samedi 16 juillet 2016

QUATRE (4) CENT-QUATRE-VINGT-ONZE (91)

      Je sais que les lecteurs du CRAPAUD aiment bien recevoir, à l'occasion, quelques extraits de mes lectures.
Il arrive parfois que j'associe deux auteurs qui s'interrogent sur un même thème.
Comme il y a déjà un bon moment que je ne suis pas adonné à cet exercice, j'y viens aujourd'hui, vous proposant quelques phrases qui ont attiré mon attention chez:
1) Wajdi MOUAWAD
2) Françoise HENRY
3) Pearl BUCK
4) Bruno TESSARECH
5) Herman MELVILLE.


Wajdi Mouawad à partir de ANIMA:


- Le monde est immobile tant que les humains se tiennent debout. 

- Toutes les situations sont puissantes. Il faut les regarder sous la lumière crue. C’est seulement comme ça que tu donnes sa puissance à la situation.

- Le monde est vaste, mais les humains s’entêtent à aller là où leur âme se déchire. 

-  Les humains sont sous le joug d’une malédiction qui les exile sans cesse de leur bonheur

-  J’ai grandi à l’ombre des abattoirs de la Villette, en région parisienne, à l’ombre de la guerre d’Algérie et de la mort de mes deux frères pendant la boucherie d’Oran. J’ai grandi à l’ombre des hiérarchies sociales et à l’ombre de l’humiliation d’avoir comme père un homme brutal, raciste et vulgaire, un connard qui était une force de la nature, collabo et fils de collabo. Je dégueule l’Arabe, je saigne le Juif, j’encule les femmes et j’essuie ce qui traîne avec la peau du nègre. C’était sa prière, sa phrase fétiche, son mantra, son credo. Je ne sais pas si tu peux te figurer ce que pouvaient être en 1967 les dimanches pluvieux à la Villette, dans l’odeur des bêtes que l’on conduit à la mort, où il n’y a que l’ennui et la grisaille des rêves. Pas d’amour possible, qu’une vie rude et l’alcool et la bêtise des chemins asservis tracé d’avance.

-  J’ai rencontré un homme plus âgé que moi. Lou Dobkins. Il avait fondé The Pagans, un club de motards le long de la côte Est, et il avait besoin de gros bras dans mon genre pour les sales besognes, il avait besoin de casser pas mal de jambes et j’avais besoin de me défouler. Je l’ai suivi les yeux fermés. Le jour où je suis devenu un Pagan Full-Patch, qu’on m’a remis mes insignes, ça a été le plus beau jour de ma vie. Notre emblème était le dieu Zutar, génie du feu dévastateur qui embrase tout ce qui vit. Que ça! On allait en bande sur des Triumph Trident, on foutait le bordel, on faisait peur, on cassait, on tabassait, puis on repartait très fiers de nous.  (…) On n’avait tellement rien à foutre d’avoir mal, c’en était monstrueux.  C’était le bonheur! Nous avions tellement besoin d’appartenir à un groupe, une fratrie, de trouver un sens. La vérité, c’est que nous étions en train de mettre les pieds dans le pire du pire du crime organisé à l’américaine.

- Il y a des êtres qui nous touchent plus que d’autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque.






Françoise Henry, elles sont tirées de JUSTE AVANT L'HIVER:


- Quand il s’agit d’amour, et de gaieté, ou de gaieté d’amour pourrait-on dire, on trouve  toujours des associés pour nous aider à détruire, du moins à abîmer ce qui nous semble à nous, les assoiffés d’amour.

- Car c’est un phénomène étrange : quelques heures, parfois quelques secondes dans notre vie pèsent d’un poids jamais égalé. Le temps n’est pas tout à fait juste.

- Vous savez bien que c’est d’abord dans les limbes de la phrase, quand elle n’est pas formulée ni même formée, que le mot à venir scintille le plus.





Pearl BUCK, elles proviennent du magnifique VENT D'EST, VENT D'OUEST:


- Je suis comme un pont fragile, reliant à travers l’infini le passé et le présent. 

- Quelle chose terrible que l’amour, s’il ne peut couler d’un cœur à l’autre, librement, dans toute sa fraîcheur!





LES GRANDES PERSONNES, de Bruno Tessarech:


- La honte de soi est un sentiment difficile à communiquer aux autres.

- Toujours laisser au vaincu une petite liberté de manœuvre, un espace réduit où il croira survivre.

- Les années passent et nous prétendons rester les mêmes.

- On croit connaître les choses à fond alors qu’en vérité on ne sort pas d’un circuit microscopique, toujours le même. 




Achevons avec  Herman Melville , MOBY DICK:

- Heureux l’homme dont le sommeil n’est troublé par rien et coule comme un ruisseau paisible!



 À la prochaine




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