mercredi 4 mars 2015

Les chroniques de Saïgon (5)




La dernière publication ( elle est en route ) aurait dû se retrouver sous la rubrique des chroniques mais comme elle revêtait un caractère particulier et qu’en plus m’avait pris un temps assez long pour en arriver à son terme, j’ai préféré lui donner une place unique; les chroniques sont surtout des impressions, des humeurs autour d’un thème spécifique ou plus général.

L’histoire (imaginée) de Dep voulait aborder quelques traditions ou coutumes vietnamiennes que souvent, bien malgré moi, s’offrent à ma vue. Celles qui sont relatées dans ce récit sont véridiques, font partie du quotidien des gens.

Aujourd’hui, dans cette chronique, je vous ferai part de ce qui se passe durant la période du Têt (Têt Nguyên Dan) qui s’étend sur une dizaine de jours. C'est le Nouvel An et l'annonce de l'arrivée du printemps. Sa date change dune année à l'autre en fonction de la lune. La meilleure comparaison, celle qui facilite mieux la compréhension, serait de l’ordre des vacances de la période s’étendant entre Noël et après le Jour de l’An chez nous. C’est sur l’air de Ngày Tết quê em (Hymne Vietnamien du Têt - Nouvel An Lunaire) que la période sera lancée. On l’entend dans tous les lieux publics.

J'utiliserai Saïgon pour exemple, sachant très bien que selon les villes, les villages, que l'on soit au sud, au centre ou au nord d'importantes variantes se manifestent. Cette Saïgon qui ne ressemble plus du tout à la grande ville active et bruyante à laquelle on est habitué en-dehors de cette période. Le calme qui s’empare d’elle malgré le fait qu’une foule d’activités s’y déroulent fait que les rues sont quasi vides de motocyclettes, qu’une importante partie de sa population retourne vers les ''hometowns''. Des trains, des bus et des vols supplémentaires se rajoutent à ceux qui habituellement permettent de rejoindre le Centre et le Nord du Vietnam.

Les familles retrouvent leurs familles. Les magasins ferment pour une bonne part d’entre eux. Les restaurants de rue ouverts se comptent par dizaines et non plus par centaines. Les prix augmentent, il va sans dire.

Cette grande fête, ce renouveau alors qu’un animal fétiche laisse la place à un
autre (cette année la CHÈVRE remplace le CHEVAL) recouvre les gens et la ville d’une atmosphère de joie et d’échanges. Les enfants recevront de la part 
des plus âgés, parents et grands-parents leur enveloppe rouge dans laquelle on aura glissé quelques billets de VD (Vietnamese Dong) afin de leur souhaiter la chance et les meilleurs vœux. Plusieurs autres s’échangeront la même enveloppe (li xi) pour appeler la prospérité, la ''lucky money''. 

Les repas traditionnels (autour principalement du ban trung,         ce gâteau de riz gluant, de fèves et 
de porc) vont se multiplier.





Sur le coup de minuit, c’est l’heure du feu d’artifice       


précédé par des explosions de pétards    un peu partout, l’objectif étant de chasser les mauvais esprits. On croirait voir courir des feux follets à travers rues et ruelles. L’énervement des enfants n’a d’égal que celui des chiens tentant d’attraper au passage ces petits éclats couleur feu.

C’est avec la formule « phúc lộc thọ » que les Vietnamiens s’offrent leurs vœux de bonne année : bonheur, prospérité, longévité. Ils auront déjà fait leur visite à la pagode 

Les Vietnamiens sont d’importants consommateurs de bière et cette période est propice à de bonnes beuveries. Ils joueront aux cartes (tu sac) parfois des nuits entières. Les heures sont à la réjouissance et on n’oublie pas que le lendemain est congé. D’ailleurs pour la grande majorité d’entre eux, ça sera les uniques vacances annuelles.

On ne regarde pas à la dépense. Il est d’ailleurs de coutume d’acheter un article important : un morceau de linge ou un électroménager manquant. 


Sans oublier de fleurirde manière inimaginable la maison et l’autel des ancêtres. Car on ne les oublie pas, surtout si on souhaite leur protection pour l’année nouvelle. Un plat de fruits ornera la table.

Si on pense à la famille et aux ancêtres,   on n’en oublie pas pour autant les voisins. Ils font partie intégrante de la vie et les saluer, les inviter pour un apéritif ou un dîner est de rigueur. Une croyance veut que la première personne qui se présente chez vous le jour du Têt peut s’avérer un bon ou un mauvais présage. Pour contourner cette croyance, le maître de la maison aura pris la précaution de sortir de chez-lui un peu avant minuit et d'y revenir rapidement afin d'être le premier; ou encore d'inviter quelqu'un qui aura connu une chance exceptionnelle il y a peu de temps à se présenter.

Vivre le Têt au Vietnam est l’occasion de mieux saisir l’âme de ce peuple.




Je me rappelle avec beaucoup de bonheur l’an dernier alors que j’ai été invité dans le delta du Mékong dans la famille d’une amie de YoYo. J’y avais été reçu de manière inimaginable tout comme ce fut le cas cette année chez les propriétaires du café Song Thanh dans le District 7, café où je me retrouve deux ou trois fois par semaine afin d’écrire ce blogue.




À la prochaine.





























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