lundi 13 octobre 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (31)

 




                         en haute altitude

en altitude, bizarrement, tout se joue par oreille
entre tympan et tambour ou plus creux encore
rien à voir avec le service de la jeune hôtesse 
soliste qui va qui vient puis revient encore,
colombe égarée titubant dans l’allée étroite
 
l’altitude         cause en musique synchronisée,
impulsions input output, simultanément,
à plusieurs milliers de kilomètres 
au-dessus des nuages coagulés,
on croirait des volcans

à cent-quatre-vingts degrés d’el conda pasa,
un bout de terre en déséquilibre,
étendue noire, artificielle, entre viduité et néant, 
au milieu de rien,
où le rien pique son vol stérile
vers de profonds reliefs abyssaux 

l’altitude         gobe les distances,
au sol elles pourraient se déplier 
sur un, deux trois continents
et
vogue électriquement la galère aérienne
personne ne semble pouvoir s'arracher
à ce zéro absolu parfaitement pur 
d'un avion en mal d'omnipotence
alors que
la jeune fille empile des verres plastique vert 
à vitesse tgv
étouffant les chocs supersoniques
 
à bout de bras, l’altitude, capitaine au long cours,
galvanise ses harmonieuses éclaboussures 
jusqu’aux confins de l’espace,
au creux d'un trou noir, 
ellipse du temps remplie de navettes égarées, 
port altier au cœur du noyau nébuleux,
s'y resserre frénétiquement un soleil constricteur
catapulté par-delà la porte de l’éternité
sans fin,     sans début,     sans cible 
en son centre désorienté
 
le sarrau bourgogne de l’hôtesse 
se confond à l’obscurité de la cabine 
où tout dort encore,
immobilité stagnante, 
soumise à la vitesse effrénée de l’appareil
que les vifs soubresauts agitent

l’ombre en état d’apesanteur, fugitif fantôme,
traînasse ici et là, lèche les hublots,
glisse son vif reflet telle une masse terrifiante
et broie les dos ligotés aux camisoles factices
 
statue noctiluque, 
la jeune fille aux doigts graciles 
colorés du même rouge bourgogne
depuis mille heures au moins, 
entre de longs sifflements saccadés,
des lamentations énergiques,
s'enferre autour du petit rai de lumière 
que des étoiles fugaces ont déposé à ses pieds, 
les ayant chargé de frissons involontaires
d’autres frissons encore, irréguliers,
convulsifs pour celle qui vertige en altitude
 
elle a peur
                     en altitude                  
si peur
                     en haute altitude         
         
elle a si peur en haute altitude
 
 12 novembre 2014

 
 
                       
 
                           au café

 
assise au fond du café
sous l’éventail qui tournoie
elle attend
 
le flot des paroles
fait tohu-bohu
autour d’elle
 
la fumée des Marlboro
emplit l’espace
de légères arabesques
 
elle songe à écrire
le menu cartonné
l’y invite
 
elle griffonne :
tu ne peux partir
tu es déjà en allé
 
de la page des apéritifs
elle fit
une boule de papier
 
dans la rue
les gens passent leur chemin
 
12 février 2015







Moby Dick et la sirène

                                                   à la Moby Dick   au  loin sur l'océan, coulait le sang l’ivresse de l’inconscient l’é...