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3 personnages importants du procès... |
Une procureure (Marcia Clark) ayant subi un viol alors qu'elle était mineure, engagée dans la cause des violences faites aux femmes;
un groupe d'avocats pour assurer la défense d'un accusé (O.J. Simpson) dont la notoriété dépasse tout entendement autant dans le domaine du sport (super vedette des Bills de Buffalo de la NFL), que ceux du cinéma et de la télévision, équipe dirigée par Johnnie Cochran (un noir) qui réussit à écarter Robert Shapiro (un blanc) afin d'asseoir sa défense sur la discrimination raciale;
des policiers de Los Angeles traînant avec eux une réputation entachée par l'affaire Rodney King survenue en 1992 - celle du footbaleur aura lieu en juin 1994 - et cette hargne citoyenne atterrira sur les épaules de l'inspecteur Mark Fuhrman ;
un juge (Lance Ito) et un jury composé de 8 femmes afro-américaines, deux femmes blanches, un homme afro-américain et un homme hispanique suivront de près ce procès qui débute le 28 janvier 1995 pour s'achever le 3 octobre de la même année, ayant pour mandat de déclarer l'accusé coupable ou non, tout cela sous les yeux des Américains suivant assidûment ce procès télévisé - une première aux USA - qui verra défiler 150 témoins ;
l'utilisation des preuves d'ADN jouera un rôle important et permettra au public d'apprivoiser ce nouvel outil ;
une poursuite télévisée en direct à la télévision américaine, celle de la Bronco blanche à bord de laquelle l'accusé file à tout allure, menaçant de se tirer une balle dans la tête ; 

les familles Brown et Goldman assurées dès le départ de la culpabilité de l'accusé ;
et surtout, mais quasi oubliées, deux victimes cruellement assassinées, Nicole Brown (ex-épouse de l'accusé)et Ronald Goldman, ami de cette dernière.
Netflix, dans un documentaire particulièrement efficace, nous propose de revoir, 30 ans après les événements et de fond en comble, cette histoire haute en couleurs, en fait, en noir et blanc :
une Bronco blanche et paire de gants noirs ;
deux victimes blanches et un accusé noir ;
plusieurs membres de la communauté noire dans un palais de justice rutilant d'une blancheur aveuglante ;
à l'extérieur, noir de monde, le blanc des voitures d'une foule de médias...
Ce qui devait être le procès d'un prévenu accusé d'un double meurtre, celui d'une ex-épouse et d'un serveur (Ronald Goldman) venu rapporter à Nicole Brown une paire de lunettes oubliées au restaurant Cheesecake Factory où il travaille. Les deux ne survivront pas à la barbare agression survenue le 12 juin 1994 au 875 South Bundy Drive, Los Angeles. Il est environ 22h15.
Sans faire directement un procès d'intention à la justice américaine, UNE TRAQUE AMÉRICAINE pose plusieurs questions auxquelles il nous apparaît facile de répondre 30 ans plus tard, mais qui en ont hanté plusieurs à cette époque.
. A-t-on assisté au procès d'un accusé pour double meurtre ou à celui d'un héros national à qui de tels faits ne peuvent absolument pas lui être collé à la peau ?
. Est-ce que l'équipe de la défense (elle aura récolté plus de 9 millions $ de la part de l'accusé) n'a-t-elle pas parfaitement bien réussi à faire bifurquer l'accusation au profit d'une autre question, soit des intentions racistes cachées sous des actions sournoises, dont le fait d'avoir illégalement souillé les lieux du crime, transporté ailleurs des éléments importants (en pense ici au deuxième gant noir retrouver à la demeure de l'accusé et à l'ADN de l'accusé) ?
. Les procureurs de l'État de Californie ont-ils trop orienté leurs arguments sur la violence faite aux femmes ?
. Aura-t-on réussi à mêler tout le monde (et surtout les membres du jury) avec des théories de l'ADN qui, rappelons-le, sont à l'époque à leur début comme preuve dans les procès pour crime ?
. Le juge a-t-il erré en acceptant que le procès soit télévisé en direct ?
. Une fois le verdict tombé, pourquoi un seul homme sera condamné, soit l'inspecteur de police Mark Furhman, et cela pour parjure ?
. En février 1997, à la suite d'un procès au civil O.J Simpson est déclaré responsable de la mort de Nicole et Ronald et devra payer la somme de 33 millions$ aux deux familles - ce qui ne sera jamais fait. Lequel des deux tribunaux aura rendu le bon verdict ?
Que retenir de cette affaire qui aura fait couler beaucoup d'encre ? Que déduire de la justice américaine ?
Nos voisins américains sont-ils tous égaux devant la justice ou comme l'a dit Hans Ytterberg « Tous les hommes sont égaux - mais certains sont plus égaux que d'autres.»
Il n'y a pas que ce procès qui alimente des doutes, on n'a qu'à se reférer à quelques-uns qui se sont déroulé dernièrement pour avancer l'idée que plus on possède argent, renommée ou pouvoir, plus les chances que la justice rendue nous soit favorable. Pour le cas qui nous intéresse, plusieurs analystes et quelques juristes croient que cela aurait pu jouer, certains ayant même avancé que nous avons assisté à un simulacre de procès, un extraordinaire spectacle télévisé en direct ayant captivé des millions de spectateurs attentifs.
Jusqu'à sa mort, O.J. Simpson sera demeuré discret sur cette affaire, mais lorsqu'il fut condamné à 33 ans de prison pour vol en 2008 et avant son décès en 2024 à la suite d'un cancer, il publie un livre IF I DID IT, dans lequel il raconte la manière dont il se serait pris pour assassiner Nicole et Ronald s'il avait voulu le faire.
J'achève ce billet en citant un autre livre, celui-ci écrit par un détective privé texan, William C. Dear, «O.J. IS INNOCENT AND I CAN PROVE IT» dans lequel il avance l'hypothèse que le double meurtre aurait été commis en fait par le fils d'O.J., Jason âgé de 24 ans lors des faits et diagnostiqué avec un «trouble explosif intermittent» (le syndrôme Jekyll and Hyde).
P.S.
Hier soir, sur CRAVE cette fois, j'ai visionné le film JOKER : FOLIE À DEUX, la suite du film JOKER de Todd Philips mettant en vedette Joaqim Phoenix et Lady Gaga.
Bizarrement... l'intrigue tourne autour d'un procès (fictif celui-ci) que le réalisateur présente comme étant celui du siècle... dans la ville imaginaire de Gotham.