Georges DESROSIERS |
Georges PLOURDE |
Deux décès en l’espace de peu de
temps : un oncle ainsi que le père d’une essentielle amie. Les deux
portaient le même prénom, Georges.
Leur départ m’amène à fouiller dans mes
cahiers de lecture, que je remplis davantage que je vide, et cela depuis un
certain temps. Fouiller et découvrir quelques citations sur le thème de la
vieillesse.
Les disparus étaient, chacun, âgés de plus de 75 ans; 76 pour Georges
Plourde, 85 pour Georges Desrosiers. Ils se rejoignent par la numérologie : 13 = 4.
Voici ce que j’ai trouvé. Au tout
début de l’automne, je vous l’offre.
D’abord, quelques citations
provenant du livre NAISSANCE DE LA VIEILLESSE du Docteur Claude
Olievenstein qui a consacré sa vie aux toxicomanes.
. La vieillesse naît de la
comparaison.
. Vieillir c’est entrer peu à
peu, par paliers, dans l’isolement. Cela commence très longtemps avant l’entrée
dans le grand âge. Cela commence dès la fin de la lune de miel de la jeunesse,
des mises à l’épreuve triomphante du corps.
. Naître à la vieillesse n’est
pas l’affaire de quelques mois.
. Nous ne sommes pas égaux dans
l’entrée en vieillesse, nous le sommes encore moins dans le choix des
instruments qui permettent de contenir, retarder, utiliser les signes ou les
stigmates, les impossibilités, les limitations que nous impose le fait de
vieillir.
. La vieillesse est donc un
voyage à double face, l’une, celle de la solitude, étant infiniment plus
douloureuse que l’autre, celle du rapport avec autrui.
. La vieillesse pourrit son homme
sans trêve ni relâche.
. Vieillir, c’est aussi mettre de
plus en plus d’eau dans son vin.
. Il y a urgence. Que Dieu existe
ou pas. S’il n’existe pas, il faut l’inventer, chacun selon ses moyens.
Intellectuels, spirituels, familiaux, historiques. Si pour de vraies raisons il
n’est pas possible de l’inventer, il ne reste qu’à exploiter le non-sens,
dépassant l’absurde par la jouissance de chaque souffle de vie. Le sens est là,
dans l’instantané, dans le temps vécu, ici, là, tout de suite, maintenant,
faisant de chacun de nous des toxicomanes de la vie parce qu’il n’y a plus rien
après, parce que être programmé comme les hannetons ou autres insectes est
monstrueux, effaçant l’homitude, effaçant l’imaginaire.
J’achève avec Olievenstein en
transcrivant sa définition de la maturité :
'' la maturité, c’est un état
d’équilibre où les acquis dominent par rapport à ce qui reste de conquêtes à
faire. ''
Puis, Andrée Chedid qui écrit dans son merveilleux roman LA MAISON
SANS RACINES (on devrait en faire un film) :
'' De passage, et à l’aide dans
cet état migrateur, comme si elle pensait que l’existence elle-même n’était que
cela : un bref passage entre deux obscurités. Comme si dans la maison de
la chair si périssable, dans celle de l’esprit si mobile, dans celle du langage
en métamorphoses, elle reconnaissait ses seules et véritables habitations.
Malgré leur précarité, elle s’y sentait plus vivante, moins aliénée, qu’en ces
demeures de pierre, qu’en ces lieux hérités, transmis, souvent si agrippés au
passé et à leurs mottes de terre qu’ils en oublient l’espace autour.''
J’achève en citant le mot que Georges Plourde continuellement répétait :
'' Amour. ''
Et ceux de Georges Desrosiers : '' Je suis comme un boxeur, je préfère plutôt donner que recevoir.''
Salut vous deux.
P.S. '' Pour être
conscient qu’on vieillit, il faut vieillir sur fond de jeunesse. La fin
garantit le commencement, le commencement permet la fin.'' Hubert Aquin