lundi 30 mai 2016

QUATRE (4) CENT-QUATRE-VINGT-QUATRE (84)





sans guerre,
sans  paix





sans armes ni prières, ni frontières








faire la paix à la guerre
ni la transporter ni  l'imposer

serions-nous sans armes, sans prières
dans l'étroit enclos de nos frontières?

tantôt, elle se dit sainte
la guerre... parfois citoyenne...
saignant ceux qui en souffrent
ces innocents cloués à leurs galères

hier encore, près d'un mausolée,
des militaires médaillés
exposaient leurs blessures
sous des insignes d'acier



sans armes ni prières, ni frontières


n'abhorrent la guerre 
que mille ruines innocentes

en marche sur des routes pavées de dollars
rides aux mains comme des araignées

les déserts thésaurisant des sécheresses
ces printemps qui s'accumulent sur les océans
les ciels évaporés en leurs nuages
toujours frémissant aux heures plastiques 

les enfants des camps sans fortune
jouent à talonner leurs parents
derrière la déliquescence des sols
que ratissent des monstres d'acier



sans armes ni prières, ni frontières

on aura amputé les âmes de leur foi
pour y glisser une implacable haine 

elle ronge jusqu'à la moelle
les naïves images des icônes

naguère, à l'heure des glaives, des épées
les chevaux pilonnaient l'histoire
à coups de sabots tels des bottes
leurs secousses résonnent encore  

couronnes et tiares dont se coiffent
les faux artisans de la paix
jamais n'abdiqueront leurs droits
acquis au fil de croisades millénaires



sans armes, ni prières, ni frontières


de la guerre, la paix n'est pas l'opposite
elle en tranche la nuit pour faire le jour  

s'appuyant sur des coeurs éternels
un bâton de pélerin la soutient

revêtue de sa tunique opalescente
la paix n'a ni armes, ni prières
ignore les frontières postiches
que protègent des vents infects

elle va, boiteuse et chancelante
traverse les siècles millénaires
qui lui arrache à coup de griffes
les espoirs dont elle est porteuse


sans armes, ni prières, ni frontières

la paix et la guerre à la même table festoient
féminines, tout à la fois yin et yang 

tatouées aux seins des femmes qui les portent
leur nomment le temps et l'espace sidéral

les hommes auront beaucoup parlé d'elles
avec des balbutiements inaudibles
ne sachant trop pour laquelle exactement
éructaient les mots de leurs gueules 

la paix et la guerre, ôpiniatres soeurs jumelles
depuis des lustres ne repéreront les lieux irrécusables
pour y déposer armes, prières et frontières
trop subjuguées encore à tenter d'exister

sans armes, ni prières, ni frontières



À la prochaine

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