnement ?
 
Le Sénat compte 100 sénateurs qui représentent les 50 États américains. Chaque État est représenté par 2 sénateurs, quelle que soit sa taille. Les sénateurs sont élus au suffrage universel direct pour une durée de 6 ans. La présidence du Sénat revient au vice-président américain. Étant donné son titre, il n’a pas le droit de vote. Il est secondé par le président pro tempore, le sénateur le plus âgé et membre du parti majoritaire. Il peut décider de choisir un remplaçant pour présider une session du Sénat. L’âge minimum pour être sénateur est de 30 ans. Il faut résider dans l’État représenté et détenir la citoyenneté américaine depuis au moins 9 ans avant de prétendre à ce siège. »


 
 
États-Unis : quel est le rôle de la Chambre des représentants ?
 
 
« Aux États-Unis, les organes politiques qui exercent le pouvoir législatif sont le Sénat et la Chambre des représentants. Cet ensemble constitue le Congrès. Chaque instance a un rôle et un fonctionnement propres.
 
Le Congrès a été établi dans la Constitution, rédigée en partie par Benjamin Franklin, en 1787. Il voit le jour le 4 mars 1789. Les membres de la Chambre des représentants et du Sénat se réunissent alors à New York, capitale de transition du pays, avant Washington D.C. À ses débuts, la Chambre des représentants compte 59 membres et le Sénat, 20. Comme son nom l’indique, la Chambre des représentants se doit de représenter la volonté du peuple. En conséquence, c’est le peuple qui vote pour élire ses membres. Cette instance travaille toujours de concert avec le Sénat, qui représente les collectivités, et agit dans l’intérêt du peuple américain. Les règles de son fonctionnement sont actées dans la Constitution. Cette dernière lui confère autant de pouvoir qu’au Sénat. Ce partage égalitaire permet de garantir au pays d’être gouverné de manière impartiale.
 
Chambre des représentants aux États-Unis : à quoi sert-elle ?
 
Les 435 membres qui composent la Chambre des représentants aux États-Unis en 2022 représentent les citoyens des 50 États américains de manière proportionnelle. Dans la Constitution, le nombre des représentants ne peut pas dépasser 435. Pour pouvoir prétendre à un siège, le représentant doit avoir plus de 25 ans, résider dans l’État qu’il souhaite représenter, être citoyen américain depuis au minimum 7 ans. Le représentant est élu au suffrage universel direct. Une fois en place, la Chambre des représentants intervient pour les questions budgétaires, mais aussi pour la sécurité. Elle vote les lois fédérales, entre autres budgétaires, aux côtés du Sénat. C’est aussi cette instance qui peut invoquer la procédure d’impeachment à l’encontre du président en place. La plus haute autorité judiciaire est la Cour suprême.
 
Chambre des représentants aux États-Unis : quel est son fonctionnement ?
 
Les représentants de chaque État américain sont élus par le peuple. La Chambre est présidée par le speaker. Ce dernier est second dans l’ordre de succession à la présidence des États-Unis. Le speaker est élu par les représentants. Cette instance est composée de 18 commissions permanentes qui ont chacune un rôle spécifique pour le bon fonctionnement du pays. Elles permettent notamment à la Chambre des représentants aux États-Unis d’assumer ses différentes fonctions en matière de répartition des impôts et des taxes, d’organisation judiciaire fédérale, de commerce intérieur et extérieur. La durée du mandat des représentants est de 2 ans, il peut être renouvelé.»
 
 
On a beaucoup entendu parler de la Cour suprême des USA, il m’apparaît alors essentiel dans la démarche informative d’en expliquer les rouages.
 
 
 
Quel est le rôle de la Cour suprême des États-Unis ?
 
«La Cour suprême est la plus haute autorité judiciaire des États-Unis. Son rôle, ses membres, ses dossiers, on vous informe.
 
La Cour suprême tranche en dernier recours, après un jugement en appel, une décision validée soit par l’État fédéral, soit par l’un des 50 États des États-Unis. Elle fournit un ultime examen des textes de loi ou des décrets présidentiels en statuant sur leur conformité à la Constitution. De grands sujets emblématiques tels que la ségrégation, l’avortement ou encore le mariage homosexuel relèvent, de fait, davantage de son autorité que de celle des élus. La Cour suprême est composée de neuf sages nommés à vie par le président des États-Unis. Garants de la Constitution, ce sont eux qui décident de se saisir, ou non, des dossiers qui leur sont présentés. Sachant que leurs décisions font jurisprudence sur l’ensemble du territoire américain.
 
Les grands dossiers de la Cour suprême.
 
La Cour suprême traite une centaine d’affaires par an, pour l’essentiel en juin. Quelques-unes ont fait grand bruit sur le plan international. Par exemple, celle de juin 2018, se prononçant en faveur du décret présidentiel interdisant l’entrée du territoire aux ressortissants de 5 pays majoritairement musulmans. Ou encore celle de juin 2016, se prononçant cette fois à l’encontre d’une loi, en vigueur au Texas, entravant l’accès des femmes à l’interruption volontaire de grossesse. Quelques décisions de la Cour suprême ont transformé le visage des États-Unis. Il y a environ 150 ans, les neuf sages ont ainsi annulé une loi de l’État de Virginie qui interdisait les mariages entre Blancs et « gens de couleur ». Cette décision, motivée par le principe d’égalité des citoyens (14e amendement), a valu pour une douzaine d’États qui continuaient à interdire les mariages mixtes.
 
Les tendances de la Cour suprême.
 
Les thèmes sur lesquels les neuf juges peuvent être amenés à se prononcer sont quasi sans limites. Cela peut aller du droit des minorités à la liberté d’expression en passant par le financement de la vie politique. On se souvient ainsi du débat des sages sur la réforme de la santé présentée par le président Obama : en majorité républicaine, la Cour avait relevé une atteinte aux libertés individuelles dans la mesure où le texte imposait aux Américains de s’assurer. Chaque nomination des juges peut faire basculer la balance du côté soit des républicains, soit des démocrates. L’orientation politique des juges ne saurait néanmoins à elle seule anticiper l’issue des débats. La personnalité, l’expérience des sages jouent un rôle considérable. Le thème du réchauffement climatique, par exemple, a tendance à diviser les conservateurs.»
 
 

Voici donc, résumé bien sûr, le fonctionnement de la démocratie américaine qui aura l’occasion, dans une douzaine de jours, de se manifester. Il aurait certainement été intéressant - voire essentiel - de présenter les plus importants articles de la Constitution américaine qui sont soulevés depuis quelques mois afin de démontrer que ceci est légal ou pas, ou de s'en servir afin de nier des accusations en s’appuyant sur celle-ci, mais cela n’était pas le but que LE CRAPAUD s’était fixé en entreprenant ces billets de politique à saveur batracienne.
 
Alors que mon attention se dirigeait vers les élections américaines, eh bien plusieurs événements assez intéressants merci ! se déroulent actuellement autant à Québec qu’à Ottawa, sans négliger la métropole québécoise. Nous aurons la chance d’y revenir bientôt.




mardi 22 octobre 2024

Projet entre nostalgie et fantaisie... (8)

 




vive allure


À vive allure 
un bolide se dirige vers le mur

bolide vert qui s’emmure
à une vitesse incandescente

À vive allure 

leur souffrance cherche blessure
les derniers mots sur la langue
comme des violences éclatées
dilacèrent leurs tympans

À vive allure 

leur bolide se noie aux cendres du sang
recouvrant de bruits les murs souillés
hargneux, huit hommes hirsutes hurlaient
on accrocha un numéro muet
pour étiqueter leur cadavre

à pleine vitesse
au non vu/au non su
de tous/de toutes
agenouillés au pied du mur vert

à vive allure
on referma le bolide
puis

on nettoya le tout

proprement
à vive allure


2 mars 2009 - Saut 266




------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------





matin retors


dans un bruit matinal 
se referma la porte
ronronna la voiture taxi
 
la pluie appelle le verglas
trois chats se font face au bout de la ruelle
 
sous la voiture taxi 
la fumée en nuages,
s’éfaufila
s’effrangea
s’effilocha
erra comme un fantôme
 
un souvenir démarre, emmêlé à la pluie,
laissant quelques traces dans la gadoue
la ruelle aura repris ses couleurs de l’aube
alors que la voiture taxi, ayant cligné de l’œil,
oubliera ce pâle ruban que le matin dénoue
quelque chose de présent dans l’absence
 
la nocturne noirceur se brisa
à l’heure où glissait la voiture taxi
sur des parapets abstraits
que le temps a plantés autour de la ville
elle s’installera dans la ruelle
y prendra toute la place
 
l’espace est mince
entre césure et coupure
on vit dans des déchirures de fumée



quelque chose d’absent dans la présence
 
8 avril 2009  - Saut 274







samedi 19 octobre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne... (Billet 14)

 




À deux semaines du 5 novembre alors que les électeurs des USA - ceux qui se sont inscrits - iront aux urnes, il est intéressant de s’interroger sur la situation en tenant compte des résultats que nous présentent les sondages commandés autant par les deux partis politiques que les médias. Les chroniqueurs spécialisés en politique américaine s’entendent pour dire que la lutte est chaude et les résultats difficiles à prédire.

Mes références seront Qc125.com et 270towin.com puisqu’il est humainement impossible de parcourir tout ce qui se publie sur le sujet. En date du 17 octobre, Kamala Harris bénéficierait de 270 grands électeurs dans une fourchette de 223 à 342 alors que le candidat républicain, pour sa part, recevrait 268 votes dans une fourchette allant de 196 à 315. Ce qu’on remarque au premier coup d’oeil c’est que les deux candidats possèdent une fourchette contenant suffisamment de votes des grands électeurs pour être proclamés «élus».

Je ne vous apprends rien en insistant sur le fait que les États clés, certains les nomment États pivots sont ceux que l’on doit manifestement surveiller pour avoir une meilleure idée de la finale.

 

Au 17 octobre 2024:

La PENNSYLVANIE

(19 grands électeurs) irait aux Démocrates : 49% contre 48%.

Le MICHIGAN

(15 grands électeurs) irait aux Démocrates :49% contre 48%.

Le WISCONSIN

(10 grands électeurs) irait aux Démocrates : 49% contre 48%.

La CAROLINE DU NORD

(16 grands électeurs) serait à égalité.

Le NEVADA

(6 grands électeurs) serait à égalité.

La GEORGIE

(16 grands électeurs) irait aux Républicains : 49% contre 48%.

L’ARIZONA

(11 grands électeurs) irait aux Républicains : 49% contre 48%.


                                       


Si l’on regarde au total, c’est-à-dire les intentions de vote (17 octobre 2024) à la largeur du pays, les sondages vont à peu près tous dans la même direction :

DÉMOCRATES 
le taux le plus élevé = 49,7%
le taux le plus bas = 48,4%
 
RÉPUBLICAINS
le taux le plus élevé = 47,9%
le taux le plus bas = 46,3%

 

Comme le nombre de votes d’un candidat, au final, ne départage pas les deux candidats, l'important est de gagner un État qui verse automatiquement tous les grands électeurs chez le candidat du parti qui l’emporte, le fait que les DÉMOCRATES soient en avance signifie peu de chose.

Les États pivots («Swing states) au nombre de 7 pour l’élection 2024 le sont parce que les résultats sont traditionnellement serrés et qu’ils peuvent basculer d’un camp à l’autre. Dit autrement, la majorité des États sont prévisibles alors que les «swing states» ne le sont pas, voilà la raison pour laquelle les deux candidats s’y dirigent très souvent.

D’ici la date du scrutin, un billet sera consacré à l'élection au Sénat américain dont 34 sièges sur 100 seront en jeu dont une majorité démocrate, ainsi qu'à la chambre basse du Congrès américain où siège 435 représentants sont à renouveler.

Au prochain billet !







mercredi 16 octobre 2024

Les silences emmurés

 



                                                          Les silences emmurés


Il y a du silence, des lambeaux de silence au bout de nos doigts

Du champ inondé d’empreintes un mur brouille les ombres

Ils l’ont contourné, un autre est apparu, aussi impénétrable
 
Y imprimèrent leurs doigts, balafres griffées aux miroirs tanifères
 
Entre barbelés et haine, des chiens macrophages grugent les silences
 
Brandis tels des oripeaux, leurs identifiants d’exilés sur papiers anonymes
 
Dans des cabas servant de couffins, leurs enfants nus d’avoir trop pleuré
 
Que des routes stériles pour eux, pour elles des couloirs de brimades
 
Et nous, vulgum pecus, et nos regards ignorants, et nos yeux plissés, laïcs
 
Enfouis sous nos angéliques certitudes avec dédain nous les dévisageons
 
Ils sont d’ailleurs, d’autres couleurs, d’autres odeurs, des êtres inhumains
 
Que font-ils ici, que font-ils à l’ombre de nos murs érigés contre eux
 
Ils nous terrorisent de leurs désarmes, sordides comme des colombes
 
Ils déjectent des souffrances atrophiées  sur leurs corps amoindris


 
 
                                  



Il y a du silence autour de nos silences complices
Et nos doigts figés pointent les murs
Alors qu’ils passent dans un mortifère silence





lundi 14 octobre 2024

Si Nathan avait su (9)

 

La naissance de Benjamin figea dans l’esprit de la communauté la mauvaise opinion développée depuis le retour de Daniel et son mariage avec Jésabelle. Ayant choisi de ne pas faire baptiser leur premier fils, cette famille devint définitivement infâme. La mère avait accouché à la maison accompagnée d’une sage-femme venue de la grande ville. L’enfant n’accompagnait jamais ses parents lorsque ceux-ci se présentaient au village - qui s’occupait de lui alors ? - dans les faits avant son entrée en classe de maternelle, personne ne l’avait vu, même aperçu. Son nom avait été communiqué à la secrétaire municipale afin qu’il soit inscrit au registre officiel des naissances. Vivant principalement la nuit, il dormait le jour, passait des heures à écouter de la musique que sa mère choisissait selon les aléas de la météo et des saisons. Il parla avant de marcher, s'enfuyait «dans la lune» refusant d’être ramené à la réalité, partageait avec sa mère une alimentation que son père jugeait inadéquate, mais n’ayant aucun ascendant sur son fils, il se soustryait de son éducation, exigeant toutefois que Benjamin aille à l’école coûte que coûte, même si Jésabelle s’évertuait à le convaincre qu'elle pouvait s’occuper de cela à la maison.
 
Dès l’âge de trois ans, le jeune garçon lisait ayant appris la lecture de manière peu conventionnelle. La maison achetée par le père de Daniel afin d’éloigner bru et belle-mère, située sur un lopin de terre en retrait du village, cette maison avait appartenu à une famille qui possédait une imposante bibliothèque demeurée intacte dans la pièce principale composée de la salle à manger et du salon. Les nouveaux acheteurs n’y tenaient pas vraiment, mais l’intervention énergique de Jésabelle lui permit de survivre. Plusieurs livres des « vieux pays », comme on disait à cette époque, s’y retrouvaient, ainsi que des ouvrages religieux, mais aussi des recueils de poèmes, la plupart québécois, que l’on nommait canadiens-français. S’amusant à déplacer, replacer, reprenant la même opération des centaines de fois, Benjamin, un jour, demanda à sa mère que signifiaient ces signes qui n’étaient pas des images. Elle prit le temps de lui lire des passages pigés dans ces bouquins, l’incita à reconnaître les lettres, puis les mots, enfin les phrases et chercher à en dégager du sens. Un jour, s’adressant à sa mère « Lis-moi Rina Lasnier et je te lirai Alain Grandbois.» Ce fut le début de son entrée dans l’imaginaire.
 
À cinq ans, il récitait par coeur LES ÎLES DE LA NUIT, lisant  ce recueil qu’il chérissait parmi tous les autres même s’il ne saisissait pas tout, lui pour qui la nuit était son royaume auquel il pouvait maintenant y ajouter des îles, des tunnels planétaires, des «au-delà des étoiles», des murs protecteurs de songes, lui permettant «que la nuit soit parfaite».
 
Sa mère préférait davantage la prose à la poésie. Elle lui déclamait principalement celle de Rina Lasnier, dont le texte «L’école ouverte» qu’elle chérissait, insistant pour la lui relire plusieurs fois: « Ici, l’école s’adapte à l’écolier, et l’écolier ne sent plus l’école comme une écorce morte qui ne laisse passer ni la création ni le Créateur. Ici, le semeur sème, l’épouvantail épouvante et le soleil oriente.  Celle-là qui le jour ouvre les fenêtres pour nommer les choses, et les intelligences pour élever les choses, tu la vois, le soir, remonter doucement sa lampe et préparer pour tous le levain de la sagesse.»
 
Cette poétesse particulièrement religieuse résonnait dans la vie de Jésabelle comme des échos lui rappelant de grands vides, ceux que sa vie antérieure, celle passée dans la grande ville, des vides qu’elle avait sciemment creusés afin d'y laisser choir les diktats familiaux. Au moment où elle décida de s’affranchir du joug parental qui ne cessait de lui casser les oreilles des mêmes rengaines sempiternellement répétées:  « les filles ne font pas ça », « qu’est-ce qu’on va penser de toi ? », « t’as pas honte d’agir ainsi ? » et on en oublie, une vie nouvelle, hippie celle-là, s’ouvrit devant elle. Les parents la renièrent.
 
Lorsqu’elle rencontre Daniel, celui-ci traverse une période sombre. Jésabelle sera son épiphanie. Le jeune homme fraîchement sorti de la campagne, encore et malgré lui imbu de principes sur lesquels de moins en moins il s’appuyait, découvre un autre monde. Du tabac il passe au haschich, de la bière Molson au cocoroco et à l’absinthe, du travail quotidien au farniente, entrant dans le monde exalté des plaisirs sexuels. Il pouvait, lui et son groupe contre-culturel, décamper sans savoir où aller, revenir pour devoir trouver un nouvel abri servant parfois de repaire.
 
Jésabelle s’intéressa à lui en raison de son esprit qu’elle qualifiait de rebelle, certaine qu’un jour ou l’autre, tout comme elle, il rentrera dans le rang conventionnel entretenant au fond de lui-même ce désir effréné de tout revoir de manière différente, tout remettre en doute et l’appliquer quotidiennement pour le reste de ses jours. Le profond sentiment de culpabilité qui l’habitait à ce moment-là se trouva malmené par une femme qui venait de choisir sa voie, celle de la liberté inconditionnelle.
 
Lorsqu’ils formèrent un couple, que les autres membres du groupe leur reprochaient de s’isoler, de ne plus participer activement aux divers échanges autant verbaux que sexuels, ils sentirent le moment venu de quitter le clan ainsi que la grande ville. Daniel revint dans son village, Jésabelle à son bras. Une Jésabelle qui se reconnût dans cet environnement plus calme, à proximité de la terre et de la nature, ne s’attendant pas à la révulsion d’une population aux antipodes de ce genre d’authenticité. Elle choisit de ne se mêler à personne, d’intérioriser les valeurs cultivées durant son expérience qualifiée de beatnik par ses proches et les campagnards.
 
La naissance de Benjamin bouscula les habitudes de cette famille atypique. Le fait que les grands-parents de l’enfant soient pris en étau entre leur aversion pour sa mère et le besoin de s’approcher du premier fils obligea Daniel à redéfinir sa perception de la «famille». Il se décida promptement, coupa drastiquement les liens avec son père et sa mère, au risque d'ostraciser davantage son ménage et d'amplifier les médisances et les calomnies principalement dirigées à l’encontre de l’étrangère venue de la grande ville.
 
Jésabelle n'en tenait pas compte, ne commentait jamais ces ragots, se consacrant entièrement à son fils dont elle souhaitait qu’il fût conscient de qui il pouvait être, cultivant ses capacités intellectuelles et semant dans son  appétit un insatiable goût de liberté et d'autonomie. 

L’été, elle modifiait son propre horaire et vivait la nuit pour se rapprocher de lui alors que le père, fort occupé, passait la majorité de son temps dans ses champs céréaliers.
 
Un jour de juillet, il pleuvait à boire debout, un fonctionnaire responsable de la sécurité des enfants se présenta à cette maison au bout du rang le plus éloigné du village.




Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...