dimanche 20 septembre 2020

Humeur vietnamienne

 



    Revenons sur certaines observations - celles que les billets du CRAPAUD ont soulevées dans la trilogie appelée “ IL NE FAUT PAS PARLER DE CORDE DANS LA MAISON DU PENDU “- afin de les mettre en perspective à partir de ceux traitant de la ségrégation aux USA, du Lac des Cygnes et du cygne noir.

Parmi les phrases que l’on entend en lien avec la morbidité des temps qui courent, certaines reviennent avec la régularité de l’horlogerie suisse :

1) )( Je ne suis pas spécialiste en médecine, principalement en virologie/infectiologie, mais...

2)  )( Je ne connais absolument rien dans l’histoire des virus, sauf que...

3)  )( Sans être un expert en politique, je me permets toute de même de...

On en aurait pour des années à tenter de décrypter tout ce qui s’est dit au sujet de la pandémie du coronavirus et de la covid-19, au point que j’en arrive à me dire que le discours ambiant a pris des proportions inimaginables en moins de six (6) mois et que réfléchir, maintenant, peut se résumer à du copier/coller d’arguments se répartissant en deux camps : les adhérents aux explications médicales fournies par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et ceux qui voient des complots, des conspirations afin de nous subordonner à un gouvernement mondial dirigé par des stratèges d’un certain “ état profond “.

Un premier fait se dégage de ces affrontements d’opinions ayant pour lieu de bataille les réseaux sociaux et qui, trop souvent, s’éloignent de la logique ou du rationnel : le poids de la santé dans l’analyse de la situation actuelle. J’irai plus loin, la hantise et l’obsession de la mort. 

On n’a qu’à souligner je ne sais trop combien de campagnes publicitaires au cours des cinquante (50) dernières années, incitant les gens à mieux se nourrir, à éviter les abus d’alcool, à s’éloigner des produits du tabac ou des drogues, à pratiquer des activités physiques, tout cela afin de vivre mieux et d’atteindre une certaine plénitude de l’esprit. Comme le disait Juvénal, “ Mens sana in corpore sano.  

Cette citation de Juvénal, la dixième tirée de son ouvrage “ Les Satires “, nous la connaissons tous, mais au fait, qu’est-ce qu’une satire ? Il s’agit d’une critique des moeurs publiques, une attaque aux vices, aux ridicules de ses contemporains, donc, une critique moqueuse.

Pouvons-nous s’en saisir de manière différente depuis que la santé est devenue la priorité partout dans le monde ? Les budgets accordés par les gouvernements tous niveaux confondus nous le démontrent de visu, tout comme le fait que des polices d'assurance sur la santé hyper spécialisées offertes par les compagnies à leurs clients deviennent monnaie courante ; deux exemples patents que la longévité de la vie est en relation directe avec la santé, son point d’orgue.

L’arrivée impétueuse du coronavirus vient semer le désordre en la demeure. La peur. Le désarroi. Elle bouscule populations, corps médicaux ainsi que les politiciens. Ce petit être microscopique qui semble nous regarder outrageusement à travers son agglomérat de couronnes rouges piquées dans un cercle ressemblant à notre planète, crée la panique nous obligeant à modifier nos habitudes sanitaires, nos accoutumances à vivre confortablement sans se soucier de l’avenir - il n'y a pas si longtemps on aurait dit "se soucier du lendemain". La mort devient quasiment un épiphénomène.

Nous nous apercevons qu’il existe une étroite corrélation entre les différentes composantes de nos sociétés, les unes influant sur les autres. Si à l’heure actuelle la santé s’affiche comme le pivot soutenant notre organisation sociale - quel que soit le ou les régimes installés sur la planète - force est de constater et a fortiori d’admettre, qu’elle contagionne les autres. Son efficience doit être prise dans le sens de sa capacité à s’avérer suffisamment forte et puissante pour produire un effet non négligeable.

Je ne reviendrai pas sur l’argumentaire développé dans les trois (3) billets mentionnés plus haut, mais permettez-moi d’utiliser Le lac des cygnes de Tchaikovsky  afin d’étoffer mon propos. 

Dans un prochain billet, ça sera depuis la théorie du cygne noir que j’irai un peu plus loin. 

Dans ce ballet domine le pathétique ; il émeut vivement et profondément, notamment par son spectacle ou son évocation de la souffrance. Que ceci soit lié à l’amour ou son impossibilité à être, l’ultime réponse risque d’en devenir la mort. Rappelons que l’illustre musicien vit en pleine époque du romantisme musical, ce qui peut expliquer bien des choses, mais ce n’est pas mon propos ici. 

Odette (cygne blanc de jour / femme de nuit) ne pourra se dégager du maléfice infligé par le sorcier von Rothbart - dans le ballet on l’imagine être le mentor du prince Siegfreid ou encore cet immense oiseau noir qui flotte autour du lac creusé par les larmes des parents d’Odette - que par celui qui lui donnera son amour. Siegfried le lui jure et l’invite au château afin qu’elle assiste au bal organisé afin qu’il puisse choisir celle qui deviendra son épouse. Il profitera de l’occasion pour la présenter à la reine. Odette ne pourra s’y rendre en raison de sa condition de cygne due au maléfice dont elle est l’innocente victime. Bouleversé et amoureux typique de la période romantique, le prince jure de lui rester fidèle et qu’il se mariera avec elle. 

Le vilain von Rothbart se présentera au bal, accompagné par sa fille Odile, revêtue de noir et ayant la forme de celle qui a été transformée en cygne blanc. Son rôle sera de charmer le prince, l’amenant ainsi à rompre sa promesse et occasionnant la mort d’Odette par la même occasion. Levant le nez sur les aspirantes que la reine lui propose et croyant reconnaître la femme-cygne croisée la veille, il succombe au sosie d’Odette, se parjurant par le fait même.

Selon certaines versions de la finale du ballet, Odette et le Prince périssent lors d’une tempête ; pour une autre, Odette se noie et Siegfried se poignarde Celle-ci également : après la Révolution russe de 1917, les mentalités changent, deviennent désireuses de héros positifs, alors le ballet finit bien : après un terrible combat entre Siegfried et von Rothbart, le Prince en sort vainqueur et Odette reprend sa forme humaine. Ils peuvent alors être heureux pour toujours. 

Bon ! Comment relier ce ballet et la situation de pandémie actuelle ?


Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos


Ces deux vers tirés du poème de Lamartine (LE LAC) peuvent décrire l’instantanéité de l’apparition du coronavirus. Son lieu d’origine, la ville de Wuhan dans le centre de la Chine, est traversé par le fleuve Yang-Tsé. Y coule le lac Han qui porte le nom de l’une des plus grandes dynasties chinoises (les Hans constituent le plus grand peuple ou groupe du monde.) 

Le lac sur lequel ces grands oiseaux glissent avec toute la grâce qu’on leur connaît, se serait formé par l’accumulation des larmes versées par les parents de la princesse Odette. Le décor bucolique dans tout ce que l’on peut imaginer de douceur et de calme s’offre à nous aux actes 2 et 4 avant de laisser la place au château, aux actes 1 et 3. Alors que les cygnes règnent sur les eaux du lac, on peut avancer qu’au château, il en sera ainsi de la reine puisque aucun roi n’est acteur dans ce ballet.   

Très peu de liens unissent le lac et le château. On pourrait uniquement les situer en raison de leur aspect géographique et j’ajouterais, politique. Il est important de se rappeler que dans le ballet de Tchaïkovsky la reine est la seule ballerine qui ne danse pas. Cette distanciation induirait l’idée que l’autorité suprême n’a pas à fréquenter le même plancher que ses sujets.  

Des liens se tisseront lorsque le prince Seigfried, déçu d’apprendre qu’il devra choisir entre de futures fiancées choisies par la reine, quitte le palais, arbalète en main, pour se rendre vers l’endroit  la nuit il entrera en relation physique et amoureuse avec Odette.

Une arbalète ? Rappelons que les premières représentations du ballet Le lac des cygnes ont lieu dans les années 1875-1876, donc pas très loin du Faust de Goethe : 1808 pour le premier et 1832 pour le second. Chez Goethe, le suicide est abordé dans le livre Les souffrances du jeune Werther paru en 1774. Il serait surprenant que Tchaikovsy ne s’en soit pas inspiré pour créer le prince Seigfried à qui son mentor remet cette arme qui, avouons-le n’est pas le plus commode pour un suicide, nous rappellant davantage Cupidon.

Partait-il pour la forêt afin de tuer quelque chose ou lui-même ?

Voyons le premier parallèle que j’établis avec la crise du coronavirus : l’autorité (pris dans son ensemble, englobant la santé) règne en maître absolu lorsque rien ne perturbe le cours des choses. 

Déjà la jeune princesse est contaminée par un virus transmis par le sorcier Von Rothbart qui la change en cygne le jour puis permet de recouvrer sa forme primitive la nuit.

Second parallèle : plusieurs hypothèses tentent de circonscrire le motif du sort, de cette mauvaise augure. Quelle raison incita cet homme que l’on croit être le mentor du prince, le père d’Odile incarnée en cygne noir lors du bal et sous les plumes d'un étrange oiseau périssant à la fin du ballet, à la suite des coups assénés par Siegfried. Chose certaine, il possède une arme efficace : un virus infectant Odette, celle qui aura charmé le jeune homme en réaction avec les visées de la reine et sème au bout du compte, la mort. 

On organise un grand bal au lendemain de la nuit amoureuse des deux tourtereaux qui se sont jurés fidélité. S’y présente Odile, la fille de Von Rothbart, revêtue de noir. Infectée par son père afin qu’elle modifie le plan établi, elle séduira le jeune homme qui sera berné par le sosie d’Odette.

Un troisième parallèle : la difficulté de départager le vrai du faux. Il est clair que dans le ballet, un complot est organisé par le sorcier jouant sur la crédulité de celui qu’il veut abuser. 

Alors que nos sociétés carburent aux principes de la santé à tout prix, la venue d’un virus à la fois inconnu et propagateur d’une maladie nouvelle dont on cherche un cousin ou une cousine proche, l’autorité en qui nous avons mis toute notre confiance se doit de réagir, de rassurer, de sécuriser. Les moyens qu’elle utilisera, peu importe leur nature, doivent être acceptés d’emblée et suivis à la lettre par les populations. Dans le cas dont on parle, l’autorité n’a pas manqué à son devoir. Mais...

J’ai abordé la question du complot voire de la conspiration dans un des trois (3) billets cités plus haut. Ce que le ballet nous démontre noir sur blanc - possiblement qu’on pourrait l’appliquer à toutes ces théories conspirationnistes qui découlent d’une analyse tendancieuse des faits relatifs à la covid-19 - c’est qu’il est facile de duper les gens en leur jetant de la poudre aux yeux avec pour objectif de les aveugler, prétendant qu’ils sont actuellement atteints de cécité temporaire et qu’ils doivent ouvrir leurs yeux. On va plus loin en les incitant à s’informer, mais seulement depuis des références allant dans le même sens, c’est-à-dire le leur. On applique ici un vieux principe pédagogique combien périmé maintenant, celui de la répétition des mêmes choses afin de s’en remplir la mémoire et d'ainsi les accepter comme étant la vérité. 

Tout comme Siegfried, la recherche entre le vrai et le faux peut nous mener à bien des dérives. 

Je conclus ainsi cette analogie. 

La pandémie de la covid-19 est un fait médical indéniable. Sa propagation fantastique voire même exponentielle ne doit être perçue autrement que par l’expansion d’un virus que, quotidiennement, ceux et celles qui ont l’expertise pour en analyser ses causes et ses effets, accréditent leurs observations en s'appuyant sur l’image d’un entonnoir : on y verse plusieurs éléments qui s’éliminent progressivement au fur et à mesure qu'ils cherchent à gagner le fond de l'ustensile, le passage qui y mène n'étant ouvert qu'en raison de leur pertinence.) 

Ils se doivent de respecter à la lettre la méthode scientifique qui comprend certaines étapes : faire des observations, poser une question, rechercher, décider d’une hypothèse, recueillir des données, les analyser, en tirer des conclusions après les avoir interpréter, partager les conclusions avec d’autres scientifiques et répéter l’expérience.

Les nouveaux Hypocrate auto-proclamés n’avancent rien d’autre que des hypothèses spontanées et fantaisistes, parfois fatalistes, s’appuyant sur le paradigme suivant : la santé est le seul et unique bien qu’il nous faut protéger. Qui s’y attaque, dilue nos libertés et commet un crime de lèse majesté

On dénonce les belliqueuses gens qui s’arrogent le droit d’intervenir sur notre santé, que ce soit par les vaccins qui implanteraient en nous des puces ayant le pouvoir de nous contrôler et à la limite annihiler notre liberté, de mondialiser des politiques s’appliquant partout sur la planète sans prendre en compte les différences nationales, les cultures particulières et les habitudes sanitaires propres à chacune. On agit ainsi sans jamais être en mesure de le démontrer logiquement et encore moins scientifiquement ; ces partisans d’un apocalypse des temps modernes usent de fadaises relevant d’une nouvelle science-fiction.

On aura tout entendu, ne reste plus maintenant qu’on nous annonce la venue prochaine des vrais coupables... les extraterrestres.

Selon l’OMS nous serions à la porte d’une seconde vague pandémique du coronavirus - certains affirment que nous sommes encore à vivre la première -que ce qui se produit présentement, soit la recrudescence de personnes infectées un peu partout sur la planète relève toujours de ce virus qui chercherait à muter.

Quoi qu’il en soit, les faits parlent d’eux-mêmes :

dans le monde entier, plus de 30 millions de cas recensés et pas moins de 961 000 décès lui sont attribués depuis la fin du mois de décembre 2019 ;

au Canada, 142 777 cas   -   9211 décès;

au Québec, 67 080 cas   -    5797 décès;

au Vietnam, 1068 cas      -    35 décès.

Il apparaît donc comme une évidence que la covid-19 se distancie de ce qu’on peut appeler une grippe saisonnière comme l’influenza, puisqu’elle a traversé jusqu’à maintenant une partie de l’hiver 2019-2020, continué allègrement sa route au printemps et à l’été, frappant à la porte de l’automne et qu’elle ne fait aucune distinction en terme de climat qui ne semble pas jouer ni dans son apparition ou ni sa disparition. 

Ce qui est intéressant (le mot est peut-être mal choisi) avec la situation que nous vivons présentement, m’apparaît être l’importance qu’on lui accorde, les changements fondamentaux qu’elle oblige à apporter à tous les niveaux de l'activité humaine et les ravages collatéraux qu’elle traîne dans son sillon. J’en ai assez discuté pour devoir maintenant arriver à une conclusion. 

La covid-19, maladie occasionnée par le coronavirus, porte son message qui, à mon point de vue, est complexe, vaste et étendu. Il semble qu’on ne peut le dissocier de l’époque dans laquelle on vit présentement, tout comme il difficile de ne pas tenir compte de celle qui a vu naître Le Lac des cygnes. Cette oeuvre à portée humaine grandiose survit aux générations perpétuant l’idée que tout engagement peut fondre devant la duplicité.

Essayons maintenant de décoder ce qui se voile derrière ce message de l’infiniment petit pouvant abattre, le temps de le dire, nos gigantesques certitudes. Nous n’en sortirons pas sans une profonde réflexion sur qui nous sommes et ce vers quoi nous voulons tendre. 

Comprendre le monde c’est chercher à décoder les grands courants de pensée qui prévalent dans un temps et un espace précis, scruter leurs racines et apprécier leurs fruits. Je vous invite à examiner les deux époques, celle au cours de laquelle Tchaikovsky compose son ballet et celle que nous vivons actuellement. La première est celle de la nostalgie, la mélancolie, des passions, du “moi” en souffrance et l’expression des sentiments personnels, l'oeuvre en témoigne.

Maintenant, obnubilés par la santé, l’homme agit sur son environnement sans prendre au sérieux que ce dernier puisse réagir à son tour. Nous nous enfermons dans une tour d'ivoire bardée d’un égoïsme combien orgueilleux. 

Avant de passer au prochain billet qui abordera la théorie du cygne noir, je vous invite à prendre quelques instants pour écouter cette musique de Camille Saint-Saëns, LE CYGNE.

https://www.youtube.com/watch?v=3qrKjywjo7Q


À la prochaine.



l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...