dimanche 14 février 2010

Le trois cent trente-quatrième saut / Le trois-cent-trente-quatrième saut



En ce jour de la Saint-Valentin, je vous offre ce poème de Gérard de Nerval.



PENSÉE DE BYRON
Élégie

Par mon amour et ma constance,
J’avais cru fléchir ta rigueur,
Et le souffle de l’espérance
Avait pénétré dans mon cœur;
Mais le temps, qu’en vain je prolonge,
M’a découvert la vérité,
L’espérance a fui comme un songe…
Et mon amour seul m’est resté!

Il est resté un abîme
Entre ma vie et le bonheur,
Comme un mal dont je suis victime,
Comme un poids jeté sur mon cœur!
Pour fuir le piège où je succombe,
Mes efforts seraient superflus;
Car l’homme a le pied dans la tombe,
Quand l’espoir ne le soutient plus.

J’aimais à réveiller la lyre,
Et souvent, plein de doux transports,
J’osais, ému par le délire,
En tirer de tendres accords.
Que de fois, en versant des larmes,
J’ai chanté tes divins attraits!
Mes accents étaient plein de larmes,
Car c’est toi qui les inspirais.

Ce temps n’est plus, et le délire
Ne vient plus animer ma voix;
Je ne trouve point à ma lyre
Les sons qu’elle avait autrefois.
Dans le chagrin qui me dévore,
Je vois mes beaux jours s’envoler;
Si mon œil étincelle encore,
C’est qu’une larme va couler!

Brisons la coupe de la vie,
Sa liqueur n’est que du poison;
Elle plaisait à ma folie,
Mais elle enivrait ma raison.
Trop longtemps épris d’un vain songe,
Gloire! Amour! vous eûtes mon corps :
Ô gloire! tu n’es que mensonge;
Amour! tu n’es point le bonheur!

Gérard de Nerval
Tiré des Odelettes

Au prochain saut

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