Parmi les nombreuses caractéristiques originales que recèle le Vietnam, les routes en font manifestement partie.
Routes montagneuses dans le Nord, routes toujours en attente d'être rafistolées dans le Sud, particulièrement dans le Delta du Mékong, routes surprenantes d'exiguïté, aussi par leur localisation topographique qui laisse pantois.
On s'aperçoit rapidement que la route vietnamienne est d'abord et avant tout fonctionnelle, menaçante lorsqu'elle frôle de vertigineux précipices et cela à une seule voie à l'occasion poussiéreuse ou boueuse.
Il existe des routes cachées qui devaient sans aucun doute servir à la résistance contre les envahisseurs s'y dévoyant puis se retrouvaient prisonniers dans des pièges.
Aimer le Vietnam, c'est beaucoup aimer ses routes.
la route
sur la route que seul le vieillard connaît,
marche un enfant derrière, il suit,
les yeux dans ses souliers soulevant la poussière
leur silence retentit d’une même voix,
du soleil sur la peau, celui de midi, le plus chaud,
qui tanne le cuir de leur différence
aucun flamboyant
aucun jujubier
sur la route ne balisent des repères
huit orchidées sauvages
près d’un étang
se frottent aux couleurs du lotus
ils marchaient - allait l’aîné, venait le puîné -
attelés l’un à l’autre sous ce soleil de midi
sur une voie sans arbres, sans prodromes
boiteux piétinant la route d’un même pas
deux prisonniers aux pieds plombés
où vont-ils sur l’incontournable trimard
qui dispute le ciel à la terre
caméléon talonnant un scorpion
qui a-t-il que le vieillard redoute
que souhaite l’enfant
franchiront-ils le même nombre de pas
sur la route qu’ils achoppent
s’enliseront-ils au creux de leurs semelles
le vieillard a appris à se taire
l’enfant, quelques mots
inlassablement répétés
que déjà on n’entend plus
sur la route un vieillard marche
à reculons
derrière lui, la vie à ses talons,
un enfant n’a rien compris encore
7 mai 2013
444
**********
Une fille et un garçon, ça nous semble banal. Pas au Vietnam.
La famille est le fondement de cette société où tout, alors là vraiment tout, est filtré par le sas familial. Et dès le plus jeune âge.
Il est encore peu éloigné le temps des mariages programmés tout comme résiste les traditions d'observance à des lois non écrites mais profondément ancrées dans les us et coutumes de cette civilisation. Aujourd'hui, un garçon et une fille peuvent se permettre quelques excentricités... mais sous le regard parfois effarouché des membres de la famille élargie... jusqu'aux ancêtres.
fille et garçon
odeur de la fille, thé de lotus
thé de jasmin, celle du garçon
couple-escargot accroupi
au fond d’une coquille
comme les gazons multiplient le vert !
le colorent à perte de vue !
un regard monte vertical face à l’horizon …
comme les gazons multiplient le vert !
le colorent à perte de vue !
un regard monte vertical face à l’horizon …
fille et garçon, même azimut
goût de la fille, mangue fraîche
celui du garçon, durian vanille
deux colimaçons rampant dans un bol de sardines
comme des œufs le soleil cuit la peau
graciles, les hirondelles jouent aux F-18
leur chanson autour des arbres grésille
on entend la fille ne rien dire
le garçon l’écoutera encore
double main en une seule ;
goût de la fille, mangue fraîche
celui du garçon, durian vanille
deux colimaçons rampant dans un bol de sardines
comme des œufs le soleil cuit la peau
graciles, les hirondelles jouent aux F-18
leur chanson autour des arbres grésille
on entend la fille ne rien dire
le garçon l’écoutera encore
double main en une seule ;
leurs yeux recherchent l’instant
comme la longue plainte des sirènes sur une mer étourdie
une voix-mouette sonde le ressac des vagues engourdies
fille muette et sourd garçon
aveuglés de vert tendre
demeurent suspendus dans le creux vide de l’espace
il et elle regardent… respirent… virevoltent et pirouettent…
regards prolixes ralentis par des gestes sibyllins
couleur de la fille, vert feuille
celle du garçon, la même…
repus de lumière,
comme la longue plainte des sirènes sur une mer étourdie
une voix-mouette sonde le ressac des vagues engourdies
fille muette et sourd garçon
aveuglés de vert tendre
demeurent suspendus dans le creux vide de l’espace
il et elle regardent… respirent… virevoltent et pirouettent…
regards prolixes ralentis par des gestes sibyllins
couleur de la fille, vert feuille
celle du garçon, la même…
repus de lumière,
il et elle s’observent comme des aveugles
2 juin 2013
446
446