mercredi 18 mars 2009

Saut: 269

Coménius


Le décrochage scolaire revient à la mode. Il revient une autre fois à la mode, mais sous la même apparence qu'auparavant : le nombre de décrocheurs par rapport au nombre d’élèves qui réussissent, c'est-à-dire parvenant à décrocher leur diplôme de fins d'études secondaires.

La situation n’est pas nouvelle. Elle a même donné naissance à une «réforme». A-t-elle été bien comprise? Bien expliquée? Bien endossée? Nous aurons des réponses à ces questions lorsqu'une problématique nous obligera à repenser nos manières de faire. Et si c’était plutôt notre manière d’être qui était en jeu?

La ministre de l’Éducation du Québec a décidé de se préoccuper de la situation. Elle fixera des objectifs à atteindre. Et nous attendrons les résultats dans quelques années…

Je me demandais, en écoutant cette nouvelle, qui dans mes cahiers de lecture pourrait bien aider à voir autrement. Je me suis dirigé vers Coménius que Jean Bédard a si bien étudié et nous présente de façon claire.

Voici quelques éléments pouvant nourrir la réflexion et que l'on risque de ne pas retrouver ailleurs, pouvant être perçus comme du «pelletage de nuages».


. L’école doit être pansophique, elle doit viser l’épanouissement complet de tous jusqu’à faire de chacun un être souverain, un lieu de rayonnement, un levier de la démocratie. Tous, filles et garçons, pauvres et riches, infirmes et bien portants, lents d’esprit et subtils en pensée, de la conception jusqu’à la mort doivent être en chemin vers l’épanouissement de soi par l’épanouissement d’autrui. Qu’un seul soit mis de côté et l’entreprise entière perd sa légitimité…

. Les moments décisifs ouvrent les portes, ils n’expliquent pas.

. La culture d’un peuple se mesure, non pas à ses particularités, mais à son intérêt pour l’humanité entière. Une culture rayonne dans la mesure où son éducation va jusqu’au fond de l’homme et des choses. Devenir homme ou femme soi-même constitue le premier pas. Accompagner chaque enfant est notre premier devoir.

. L’arbre prend racine avant de partir à l’assaut du ciel et même là, c’est avec son corps qu’il se hisse. Ce qui était vrai pour le pays devait l’être pour le corps. Éduquer, c’est faire entrer quelqu’un chez soi.

. Chaque école doit être conçue comme un petit paradis. Perçons le bâtiment de grandes fenêtres, entourons-le d’un jardin parsemé d’arbres, transformons ses murs en exposition, car c’est la nature qui, en premier, doit enseigner. Les élèves entendront les oiseaux, toucheront des animaux, seront constamment façonnés par la tendresse de la vie… Tout ce qui est enseigné doit être montré. La culture véritable n’est qu’un chenal entre la nature intérieure et la nature extérieure. Sur ce chenal, l’éducateur joue le rôle d’un passeur.

. Toute violence sera chassée de l’école. Parmi les violences : la grisaille des lieux, l’austérité des classes, la rigidité des bancs, l’inactivité physique si contraire à la nature des enfants… L’école n’a tout simplement pas le droit d’engendrer le dégoût de l’expérience et de la connaissance. L’école doit devenir le foyer de tous les rendez-vous, le centre d’un miroir concave dans lequel vient se refléter l’univers entier.

. Toute la communauté se doit à l’école. Le soleil est immense et d’une très grande chaleur et pourtant, il ne peut allumer la moindre brindille à moins de concentrer ses rayons. Qu’un couple concentre son amour, il en résulte un enfant. Qu’une communauté concentre ses enfants, et nous avons une école. L’école n’est rien d’autre que de l’amour concentré.

. L’enseignement n’est rien d’autre que le mystère même de la création. Tout ce qui vit veut se reproduire dans l’âme humaine afin d’advenir à son essence. Par l’apprentissage, le monde renaît de l’intérieur des hommes de sorte que ce qui suit dépasse ce qui précède. Par l’éducation, l’homme a trouvé le moyen du dépassement de soi.

. L’école n’est qu’un microcosme de la communauté, on en peut enseigner dans ses murs la justice alors que l’injustice règne autour. Il est d’ailleurs impossible de protéger une école des injustices vécues entre les parents. Ces abus s’infiltrent à travers les enfants et entrent comme renards en poulailler.

. Si vous n’entendez plus rire dans une école, ce n’est pas une école.


Coménius (Jan Amos Komensky) est né le 28 mars 1592 et il mourra le 15 novembre 1670.

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