mardi 9 décembre 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (35)

 


sapin
 
il vivait seul, ce sapin,
au cœur d’une plaine plus étendue encore 
que l’horizon qu’il coupait en son centre,
ombrageant le sol de sa forme 
imparfaitement triangulaire
il piquait le ciel en étendant ses longs doigts d’épines
 
il se voyait à travers son regard résineux
gigantesque pin, baobab colossal
abandonnant, enfouis à ses pieds,
mille éperons aiguisés que charriait le vent rougissant
 
parmi le silence alentour, seul, ses bras écartés, crucifiés,
porteurs de nids d’oiseaux de proie,
le sapin au tronc enceint de ravins sauvages
fixait en permanence les destinés coriaces
 
arbre aux ramures solides, fluides, 
des vagues sur l’écorce du temps
il redoute la solitude, 
celle des attentes rabâchées,
des mots ensevelis dans les trous du vent, 
ce briseur d’immobilité, 
celle qui cravache, qui éteint les espoirs 
funèbres d’un sapin
rêvant du baobab qu’il aurait pu être
du pin qu’il ne sera jamais, peut-être... 
 
28 juin 2015







traînée d’oiseaux migrateurs
 
 
une traînée d’oiseaux migrateurs
longue flèche de cris stridents
fend la rivière de nuages fonçant vers ailleurs
 
-          ce qu’ils voient…
 
des égratignures de glaciers
stigmates à leurs griffes
refroidissent le ciel, éclaircissent vents et pluies
 
-          ce qu’ils voient ne semble pas…
 
une traînée d’oiseaux migrateurs
éternelle signature du temps au-dessus de nous
charrie parcelles par parcelles du soleil vers le soleil
 
-          ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter…
 
leurs ventres blanchis pareils aux ours de nos polarités
glissent plus loin encore que l’horizon de nos yeux
autant de points scintillants nord sud au-dessus de nous
 
-          ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter 
             malgré tout…
 
une traînée d’oiseaux migrateurs
nomades connus retrouvant les sillons de la lune
signes du passage des odeurs automnales, de printemps
 
-        ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter                                    malgré tous les murs…
 
leurs yeux fixes comme des convois en fuite
tracent des chemins, noircissent le bleu du ciel
abattent les frontières
 
       ce qu’ils voient ne semble pas les arrêter
            malgré tous les murs que nous dressons…
 
 
7 octobre 2015
470

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