jeudi 29 mars 2012

Made in China (2)

Le trajet entre Shenzhen et Canton, nous l'avons fait en train qui est parti à l'heure et s'est pointé à la gare exactement à l'heure prévue. Pas une minute de retard comme le veut la discipline chinoise. Nous attendait une ville différente de la première mais semblable à certains égards. Beaucoup plus vaste, c'est tout de même la troisième ville en importance de Chine, ville de commerce import/export.

La Rivière Pearl la coupe en deux parties et tout comme Shenzhen le modernisme l'habille de buildings, de tours et de somptueux appartements tout le long de cette rivière qui présente un cachet différent quand on la côtoie la nuit; le jour, elle ressemble à la rivière Saigon. Ses eaux sont brunes et se baladent poussées par un assez fort courant. De chaque côté de la rive, deux pistes piétonnières fort bien aménagées permettent de belles et longues promenades.

Peu de motos, beaucoup de vélos. Beaucoup de voitures et surtout des autobus en quantité industrielle. Métro fonctionnel. Des marchés, surtout dans le quartier ou se situe notre hôtel. Je ne l'avais pas tout à fait remarqué à Shenzhen mais ici c'est devenu une évidence, le Chinois moyen parle fort. Très fort. Il fume beaucoup également.

Autre petit détail qui, lorsqu'on ne le sait pas, peut devenir embarassant ce sont les toilettes publiques; les bonnes vieilles toilettes turques, sans papier. D'ailleurs, on a de la difficulté à trouver du papier à main autant dans les lavabos que dans les restaurants. Par chance que nous faisions une pause café chez MacDonald's - ils sont légion ici - et refaisions notre provision de papier.

Je vous disais que les Chinois que j'ai rencontrés ne manifestent pas beaucoup d'émotion, ici, ils ne sourient carrément pas. Leur arracher un plissement dans le visage tient de l'exploit. Mais, ils besognent. À tout moment de la journée on les voit se promener avec des cargaisons de boites de carton remplies de marchandises ou encore de grands sacs en jute usée. Ils le font en vélo ou en caddies comme ceux que l'on retrouve dans nos grands entrepôts.

Autre chose: les banderoles. Rouges. Elles sont partout, sur les chantiers de construction, face aux édifices publics; je ne sais trop ce que ces sinogrammes de l'écriture logographique peut signifier, mais ca semble assez important pour se mériter une place de choix. D'ailleurs, suite à ce contact avec la langue chinoise qui est beaucoup en tch, je peux dire qu'elle me semble plus facile à parler que le vietnamien qui est toutefois lisible ce qu'on ne peut dire de l'autre.

Autre phénomène, relíe celui-ci à la récupération et l'écologie; en Chine, on récupère les bouteilles de plastique, tout plastique en fait, mais il existe une surabondance d'utilisation de sacs en plastique que l'on retrouve partout.

Que faire à Canton? Nous avons d'abord gravi la Baiyun Mountain, 1650 m de bonheur et de sueurs. Il y avait foule la journée ou nous y sommes allés. Au pied de la montagne, un petit marché fort agréable ou j'ai pu assister et participer à une cérémonie du thé. Important le thé là-bas. On le sert gratuitement dans les restaurants à la place de l'eau.

Cette montagne surplombe Canton et la vue une fois arrivés, à bout de souffle, vous coupe ce qui reste de souffle. Un MacDonald's trône tout en haut... Un peu plus bas, un temple magnifique.

L'autre visite, celle du Yuexiu Park, relève du grand calme. Les gens marchent lentement, s'arrêtent pour écouter un groupe de chanteuses (âgées) qui interprètent des airs du folklore cantonais. Un violon et une flute traversière laissent filter leurs sons à travers des arbres d'une beauté majestueuse. Six femmes jouent aux cartes. Des jeunes prennent des photos en imitant les modèles de mode qui pullulent à la télévision asiatique. Des aires de repos... pour fumeurs. Et des vendeurs de toutes sortes.

Nous sommes rentrés du parc à pied et avons pu apprécier la vie calme que les Chinois semblent priser. Mais pour moi, je souhaitais davantage. Ayant mis une croix sur la possibilité d'entrer en contact avec le Chinois de souche, je souhaitais m'aventurer dans quelques ruelles qui se sauvent des grandes artères et semblent remplies de mystères. Mes guides ont trouvé mon idée un peu hasardeuse mais je les ai quand convaincu.

On ne peut imaginer ce qui se cache derrìere ces facades un peu rigides, ces grandes clôtures décourageantes... mais lorsqu'on ose... on découvre de petites merveilles. D'ailleurs, Saigon regorgent de cela. À Canton, deux ou trois ruelles nous ont offert le spectacle de la vie quotidienne du Chinois au regard lugubre qui semble se demander d'ou nous sortions. Peu de photos car ca aurait été, disons intrusif. Pour un voyageur souhaitant aller plus loin, en autant qu'ils puisse communiquer, le Canton des ruelles me semble passionnant.

Voilà pour cette semaine en Chine. Est-ce que j'y reviendrai? La réponse au prochain épisode.

À bientôt.

Made in China (1)

Une semaine en Chine, ce n'est pas assez pour connaitre ce pays immense, ce pays qui, semble-t-il, sera le nouvel empire une fois les USA complètement KO.

Dans l'avion de la compagnie Vietnam Airlines qui me menait à Guangzhou (Canton), je me demandais comment j'allais recevoir ce pays complexe, celui qui présente un essor incroyable et, d'après mon guide, différent selon le point cardinal vers lequel on se dirige. Nous, c'est le sud. Deux villes: Guangzhou et Shenzhen.

Les trois premiers jours à Shenzhen - nous sommes descendus d'avion à Canton pour faire le dernier bout de chemin par autobus - nous fumes à même de constater la différence innomable entre le Vietnam et ce coin de Chine. Buildings immenses collés les uns sur les autres; autoroutes hyper modernes; boulevards larges sur lesquels circulent de rutilantes voitures et presque pas de motocyclettes; le bruit habituel d'une grande ville sans plus; une pollution qui ne se compare absolument pas à celle de Saigon au point qu'on la croit inexistante; des Chinois chics qui semblent savoir exactement ou ils vont et ne se soucient guère des autres; des policiers partout; des caméras vidéo à tous les dix pas; et lorsque les grandes artères sont loin de nous, une pauvreté ou mieux encore, une simplicité de vie qui pourrait faire vietnamienne.

Shenzhen est située tout près de la mer de Chine Méridionale et face à Hong Kong. Elle a du s'avouer vaincue dans sa lutte pour obtenir l'Exposition Universelle de 2010 (j'espère ne pas me tromper de date) au profit de Shangai mais on voit rapidement qu'elle s'y était férocement préparer: un métro (copie de celui de Barcelone) rapide, efficace et d'une propreté exemplaire; des hôtels de luxe à chaque coin de rue; des restaurants de qualité; et une population... docile.

Autant ici qu'à Canton, ma premìere impression fut de remarquer à quel point ces Chinois sont disciplinés et surveillés. Je me disais que si leurs visages ne manifestaient aucune émotion, ni positive, ni négative, ce pouvait sans doute être du au fait que se sachant suivis par un invisible Brother dont les yeux sont juchés dans les arbres, cloués aux lampadaires, accrochés au-dessus des feux de circulation, cachés sous les arcades des grandes rues, partout finalement. Après deux jours cette omniprésence te mène à te demander si vivre continuellement sous le regard des caméras te rend paranoiaque ou prudent. Ou encore indifférent. Je ne le sais pas, mais tout comme la chaleur saigonaise à laquelle finalement on s'adapte, c'est sans doute la même chose pour la vidéo.

Qui a-t-il d'intéressant à Shenzhen? Je ne peux dire beaucoup de choses sur l'activité économique mais elle semble être au coeur de cette ville qui regarde vers l'avenir comme le ferait un jeune cadre à l'ambition vorace. L'argent (ici c'est le huan, 6 huan = 1 dollar cd) joue un rôle essentiel et le cout de la vie s'en ressent. Le niveau de vie est élevé et rien ne semble gratuit. J'ai remarqué que les Cantonnais comptent tout le temps leurs sous et ne semblent pas faire beaucoup d'erreurs de calcul. On doit payer le repas au restaurant une fois la commande passée. Dans les magasins on vous presse d'acheter et pour marchander sur les prix, il faudra repasser. Tout est ouvert à 9 heures le matin et on ferme vers 23 heures. La marchandise Made in China est abondante mais peu variée. Peu d'originalité non plus, on retrouve ici tout ce que l'on voit chez nous Made in China.

Nous avons fait un tour de ville à bord d'un minirail qui ventait les mérites de Happy Valley, un groupe de parcs d'attractions thématiques (5 en tout) qui gruge une importante partie du territoire de la ville. On dit qu'il est le plus grand parc de Chine. Vous dire que c'est dispendieux serait un euphémisme. Toutefois, Shenzhen possède des arbres de toute beauté ce qui tranche énormément sur la monotonie des couleurs des édifices et des maisons. Illuminée la nuit, la ville devient brillamment colorée.

L'hôtel 3 étoiles ou nous logions était digne des bons motels qui poussent le long de nos routes. Autrement ce sont ceux de très grand luxe. Il n'y a pas de milieu ici: tout l'un ou tout l'autre. Nous avons mangé, très correctement mais avec peu de variétés dans les plats cuisinés surtout à base de nouilles et de riz.

La température y fut agréable, oscillant entre 25 et 28 degrés Celcius. Un peu de pluie le premier soir de notre arrivée.

Et les gens? Nous avons eu très peu de contacts avec les Chinois - la langue est un obstacle de taille tout comme au Vietnam - mais je n'ai pas senti un grand intérêt de leur part. Même au restaurant nous étions dans une relation client/vendeur. Du commerce quoi! Les personnes avec lesquelles j'ai pu échanger - grâce au guide-traducteur - étaient des mendiants, et il y en a beaucoup.

J'avoue qu'après trois jours, j'étais prêt à voir autre chose....

Un être dépressif - 14 -

  Un être dépressif - 14 - C’est à partir du poème de Jean DUGUAY, mon ami psychologue-poète, que je lance ce billet.                      ...