samedi 1 mai 2010

Le trois cent cinquante et unième saut / Le trois-cent-cinquante-et-unième saut



JE PEINS POUR PARLER COMME J’ÉCRIS POUR VOIR

Roland Giguère écrivait ceci en 1976.

Dans CŒUR À CŒUR, ce poème,

QUAND CELA SERA

Quand nous vivrons de rien
à l’ombre de nos érables
nus et abandonnés
dans le champ désert
de nos seules habitudes
comme fleurs oubliées
sur un corps inconnu

quand nous vivrons debout
dans la nuit éternelle
après nos années-lumière
perdues dans les marges du temps
qui passe entre nos mots
et revient pour dire adieu
sur une page immaculée

quand nous vivrons d’étincelles
au cœur du tableau noir
quand nous vivrons d’étoiles
dans nos jours sans fin
quand nous vivrons de tout et de rien
nous serons libres comme l’amour
dans les draps du vent



Et ces vers magnifiques :

. le temps tombe dans l’étang

. la nuit tombe dans l’étang
le vent fuit dans le vent

. Nous partirons à minuit
avec nos langues de feu
comme boussoles affolées
vers une terre infinis

nous serons inconnus

Dans LA MAIN AU FEU ces quelques citations :

. Pour laisser des traces de nous-mêmes, il nous a fallu nous dépouiller de ce que nous avions de plus pur. Nous avons renié nos propres ombres, nous nous sommes appliqués à donner une transparence totale aux ruines les plus abjectes; un simple verre d’eau devenait une mer bouleversée…

. La poésie, pour moi, n’est pas évasion mais bien, plutôt invasion. Invasion de l’univers extérieur par le monde du dedans.

. On habite ici, on rêve d’être ailleurs, on croit vivre là, on part en voyage, on revient, on ne part plus, on n’a jamais bougé d’ici, on reste, on n’est plus d’ici, on est parti, on est là… Mais à la fin, où sommes-nous? Et vous, où êtes-vous en ce moment? Oui, je sais, vous me l’avez déjà dit : quelque part.


L’ENVERS DU FUTUR

Une nuit peuplée de rivières sauvages
fait croire à la transparence du futur,
mais la vue est courte et la mémoire
opaque. On revient au présent difficile :
une boule de cristal pèse chaque jour de
plus en plus dans les yeux de la voyante
qui ploie sous le poids d’un avenir incertain.

Mais la vie avance et, avec elle, toutes
les chances de survie dans les visages
que nous aimons.


À NE PAS MANQUER, cette exposition actuellement offerte à la Grande Bibliothèque de Montréal :

«Héritier des surréalistes, manieur de l'encre noire comme de la couleur, jongleur de mots, Roland Giguère crée en 1949 Erta, une petite maison d'édition artisanale où l'expérimentation graphique et typographique s'allie à la poésie. Il publie alors son premier recueil de poèmes, Faire naître. Plus tard, L'âge de la parole, puis Forêt vierge folle confirment sa voix poétique, empreinte d'amour, d'humour et de douce folie. Roland Giguère est le seul créateur à avoir reçu le prix Paul-Émile-Borduas en arts visuels et le prix Athanase-David en littérature, deux prestigieuses distinctions décernées par le gouvernement du Québec.
Puisant dans le fonds d'archives du poète ainsi que dans les collections patrimoniales d'estampes et de livres d'artistes de BAnQ, cette exposition met en lumière la contribution remarquable de Roland Giguère aux arts visuels et à la littérature d'ici.»

Au prochain saut

l'oiseau

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