dimanche 7 avril 2019

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En toute logique, la réponse est reliée à une question provenant d’un problème, encore faille-t-il bien le définir pour que la logique fonctionne.

Le projet de loi 21 que l’Assemblée nationale du Québec est appelée à débattre puis à adopter porte le titre suivant: LOI SUR LA LAÏCITÉ DE L’ÉTAT.

- Ce projet de loi vise à affirmer la laïcité de lÉtat et à préciser les exigences qui en découlent. À cette fin, le projet de loi indique que la laïcité de l’État repose sur quatre principes, soit la séparation de l’État et des religions, la neutralité religieuse de l’État, l’égalité de tous les citoyens et citoyennes ainsi que la liberté de conscience et la liberté de religion.

Sans entrer dans toutes ses technicalités, comprenons que pour atteindre les objectifs qu’il vise, l’interdiction de signes religieux sera imposée à certaines catégories d’employés de l’État québécois notamment aux enseignant(e)s des écoles primaires et secondaires, leurs directeurs/trices, ainsi qu’à toute personne en autorité, cela dans l’exercice de leurs fonctions. Il imposera aussi l’obligation de recevoir et de donner des services d’ordre public à visage découvert. Finalement, s’il est adopté - ce qui ne semble faire aucun doute - la désormais Loi 21 amendera les chartes des droits et libertés canadienne et québécoise afin qu’elles puissent être en concordance avec elle.

Voici donc déposée la réponse à la question issue, selon ses auteurs, du problème suivant: l’État doit-il être laïc et cela dans toutes les spères de ses activités ?

Jettons sur papier la nuance entre deux termes qui peuvent, par raccourci, être perçues comme synonymes.
. La laïcité, caractère de ce qui est laïc, indépendant des conceptions religieuses ou partisanes; en droit, la laïcité est une conception, une organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de tout pouvoir politique ou administratif.

. La neutralité, situation d’un État qui se tient à l’écart d’un conflit international; état de quelqu’un ou d’un groupe qui ne se prononce pour aucun parti, caractère de leurs oeuvres, de leur attitude.

Le Québec, une fois adopté le projet de loi 21, deviendra officiellement laïc tout comme il est devenu unilingue français par l’adoption de la loi 101 au mois d’août 1977. C’est le choix que propose le gouvernement légitimement élu. Il faut, je crois, quelques informations supplémentaires afin de comprendre ce qui, pour plusieurs, semble être l’évidence voire un état de fait depuis la Révolution tranquille des années ‘60 soit la laïcité de l'État québécois.

Le monde a changé depuis 50 ans, le Québec aussi. Inutile de le démontrer. De tutélaire, en grandissant il devient de plus en plus autonome. Ce qu’il conserve dans ses gênes comme étant une valeur première, sans trop erré, est sa capacité d’accueil, autant aux personnes qu’aux idées. Le Québécois n’achète pas tout, mais il magasine. Certains diront que sa propension à ne pas décider de son destin provient de son histoire comme peuple colonisé par le conquérant anglais, de son pragmatisme l’invitant à ne pas déposer tous ses oeufs dans le même panier et d’être absolument convaincu que ses choix doivent reposer sur la réalité d’un passé estropié par des attaques soutenues afin de le voir disparaître ou assimiler et d’un avenir à la hauteur de ses nobles aspirations. Le Québécois est un libéral conservateur. La théorie des petits pas cadencés au rythme du temps lui sied à merveille.

Des deux périls qui ont servi de base à mon analyse (l’islamisme fondamentaliste et les changements climatiques), est-ce que le premier peut être perçu comme étant la raison d’être du projet de loi 21 ? Je le crois. On n’a qu’à remonter jusqu’à Hérouxville, passer par Bouchard-Taylor et s’arrêter sur les agressions contre quelques musulman(e)s sur la rue, dans la vie publique et l’horreur de la fusillade contre la Grande Mosquée de Québec pour y voir l'essence de son existence. On note une progression alarmante de gestes islamophobes, même si le terme répugne à plusieurs.

Des tentatives pour résoudre ce qui semblait être une escalade entre deux types de citoyens - qu’elles proviennent du PQ et sa charte des valeurs ou encore l’espèce de piétinement du Parti libéral du Québec sur cette question - auront eu pour effet de radicaliser le débat. Soulignons que du côté du gouvernement fédéral, toujours le même discours multiculturaliste, donc, rien à attendre là.

Le citoyen québécois veut que cette discussion cesse, qu’on y mette un point final et que nous passions à autre chose. Il y a quasi unanimité autour de la solution que propose le gouvernement même si l’étendue de ses interdictions chatoillent des consciences.

Examinons la cible. 

Les points cardinaux sont immobiles; croire qu’en pivotant sur nous-mêmes ils se déplacent n’a aucun sens. Alors, il m’apparaît illogique de ne pas penser que ce qui est visé est bel et bien le port de signes religieux de tout acabit dans l’espace public. Et cette visée, je l’adopte d’emblée. Tout ce qui est du domaine religieux doit se restreindre et se pratiquer dans son espace propre. Les prêtres catholiques revêtent les ornements sacerdotaux à l’occasion de célébrations qui se tiennent dans des lieux de culte, et c’est bien ainsi, je n’ai pas à m’insurger contre une telle chose. Il doit en être de même pour tout autre communauté religieuse.

Les personnes en autorité, celles qui ont un pouvoir légal d’intervenir sur les limites de notre liberté individuelle lorsqu’elle déroge aux libertés collectives, ces personnes doivent aussi le faire sans prosélytisme et sans aucun attribut - comme la toge portée par les juges et les avocats. Ne nous cachons pas le visage en protestant que voici un costume les distinguant des autres, comme c’est aussi le cas pour les policiers, les gardiens de prison, etc. Cela peut nous amener tellement loin et dans des quiproquos hallucinants.

Je suis donc tout à fait opposé au voile porté par les femmes musulmanes en-dehors des lieux de culte. Je ne reviendrai plus là-dessus. Cela suppose, m’appuyant sur le même argument, que je m'oppose à tout signe extérieur porté par des individus, identifiant des groupes sectaires. Oui, mais cela fait-il de moi un intransigeant, un opposé aux droits et libertés individuelles ? J’assume entièrement le fait que les libertés collectives m’apparaissent immensément plus importantes que les premières. Une société cohérente est davantage que la somme de ses parties individuelles. De toute manière, il sera éternellement impossible, dans quelque société que ce soit, de répondre affirmativement aux exigences personnelles de chacun et la justice m’apparaît être le meilleur rempart afin de bloquer les initiatives allant dans le sens d’une destruction des consensus collectifs.

Le fondamental de ce projet de loi, avec ces imperfections qui, je le souhaite, seront corrigées lors des discussions à l’Assemblée nationale du Québec, m’apparaît acceptable. La question qui surgit à l’esprit me semble être la suivante: à quoi ressemblera le Québec suite à son adoption ?

Le même, fondamentalement. Ses valeurs primeront. Le Québec a été, est et sera une terre d’accueil privilégiée pour tout humain désireux de vivre en harmonie avec tout autre humain de quelque croyance qu’il soit et qui en acceptera ses lois, la plus importante demeurant pour moi celle d’y vivre en français. Cette règle prime partout dans le monde; être d'accord ou pas ne change rien à sa réalité.

J’achèverai cette série de billets qui m’auront permis de clairifer ma position sur la laïcité, terme auquel je préfère celui de "neutralité" car il s’éloigne de l’opposition entre religion et non religion, par une question difficile exigeant des recherches approfondies: y a-t-il ou n’y a-t-il pas menace de la part des islamistes fondamentalites ?

Elle relève de la géo-politique, domaine qui n’est pas ma tasse de thé. Ce que je puis dire, toutefois, c’est que depuis 2001, aucun canal diplomatique entre le monde occidental et le monde oriental associé à l’islamisme intégriste n’existe. J’y vois là un danger certain. De plus, la situation qui prévaut et fait du sur place au Moyen-Orient, ne présage rien de bon.

Les moyens utilisés par les islamistes intégristes ne ressemblent en rien, en terme militaire, à ceux des Occidentaux ou encore aux principes de guérilla développés dans certains pays asiatiques ou d’Amérique latine. Une poignée de kamikazes anonymes ont réussi à réduire en cendres deux buildings fortement symboliques du capitalisme et cela directement sur leur terrain, New York.

Il n’y a qu’un seul et unique intérêt du côté islamiste extrêmiste: la destruction des mécréants que représentent les Occidentaux, et c’est proclamé. Toutes les astuces basées sur la terreur sont et continueront d’être utilisées. Sans nommer ceci un complot, certains voient dans l’immigration massive de musulmans de toute obédience une stratégie d’infiltration sur le territoire ennemi. Des nuances importantes doivent être apportées, mais on peut tout de même songer à vérifier cette hypothèse. Si l’on souhaite frapper son ennemi, encore faut-il se trouver face à lui.

Le symbolisme, qu’il soit illustré par le port de signes religieux ou tout autre attribut, revient à la mode chez diverses couches de nos sociétés. On n’a qu’à penser combien un simple tissu soulève des antipathies pour s’en convaincre. Je ne pense pas que l’on doive interpréter toute forme de symbolisme comme mauvaise en soi, ce qui ne nous empêche pas d’y lire le message - parfois subliminal - qu’il induit.


Voilà terminée ma réflexion quant au premier péril, le second étant suffisamment documenté qu’il m’apparaît superflu d’y ajouter quoi que ce soit.

Merci d’avoir suivi ma démarche et je nous invite à demeurer conscients et vigilants face aux événements à venir.

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