20 ANS DE crapotinage…
(crapaud -- frog -- con cóc)
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En moyenne un crapaud peut vivre de 3 à 7 ans. LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON, lui, en est à sa vingtième année.
Le matin du 5 septembre 2005, je vivais à Montréal dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, revenant d’une escapade en Gaspésie, avec au cœur un souvenir immortel, celui d’avoir vécu une fin d’été en compagnie de Fleurette, ma Bergeron de mère, et Odile, ma fille, mon bijou d’avril.
On ne revient pas de la Gaspésie sans y avoir laissé une partie de soi-même et sans rapporter dans ses bagages, des images, des odeurs, des couleurs… impossibles de retrouver ailleurs. Que dire de tous ces souvenirs qui, encore maintenant, me reviennent lorsqu’un mot, une photo, un son de voix particulier installés quelque part dans cette partie du cerveau qui a pour besogne de les conserver et les raviver au bon moment !
Le matin du 5 septembre 2005, je vivais à Montréal dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, revenant d’une escapade en Gaspésie, avec au cœur un souvenir immortel, celui d’avoir vécu une fin d’été en compagnie de Fleurette, ma Bergeron de mère, et Odile, ma fille, mon bijou d’avril.
On ne revient pas de la Gaspésie sans y avoir laissé une partie de soi-même et sans rapporter dans ses bagages, des images, des odeurs, des couleurs… impossibles de retrouver ailleurs. Que dire de tous ces souvenirs qui, encore maintenant, me reviennent lorsqu’un mot, une photo, un son de voix particulier installés quelque part dans cette partie du cerveau qui a pour besogne de les conserver et les raviver au bon moment !
C’est vraiment à ce moment-là qu’un nouveau projet déjà inscrit dans le grand cahier ouvert devant moi contenant les agirs qui devaient être agis à l’occasion de ma nouvelle vie, celle de la retraite.
J’avais réalisé le premier, celui de m’installer à Montréal afin de marcher les rues et les ruelles de la grande ville. Lors d’un exercice d’écriture à l’école secondaire, je devais être en 10e/11e année, le professeur de français nous avait lancé ce sujet : « Quel est ton plus grand désir même s’il te semble impossible à réaliser ?» Mon texte, dont j’ai toujours souvenance, portait sur l’impossibilité mais l’ardent souhait de me retrouver au centre-ville des plus grandes villes du monde, à l’heure de pointe. Je nommais en tête de lice, Montréal, puis laissai mon imagination pérégriner vers Paris, Londres, New York et j’en passe.
C’est bien installé à Montréal, profitant des heures libres, gracieuseté de la retraite, qu’une évidence se présenta à moi : mon cycle de vie bouge à tous les 7 ans… un peu comme la fin de vie, moyenne, chez le crapaud. Aux 7 ans, des choix m'interpellent allant de l’immobilité catatonique à l’aventure débridée. Ce fut le cas pour Montréal.
L’autre projet, celui de consacrer plusieurs heures à la lecture et à l’écriture. Avant de lancer le blogue (LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON), je fouillais minutieusement à travers ma foule de cahiers de lecture remplis au cours des années antérieures et consacrais des heures à la recherche de poèmes que depuis longtemps je déposais ici et là avec pour objectif de les remanier un jour.
Alors, revenu de Gaspésie, vivant à Montréal, l’idée de lancer un blogue m’est venue d’elle-même, un 5 septembre 2005. Les détails techniques exigés par Blogger complétés, on demandait de lui conférer un titre. Zéro idée. Zéro idée jusqu’à ce que ce souvenir gaspésien me revienne en tête. À l’entrée du Parc Forillon, y marchant la nuit, un cri, peut-être un sifflement bitonal grave issu d’une mare que j’arrive à peine à localiser. Coassement de grenouille ? Pas exactement. Chant de wawaron ? Je dirais… quelque part entre les deux. Gigantesque. Un crapaud alors ? Un crapaud géant. Voici alors que cette paraphrase LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON devenait le nom dudit blogue.
J’avais réalisé le premier, celui de m’installer à Montréal afin de marcher les rues et les ruelles de la grande ville. Lors d’un exercice d’écriture à l’école secondaire, je devais être en 10e/11e année, le professeur de français nous avait lancé ce sujet : « Quel est ton plus grand désir même s’il te semble impossible à réaliser ?» Mon texte, dont j’ai toujours souvenance, portait sur l’impossibilité mais l’ardent souhait de me retrouver au centre-ville des plus grandes villes du monde, à l’heure de pointe. Je nommais en tête de lice, Montréal, puis laissai mon imagination pérégriner vers Paris, Londres, New York et j’en passe.
C’est bien installé à Montréal, profitant des heures libres, gracieuseté de la retraite, qu’une évidence se présenta à moi : mon cycle de vie bouge à tous les 7 ans… un peu comme la fin de vie, moyenne, chez le crapaud. Aux 7 ans, des choix m'interpellent allant de l’immobilité catatonique à l’aventure débridée. Ce fut le cas pour Montréal.
L’autre projet, celui de consacrer plusieurs heures à la lecture et à l’écriture. Avant de lancer le blogue (LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON), je fouillais minutieusement à travers ma foule de cahiers de lecture remplis au cours des années antérieures et consacrais des heures à la recherche de poèmes que depuis longtemps je déposais ici et là avec pour objectif de les remanier un jour.
Alors, revenu de Gaspésie, vivant à Montréal, l’idée de lancer un blogue m’est venue d’elle-même, un 5 septembre 2005. Les détails techniques exigés par Blogger complétés, on demandait de lui conférer un titre. Zéro idée. Zéro idée jusqu’à ce que ce souvenir gaspésien me revienne en tête. À l’entrée du Parc Forillon, y marchant la nuit, un cri, peut-être un sifflement bitonal grave issu d’une mare que j’arrive à peine à localiser. Coassement de grenouille ? Pas exactement. Chant de wawaron ? Je dirais… quelque part entre les deux. Gigantesque. Un crapaud alors ? Un crapaud géant. Voici alors que cette paraphrase LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON devenait le nom dudit blogue.
C’est le 5 septembre 2005 qu'il prenait forme, qu'il naissait. Je puis dire que le tétard de 2005, 20 ans plus tard, est véritablement devenu crapaud...
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Un vieux proverbe québécois dit ceci : On ne juge pas un crapaud à le voir sauter. Sans doute la raison pour laquelle mes premiers billets s’intitulèrent «saut de crapaud». Néophyte dans le domaine du blogue - j’ai opté pour cette orthographe et non «blog» qui m’apparaissait trop anglophone - je visitai ce que Blogger offrait aux amateurs de ce type de plate-forme pour finalement appliquer le proverbe tanzanien : « Assis ou debout, le crapaud est toujours le même.»
Je me suis lancé dans l’écriture d’une histoire toute gaspésienne dans laquelle je jouais le rôle d’un grand-père (de l’Anse-au-Griffon ou du Cap-Desrosiers, me semble-t-il) au centre de plusieurs intrigues. Avec le temps, je réalise que le goût de créer des personnages s’est emparé de moi à cette époque.
Les lecteurs n’étaient pas nombreux.
20 ans plus tard, c’est
Je me suis lancé dans l’écriture d’une histoire toute gaspésienne dans laquelle je jouais le rôle d’un grand-père (de l’Anse-au-Griffon ou du Cap-Desrosiers, me semble-t-il) au centre de plusieurs intrigues. Avec le temps, je réalise que le goût de créer des personnages s’est emparé de moi à cette époque.
Les lecteurs n’étaient pas nombreux.
20 ans plus tard, c’est
+ de 200 000 visites que le Crapaud a attirées avec ses 1200 billets qui ont voyagé par-delà 180 pays.
Je dois avouer que les statistiques m’intéressaient beaucoup moins que cette crainte qui encore maintenant nourrit mon angoisse, à savoir que Blogger disparaisse d’internet apportant avec lui tout ce que j’aurai écrit.
J’aurai écrit, publié et relaté sur LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON de petites histoires (celle du grand-père, entre autres), des citations extraites de mes cahiers de lecture, des poèmes, des contes, des événements familiaux, deux romans (pour la jeunesse) écrits en classe avec des élèves présentant des difficultés d'apprentissage, le roman DEP avant son édition vietnamienne, des chroniques de voyages, des opinions politiques ou sociales et j’en passe. Éclectique serait le moins qu’on puisse qualifier ce blogue.
Le proverbe chinois
J’aurai écrit, publié et relaté sur LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON de petites histoires (celle du grand-père, entre autres), des citations extraites de mes cahiers de lecture, des poèmes, des contes, des événements familiaux, deux romans (pour la jeunesse) écrits en classe avec des élèves présentant des difficultés d'apprentissage, le roman DEP avant son édition vietnamienne, des chroniques de voyages, des opinions politiques ou sociales et j’en passe. Éclectique serait le moins qu’on puisse qualifier ce blogue.
Le proverbe chinois
«La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe.»
auquel Sylvain Tesson répond
« Dans le marais, la chiure de la blanche colombe n’atteint pas le crapaud souverain.»
je les réunis afin d’en faire le principe que sous-tend ce blogue à savoir de n’être pas un lieu pour les débats ou la confrontation d’idées. Pour m'en assurer, je filtre les commentaires.
On arrive ici tout comme la nuit où devant une mare à l’entrée du Parc Forillon en Gaspésie, on entend comme un appel à écouter, dire et écrire.
Je termine ce billet vous invitant à cette magnifique lecture, celle du poème de Victor Hugo:
Je termine ce billet vous invitant à cette magnifique lecture, celle du poème de Victor Hugo:
Le crapaud
Que savons-nous ? qui donc connaît le fond des choses ?
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
C'était la fin d'un jour d'orage, et l'occident
Changeait l'ondée en flamme en son brasier ardent ;
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
C'était la fin d'un jour d'orage, et l'occident
Changeait l'ondée en flamme en son brasier ardent ;
Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie,
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
Grave, il songeait ; l'horreur contemplait la splendeur.
(Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ?
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
Grave, il songeait ; l'horreur contemplait la splendeur.
(Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ?
Hélas ! le bas-empire est couvert d'Augustules,
Les Césars de forfaits, les crapauds de pustules,
Comme le pré de fleurs et le ciel de soleils !)
Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ;
Les Césars de forfaits, les crapauds de pustules,
Comme le pré de fleurs et le ciel de soleils !)
Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ;
L'eau miroitait, mêlée à l'herbe, dans l'ornière ;
Le soir se déployait ainsi qu'une bannière ;
L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ;
Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli,
Le soir se déployait ainsi qu'une bannière ;
L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ;
Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli,
Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère,
Doux, regardait la grande auréole solaire ;
Peut-être le maudit se sentait-il béni,
Pas de bête qui n'ait un reflet d'infini ;
Pas de prunelle abjecte et vile que ne touche
L'éclair d'en haut, parfois tendre et parfois farouche ;
Pas de monstre chétif, louche, impur, chassieux,
Qui n'ait l'immensité des astres dans les yeux.
Un homme qui passait vit la hideuse bête,
Et frémissant lui mit son talon sur la tête
C'était un prêtre ayant un livre qu'il lisait ;
Puis une femme, avec une fleur au corset,
C'était un prêtre ayant un livre qu'il lisait ;
Puis une femme, avec une fleur au corset,
Vint et lui creva l'œil du bout de son ombrelle ;
Et le prêtre était vieux, et la femme était belle.
Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel.
– J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; –
Tout homme sur la terre, où l'âme erre asservie,
Peut commencer ainsi le récit de sa vie.
On a le jeu, l'ivresse et l'aube dans les yeux,
On a sa mère, on est des écoliers joyeux,
De petits hommes gais, respirant l'atmosphère
À pleins poumons, aimés, libres, contents ; que faire
Sinon de torturer quelque être malheureux ?
Le crapaud se traînait au fond du chemin creux.
C'était l'heure où des champs les profondeurs s'azurent ;
Fauve, il cherchait la nuit ; les enfants l'aperçurent
Et crièrent : « Tuons ce vilain animal,
Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! »
Fauve, il cherchait la nuit ; les enfants l'aperçurent
Et crièrent : « Tuons ce vilain animal,
Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! »
Et chacun d'eux, riant, – l'enfant rit quand il tue, –
Se mit à le piquer d'une branche pointue,
Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant
Les blessures, ravis, applaudis du passant ;
Se mit à le piquer d'une branche pointue,
Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant
Les blessures, ravis, applaudis du passant ;
Car les passants riaient ; et l'ombre sépulcrale
Couvrait ce noir martyr qui n'a pas même un râle,
Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait
Sur ce pauvre être ayant pour crime d'être laid ;
Il fuyait ; il avait une patte arrachée ;
Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ;
Et chaque coup faisait écumer ce proscrit
Qui, même quand le jour sur sa tête sourit,
Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ;
Et chaque coup faisait écumer ce proscrit
Qui, même quand le jour sur sa tête sourit,
Même sous le grand ciel, rampe au fond d'une cave ;
Et les enfants disaient : « Est-il méchant ! il bave ! »
Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt
Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait ;
On eût dit qu'il sortait de quelque affreuse serre ;
Oh ! la sombre action, empirer la misère !
Ajouter de l'horreur à la difformité !
Disloqué, de cailloux en cailloux cahoté,
Il respirait toujours ; sans abri, sans asile,
Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile,
Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ;
Les enfants le voulaient saisir dans un lacet,
Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile,
Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ;
Les enfants le voulaient saisir dans un lacet,
Mais il leur échappa, glissant le long des haies ;
L'ornière était béante, il y traîna ses plaies
Et s'y plongea, sanglant, brisé, le crâne ouvert,
Sentant quelque fraîcheur dans ce cloaque vert,
Lavant la cruauté de l'homme en cette boue ;
Et les enfants, avec le printemps sur la joue,
Blonds, charmants, ne s'étaient jamais tant divertis ;
Tous parlaient à la fois et les grands aux petits
Criaient : «Viens voir! dis donc, Adolphe, dis donc, Pierre,
Allons pour l'achever prendre une grosse pierre ! »
Tous ensemble, sur l'être au hasard exécré,
Ils fixaient leurs regards, et le désespéré
Ils fixaient leurs regards, et le désespéré
Regardait s'incliner sur lui ces fronts horribles.
– Hélas ! ayons des buts, mais n'ayons pas de cibles ;
Ayons la vie, et non la mort, dans notre main. –
Quand nous visons un point de l'horizon humain,
Tous les yeux poursuivaient le crapaud dans la vase ;
C'était de la fureur et c'était de l'extase ;
Un des enfants revint, apportant un pavé,
Pesant, mais pour le mal aisément soulevé,
Et dit : « Nous allons voir comment cela va faire. »
Or, en ce même instant, juste à ce point de terre,
Le hasard amenait un chariot très lourd
Traîné par un vieux âne éclopé, maigre et sourd ;
Cet âne harassé, boiteux et lamentable,
Après un jour de marche approchait de l'étable ;
Il roulait la charrette et portait un panier ;
Chaque pas qu'il faisait semblait l'avant-dernier ;
Cette bête marchait, battue, exténuée ;
Les coups l'enveloppaient ainsi qu'une nuée ;
Les coups l'enveloppaient ainsi qu'une nuée ;
Il avait dans ses yeux voilés d'une vapeur
Cette stupidité qui peut-être est stupeur ;
Et l'ornière était creuse, et si pleine de boue
Et d'un versant si dur que chaque tour de roue
Était comme un lugubre et rauque arrachement ;
Et l'âne allait geignant et l'ânier blasphémant ;
La route descendait et poussait la bourrique ;
L'âne songeait, passif, sous le fouet, sous la trique,
Dans une profondeur où l'homme ne va pas.
Les enfants entendant cette roue et ce pas,L'âne songeait, passif, sous le fouet, sous la trique,
Dans une profondeur où l'homme ne va pas.
Se tournèrent bruyants et virent la charrette :
« Ne mets pas le pavé sur le crapaud. Arrête ! »
Crièrent-ils. « Vois-tu, la voiture descend
Et va passer dessus, c'est bien plus amusant. »
Tous regardaient. Soudain, avançant dans l'ornière
Où le monstre attendait sa torture dernière,
L'âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché
Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché,
Où le monstre attendait sa torture dernière,
L'âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché
Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché,
Il sembla le flairer avec sa tête basse ;
Ce forçat, ce damné, ce patient, fit grâce
Il rassembla sa force éteinte, et, roidissant
Sa chaîne et son licou sur ses muscles en sang,
Résistant à l'ânier qui lui criait : Avance !
Maîtrisant du fardeau l'affreuse connivence,
Avec sa lassitude acceptant le combat,
Tirant le chariot et soulevant le bât,
Hagard, il détourna la roue inexorable,
Laissant derrière lui vivre ce misérable ;
Puis, sous un coup de fouet, il reprit son chemin.
Alors, lâchant la pierre échappée à sa main,Un des enfants – celui qui conte cette histoire, –
Sous la voûte infinie à la fois bleue et noire,
Entendit une voix qui lui disait : Sois bon !
Bonté de l'idiot ! diamant du charbon !
Sainte énigme ! lumière auguste des ténèbres !
Les célestes n'ont rien de plus que les funèbres
Si les funèbres, groupe aveugle et châtié,
Songent, et, n'ayant pas la joie, ont la pitié.
Ô spectacle sacré ! l'ombre secourant l'ombre,
L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre,
Le stupide, attendri, sur l'affreux se penchant,
Le damné bon faisant rêver l'élu méchant !
L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre,
Le stupide, attendri, sur l'affreux se penchant,
Le damné bon faisant rêver l'élu méchant !
L'animal avançant lorsque l'homme recule !
Dans la sérénité du pâle crépuscule,
La brute par moments pense et sent qu'elle est sœur
De la mystérieuse et profonde douceur ;
La brute par moments pense et sent qu'elle est sœur
De la mystérieuse et profonde douceur ;
Il suffit qu'un éclair de grâce brille en elle
Pour qu'elle soit égale à l'étoile éternelle ;
Le baudet qui, rentrant le soir, surchargé, las,
Mourant, sentant saigner ses pauvres sabots plats,
Fait quelques pas de plus, s'écarte et se dérange
Pour ne pas écraser un crapaud dans la fange,
Cet âne abject, souillé, meurtri sous le bâton,
Est plus saint que Socrate et plus grand que Platon.
Tu cherches, philosophe ? Ô penseur, tu médites ?
Veux-tu trouver le vrai sous nos brumes maudites ?
Crois, pleure, abîme-toi dans l'insondable amour !
Quiconque est bon voit clair dans l'obscur carrefour ;
Quiconque est bon habite un coin du ciel. Ô sage,
La bonté, qui du monde éclaire le visage,
La bonté, ce regard du matin ingénu,
La bonté, pur rayon qui chauffe l'inconnu,
Instinct qui, dans la nuit et dans la souffrance, aime,
Est le trait d'union ineffable et suprême
Qui joint, dans l'ombre, hélas ! si lugubre souvent,
Le grand innocent, l'âne, à Dieu le grand savant.
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Je célèbre ces 20 ans en remerciant ceux et celles qui, depuis septembre 2005 ou après, crapahutent avec moi.
«Celui qui place un crapaud en tête d’un groupe ne doit pas se plaindre ensuite de sa manière de sauter.»
Je célèbre ces 20 ans en remerciant ceux et celles qui, depuis septembre 2005 ou après, crapahutent avec moi.
«Celui qui place un crapaud en tête d’un groupe ne doit pas se plaindre ensuite de sa manière de sauter.»
Eulodia Brighton
Statistiques en date du 5 septembre 2025