mercredi 11 juin 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (23)




en choeur


                                                en chœur ils disent
«crions plus fort pour que personne ne nous ignore» 
 
                                                en chœur ils répètent
«l’égoïsme n’a pour rempart que celui des autres»
 
                                                en chœur ils crient
«nos mots n’empêchent pas la chaleur  
au jour de succéder à la nuit, 
ls rafraîchissent le jour et la nuit»
 
                                                en chœur on les entend dire
«les grandes idées devenues institutions n’ont plus de sens»

                                                en chœur on les entend répéter
«un est un impair» 
 
                                                en chœur on les entend crier
«en regardant loin on marche sur des routes qui n’ont pas de fin» 
 
                                                en chœur et sans peur on entend
«à nos questions les réponses n’ont aucun langage pour bien se dire»

 

30 juin 2012
433

 

 



aller-retour


son chemin suit la même route
court autour du même infini
celui d’une note sans faute
symphonie mineure du matin

 

elle marchait traînant ses savates de pluie
s'arrêtait aux carrefours crucifiés
déposait le poids des heures fatiguées
personne ne la remarque

 

quelques casques plombés
guerres oubliées puis reprises
celles de la mémoire qui ruissellent encore
sur la peau de la femme

 

aux feuilles des arbres
longs dans leur éternité
un léger tremblement
symphonie majeure d'après-midi

 

son chemin de retour le même encore
elle croise la lueur du soir
s'harmonise à la nuit
aux cris des sirènes

 

tout au bout des étoiles pâles    étouffées
de fulgurantes comètes
hurlent à fendre la Terre
des hymnes mortuaires

 

Et

 

si elle ne revenait plus immobile dans sa paralysie
prostrée face-à-face au  regard des autres
ceux qui ne savent toujours pas
que la vie est un long aller-retour                         

 

23 juillet 2012
435






Fil d’Ariane

un fil blanc, long boulevard illuminé, lézarde les yeux
de la femme, statue de pierre, qui pleure son invariable silence
à son doigt, il s’allonge, cherchant à capter quelque chose au loin

 

il fouille le lointain, ce fil blanc qui n’a rien de l’appendice, du sémaphore
pernicieusement enroulé à son poignet, le gauche, celui du coeur,
l’enserre comme un bijou, une guipure que le soleil se plaît à noircir

 

la cicatrice à son poignet gauche, bracelet tressé d’un fil blanc,
la femme qui pleure la cache de sa main droite, une main rouge
comme le sable mêlé à du sang… ou plutôt, en la fixant bien,
une carte périmée, toute de veines bleuies, étendue devant elle
parlant à sa place, demandant à être lue entre ses lignes blanches

 

ces stigmates recousues au fil blanc, à vif alors qu’elle ne pleurait pas,
à ses chevilles tordues par une sauvage douleur, des chaînes humides,
écrasées sur le bitume sec s’amusant à la harceler…

 

les yeux vers les nuages, elle apprit à pleurer
son corps, clone gris des trottoirs et du noir des rues 
la femme qui pleure ligote ses rêves l’un à l’autre avec du fil blanc
laissant ses larmes nettoyer le vide qui peuple son âme
elle n’a pas de chaînes torsadées à son âme, qu’un fil blanc 

 

18 août 2012
437

Si Nathan avait su (37)

  L’odeur de patchouli, en entrant dans la maison des parents de Benjamin, rappela à Abigaelle les propos tenus par Herman Delage en réponse...