samedi 29 novembre 2008

SAUT: 246

Jean Charest

Pauline Marois

Le 8 décembre 2008 ou pour être plus mathématique le 08/12/2008... risque de passer à l'histoire canadienne. En effet, alors que les Québécois/es iront aux urnes, que par la suite ils retourneront chez eux, que les scrutateurs s'affaireront à dépouiller les boîtes de leurs bulletins de vote, à ce moment-là, à moins que le premier ministre Harper ne sorte un autre lapin de son chapeau, à ce moment-là son gouvernement tombera. À même pas deux mois de son entrée en fonction.

Et ça serait, si les tractations ne s'embourbent pas dans le français tout à fait personnel de Ed Broadbent, ancien chef du NPD (Nouveau Parti Démocratique) et l'anglais tellement personnel de Jean Chrétien, ancien chef du Parti Libéral du Canada et Premier Ministre du même pays, et qu'il en résulte un échec de leurs négociations, ça serait une première de mémoire de crapaud: un gouvernement de coalition! On se croirait en Europe.

Quelle journée ça serait! À vivre dans toute sa splendeur. Pour être pratique, pragmatique comme on le dit en politique, le résultat du vote à la Chambre des Communes d'Ottawa nous parvenant avant la fin de la soirée électorale québécoise, on pourrait donc se retrouver durant quelques heures avec pas de gouvernement canadien et pas de gouvernement québécois...

Il faut le faire... Chers nous autres, comme nous faisons bien les choses lorsque l'on s'intéresse correctement à la vie politique. Je nous félicite en votre nom.

Est-ce que le monde s'arrêtera de tourner, de vivre, de plonger plus creux encore dans cette gigantesque crise économique qui se répand sur la planète entière et semble toucher les petits et les grands états alors que le Canada et le Québec seront durant quelques heures sans gouvernement?

Est-ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunira d'urgence afin de statuer sur notre situation plutôt unique?

Est-ce que la Gouverneure Générale du Canada, la tant si trop superbement belle Mikaëlle Jean, deviendra la «cheffe» incontestée du pays et aura l'idée de penser au Québec en lui nommant un représentant de haut niveau alors que suspendus aux lèvres de Bernard Derome nous attendrons patiemment les résultats nous demandant tous, l'un après l'autre dans un même élan de voix: c'est qui qui mène là, tout de suite, à ce moment même?


Mikaëlle Jean

À cette question fort pertinente, bien malin celui qui saurait y répondre de manière constitutionnelle. Nous serons, plus, nous vivrons enfin et pour une fois dans notre vie un instant anticonstitutionnellement réel. Personne pouvait croire qu'un jour dans sa vie, ce mot (encore le plus long cité dans le Larousse) allait être utilisé ailleurs que dans les concours d'épellation. Personne. Eh! bien (c'est une faute, je le sais mais j'aime mieux ainsi...) nous y sommes.

Sans gouvernement, ça le crapaud l'a dit. Et durant ces heures fébriles, nous voterons, noux exercerons notre droit de vote et il faut avouer que depuis quelques mois, l'exercice devient presqu'une habitude! Et qu'est-ce que cela donnera? Voici ce que vous attendiez... Prédictions et résultats. La situation l'exige, ils seront brefs, concis et, je l'espère, combien réconfortants.

Vous connaissez le dicton suivant: Après la pluie, le beau temps. Le crapaud et sa fille Odile ont pu en vérifier l'exactitude en septembre dernier, à Cuba. Après l'ouragan Ike ce fut du temps merveilleusement beau et les Cubains nous disaient: Après l'orage, le beau temps. Ça s'est avéré tout à fait exact. Donc, il a de fortes chances que ce que je vais vous prédire, à partir de cette implacable amorce, le soit aussi.

Je vous ai demandé, deux fois plutôt qu'une, de voter afin que le résultat nous amène à un gouvernement minoritaire. Deux fois plutôt qu'une vous l'avez fait. Cela donne cette merveilleuse situation historique dans laquelle nous nous retrouvons maintenant. C'est évident que dans deux cents ans, lorsque les petits terriens iront étudier sur Mars l'histoire du Canada, ils ne verront pas votre nom inscrit dans leur livre dont je n'ose même pas imaginer quelle forme il prendra, votre nom ne sera pas inscrit comme ayant été un acteur de premier ordre dans ces moments uniques, non, mais vous en aurez fait partie. Tout comme ceux qui ont assisté à l'Orange Bowl du football semi-professionnel américain de 1961 ont fait partie de l'histoire du football. Ils y étaient comme vous y êtes. C'est là l'essentiel.

Alors, elles viennent ces prédictions? Oui, elles viennent et ne vous surprendront pas. Pas du tout même:
1) Le Québec élira un GOUVERNEMENT MAJORITAIRE;
2) Le GOUVERNEMENT MAJORITAIRE sera sous la responsabilité du Parti Libéral;
3) L'opposition officielle sera confiée au PARTI QUÉBÉCOIS;
4) Il n'y aura pas de deuxième opposition et le parti de MARIO DUMONT disparaîtra de la carte politique québécoise;
5) Aucun autre parti politique n'enverra de député à l'Assemblée nationale du Québec.

Voilà. Mais il y aura, dans cette élection dont le but ultime était de nous débarrasser de l'impasse d'un gouvernement minoritaire - l'économie d'abord, oui... ce n'était qu'un prétexte - au moins deux coups fumants.

Le premier étant que le crapaud ne votera pas pour le Parti Vert. Non. Dans mon comté (Hochelaga-Maisonneuve) le candidat du parti Québec Solidaire est le Dr Serge Mongeau. Impossible pour le crapaud de ne pas voter pour lui.

Le deuxième coup fumant, il est de taille: le crapaud prédit que Mario Dumont sera battu dans son comté de Rivière-du-Loup.

Le crapaud vous laisse méditer sur ces propos et vous invite à voter le 8 décembre mais surtout à vivre entièrement, complètement, historiquement cette journée comme si jamais une autre de cette ampleur ne pouvait survenir.

Au prochain saut


PS Je sais que si Harper tombe, on risque de se retrouver avec Dion. Il faut le faire... un chef démissionnaire, battu à la grandeur du Canada, que ses propres députés abhorent deviendrait premier ministre... Je nous trouve merveilleux d'avoir permis une si subtile situation ( vive les «s»)!

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...