ce pays
matins furieusement doux
couleur pêche et pamplemousse
des odeurs s’y répandent
charriées par le vent
le bruit comme un ensemble de silences
jours chauds comme un citron doré
mûrissant d’heure en heure
des odeurs brassent les essences
que le soleil cuit sur place
le bruit comme un ensemble de silences
soirs comme café froid
que la table resquille
des odeurs accrochées aux lauriers rouges
au gingembre s’attache la citronnelle
le bruit comme un ensemble de silences
nuits froides dans leur fusain
dessinent des ombres roses
des odeurs de lune pure
se tortillent, fantômes ductiles
le bruit comme un ensemble de silences
de ce pays
15 mars 2015
elle ne sera pas venue
son amour pour elle est mort
au cours de ce banquet solitaire
table en acajou, sièges de skaï,
serveur germano-italien
l’heure, confirmée, le menu, recherché
un ventilateur au-dessus accroché
par les portes demeurées ouvertes
s’engouffre un sourire affriolant
le soleil se love aux tentures chinoises en camaïeu
s’impatientent les couverts japonais
aux cafés succédaient le café
elle ne sera pas venue
bruits des conversations
allers- retours du vent
pas venue au banquet solitaire
son amour éclôt une nuit de janvier
festin hivernal célébrant le Têt
il sera assis à la table
celle en acajou avec sièges en skaï
s’agiterait le serveur germano-italien
l’heure du soir, convenue, tout comme le menu
que rafraîchissait le ventilateur grésillant
les portes, ouvertes, elle ne s’y engouffre pas
aucun sourire affriolant l’annonce
les tentures chinoises, les mêmes
les couverts japonais, les mêmes
il aura bu un café, plusieurs cafés
elle ne sera pas venue
conversations muettes,
allers et venues du vent
ne sera pas venue
au banquet des anges
21 mars


