samedi 14 décembre 2019

CHRONIQUES VIETNAMIENNES

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Depuis le premier jour, alors que je vous parlais de monsieur Hữu Ngọc, écrivain, journaliste et éminent chercheur culturel, celui dont le livre encyclopédique À LA DÉCOUVERTE DE LA CULTURE VIETNAMIENNE m’aura servi de référence dans l’écriture de Đẹp, plusieurs, devant leur méconnaissance de l’oeuvre d’un des plus grands intellectuels vietnamiens encore vivants - il aura 102 ans le 22 décembre prochain - m’ont demandé de leur proposer certains éléments de sa pensée.

Voici un de ses textes publiés en mars 1999: Où va la famille traditionnelle ?
Sans aucun doute, la famille représente un des piliers qui fondent la culture vietnamienne. Je vous laisse l’apprécier.


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. La Révolution de 1945 qui a mis fin à une période de quatre-vingts ans de joug colonial, a aussi remis en question des valeurs culturelles traditionnelles, parmi lesquelles la famille ancienne qui avait déjà commencé à changer sous l’influence française (c’est-à-dire occidentale), surtout en ville. Ces changements se sont accentués à cause de l’impact des idées de démocratie, de socialisme, d’autant plus que des dizaines de milliers de familles se trouvèrent dispersées pendant les longues années de guerre. Depuis deux décennies, après la guerre, ces changements se sont accélérés, surtout depuis l’application de la politique de rénovation (Đổi mới) en 1986. Celle-ci préconise l’économie de marché et l’ouverture à tous les pays du monde, en particulier à ceux de l’Ouest.

L’avance économique qui résulte de cette politique et les facteurs précités, ainsi que l’invasion des cultures occidentales, ont bouleversé non seulement les valeurs familiales anciennes mais touchent encore à toute notre culture traditionnelle basée sur le sens de la communauté (famille - village - nation).

La crise de la famille traditionnelle a été perçue par plusieurs écrivains dans le milieu des années quatre-vingts. En 1985, le roman Mùa lá rung trong vườn (Saison des feuilles mortes dans le jardin), de Ma Van Khàng, en sonne le glas de manière nostalgique. En 1987, Tướng về hưu (Un général à la retraite) de Nguyên Huy Thiêp est un coup de tonnerre dans le ciel apparemment serein des lettres. Cette brève composition littéraire de fiction donne une image troublante de la société dans laquelle l’officier général de la Révolution de 1945, issu du peuple, ne se retrouve pas, car elle n’est pas celle qu’il espérait quand il combattait. Il ne se retrouve pas dans sa propre famille, parmi ses propres enfants, dans son propre village, et il choisit une mort pathétique.

Depuis plus d’une décennie, de nombreuses études ont été menées par les chercheurs en sciences sociales pour trouver une juste appréciation de l’état actuel de la famille vietnamienne. Certaines conclusions sont optimistes: “Ce qui est positif, progressiste, c’est le développement des rapports basés sur l’égalité, la démocratie, etc. La famille est en train de revenir à ses fonctions premières qui, pendant une certaine période, ont été négligées ou écartées. Elle n’est pas confrontée à une crise, mais s’est trouvée plutôt devant une impasse, un écroulement, si crise il y a, ça serait une crise de maturité”.

L’auteur Lê Thi, se hâte d’ajouter des questions épineuses sur le devenir de la famille: Que doit-elle conserver de la tradition ? Quelles valeurs adoptées parmi celles de la culture moderne ? Comment combiner l’ancien et le moderne ? Quel est le rôle de l’individu ?

D’autres chercheurs, tel Nguyên Tai Tu, se montrent plutôt pessimistes. Selon ce dernier: “La famille a connu de nouveaux problèmes pour des raisons diverses”.
Premièrement, bien des personnes sentent que la famille n’offre plus l’endroit le plus stable pour nourrir et élever les enfants.
Deuxièmement, parmi les riches et les puissants, les pauvres et les faibles, le nombre de personnes jouissant du bonheur familial diminue de plus en plus.
Troisièmement, les rapports familiaux préparent de moins en moins les jeunes membres à aborder les rapports sociaux. Un chercheur de Hô-Chi-Minh-ville, Nguyên Minh Hoa, constate: “La famille perd peu à peu ses fonctions économiques (en tant qu’unité collective), elle acquiert des fonctions de consommateur de produits et de services sociaux. La fonction éducatrice des enfants est prise en charge par la société. La fonction de protection et celle de prodiguer des soins, au point de vue matériel et moral, a tendance à diminuer peu à peu, elle est remplacée partiellement par la société”.

La désintégration de la famille s’est aggravée. Chaque jour, les médias donnent régulièrement des informations sur des phénomènes sociaux inimaginables il y a une trentaine d’années: indignité des parents, banalisation de l’adultère et du divorce, conduite ingrate des enfants, conflits fraternels à cause de l’argent, multiplication des délits chez les enfants, et la liste peut s’allonger. Tous ces maux ont comme causes communes, entre autres, l’effet négatif de l’économie de marché (course effrénée au profit afin d’assouvir les plaisirs matériels) et la baisse de la morale familiale (culte exacerbé de l’individu).

Bien que d’importance primordiale, la famille n’est qu’une des valeurs traditionnelles. Le problème doit donc être posé dans un cadre culturel général. À notre époque de mondialisation, il s’agit de réaliser un amalgame des cultures orientale et occidentale. Concernant l’institution familiale, il faut emprunter à la famille occidentale ses éléments de démocratie et d’individualité (non d’individualisme). En même temps, la famille traditionnelle doit se débarrasser de certaines conceptions confucéennes surannées (infaillibilité des parents, mépris de la femme, patriarcalisme) et garder ses éléments positifs (harmonie et non-conflit des générations, fierté bien comprise de la lignée). De nombreuses pratiques traditionnelles louables demeurent malgré les bouleversements contemporains: culte des ancêtres, visite printanière des tombeaux, célébration des anniversaires de la mort, du Têt, réunions des membres de la lignée (pratique nouvellement réinstaurée).


Voilà, je vous promets de publier d’autres textes de monsieur Hữu Ngọc.























l'oiseau

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