Avant
d’attaquer la suite de la chronique 9 qui traitait de trois points en dormance
dans mon cahier de notes – nous en avons vu deux déjà - je tiens à dire quelques mots sur mon court
voyage à Vung Tau le dimanche 29 et lundi 30 mars.
J’y
ai pris une importante décision en ce qui regarde mon prochain voyage, celui
qui démarrera en novembre prochain pour s’achever en mai 2016 : celle de
m’installer à Vung Tau en lieu et place de Saïgon.
En
fait, j’avais deux possibilités, sérieuses. La première étant de louer une
maison à Hoï An, la seconde, Vung Tau, dans les appartements Lam Son que
j’avais visités l’an dernier et qui m’apparaissaient intéressants pour un
hypothétique séjour de mes amis Gérard et Maryse. Ils ont préféré passer une
partie de l’hiver au Mexique.
Une
visite ce week-end m’a convaincu que l’endroit me conviendra parfaitement :
vue sur la mer et sur la montagne, à quelques minutes de marche de la mer
Orientale. Vung Tau, situé à environ 2 heures de bus de Saïgon, est l’endroit
de villégiature préféré des Vietnamiens.
Madame
Thanh, la gérante de l’endroit, dame fort sympathique avec qui, me semble-t-il,
vivre sera fort agréable.
Pour
les plus curieux d’entre vous, j’ai fait une vidéo de l’endroit, en février ou mars 2014. Elle est sur
ma chaîne You Tube et titrée «Pour Gérard et Maryse seulement».
Voilà.
Revenons
à nos moutons. Voici maintenant le troisième extrait et les commentaires
suivront.
Le
troisième
- Alors que l’homme scrute l’écran du IPad, la femme
devant lui, vêtue d’un châle en soie que le vent d’après-midi obligeait à
replacer sur ses épaules, parfois le regardait, parfois retournait ses yeux
vers la rue où circulent les motos, cette femme semblait s’ennuyer. Touristes
hollandais, je crois. À l’aube du troisième âge. Lui, un café latte, elle, une
liqueur dont la couleur tout doucement tirait sur le beige pâle température
pièce, tous les deux s’embêtaient.
Lorsqu’ils abandonnèrent la table, que le serveur l’eut
nettoyée, un autre client, seul, s’y installa, regardant lui aussi vers la rue
où circulent les motos.
L’étrange sentiment de leur avoir volé un moment
d’intimité s’empara de moi.
C
o m m e n t a i r e
Dans les cafés du District 1, que ce
soit chez les grandes chaînes ou encore les petits cafés de pure tradition
vietnamienne, on y retrouve en majorité des touristes. Saïgon – le Saïgon
touristique – c’est en grande partie le centre-ville (District 1) : musées,
restaurants, grands hôtels, bars, clubs s’y trouvent en majeure partie.
Cette
note m’amène à vous entretenir d’un sujet dont je suis le plus grand néophyte.
En fait, bien que j’en sois un – je préfère m’identifier comme étranger – je ne
rencontre que très peu de touristes. Je les vois sur les coins de rues, Routard
ou carte de la ville en main, à la recherche d’un point de chute ou d’une
destination qui souvent se trouve tout juste sous leurs yeux. Peu ou pas de
contacts à moins qu’ils discutent en français ou encore que ce soit évident
qu’ils aient la nationalité canadienne tout comme moi. Il m’arrivera
occasionnellement de répondre à une question d’orientation – ils ne savent pas
que je suis pourri dans le domaine et que mes informations puissent les égarer
davantage qu’ils le sont actuellement – ou bien de lire dans des yeux effarés
une inquiétude telle que je me permets de les accompagner sur quelques mètres
pour les laisser sur une artère principale.
C’est
toutefois dans un café que les rencontres se font plus parlantes. J’y suis la
plupart du temps pour discuter avec un ami vietnamien ou prendre un café tout
en lisant. Ils sont là, se protégeant de la chaleur, remettant leur cédule à
jour, leur organisation du temps, écrivant des cartes postales, consultant sur
IPad l’horaire de prochaines activités.
Remarque :
le touriste qui s’arrête à Saïgon est rarement solitaire; en couple, c’est le type masculin qui semble
gérer le voyage ou en groupe, un guide les accompagne. Dans les deux cas, la
barrière linguistique représente toujours le premier ennui. Pour le couple, un
Assimil; pour le groupe, l’interprète autochtone.
Caractéristique :
elle est de taille, l’habillement. On reconnaît les nouveaux arrivants de ceux
qui pataugent en climat tropical depuis quelques jours par le port du vêtement :
«Il va faire chaud, on s’habille léger» diront les nouveaux; «Craignons le soleil,
habillons-nous en long» diront les deux semaines et plus. On serait porté à croire que le short et le chandail à
bretelles conviennent bien à cette température. Erreur! On peut basculer de 35
degrés C à 20 degrés en l’espace d’une entrée dans un restaurant ou un magasin.
Il faut craindre les refroidissements subits. Plusieurs cafés extérieurs
climatisent… l’extérieur. Surtout lors de la saison sèche (novembre à avril).
Remarque :
j’ai déjà écrit que je me considérais comme un «ouèreux» c’est-à-dire celui qui fouine, qui fourre son nez partout. De plus, la curiosité me porte à écouter
les conversations. Avec les Vietnamiens je n’y gagne pas grand-chose alors je
me reprends auprès des touristes. J’en découvre de bien belles!
Commentaire
du touriste nouvel arrivant, un classique: «Il me semble que ça serait plus simple
s’ils faisaient cela de telle manière.» «Pourquoi ils se compliquent la vie.»
Le
Vietnamien est un travailleur honnête, assidu et perfectionniste. On lui
demandera d’effectuer une tâche de telle manière qu’il n’y dérogera pas d’un iota.
Le patron a raison, toujours raison. Ce qui ne l’empêchera pas, une fois le
boulot terminé, d’y aller de ses propos sur les manières de faire.
En
bon occidental que nous sommes – je m’inclus fort évidemment – parfois pour ne
pas dire souvent, certaines façons de faire mériteraient un certain polissage.
Exemple
1 : vous magasinez (au marché ou dans un magasin) immédiatement sans crier gare, voici qu’une serveuse vous talonne : un pas
à gauche, un pas à droite, la serveuse se retrouve encore dans vos souliers
(dans vos gougounes).
Exemple
2 : vous êtes au restaurant. Un .e employé.e se voit attitrer à votre
table. Un plat est terminé qu’il.elle s’en empare et dessert. La boisson est
terminée, on vous la remplace illico sans même vous le demander. On serait
porté à croire que l’employé.e ,à la limite, va s’asseoir avec vous et partager
le repas.
Mais
je reviens à mes touristes. La chaleur produit sur un organisme non habitué une
sensation de lourdeur et de fatigue qu’il faut savoir prévenir. Le truc étant
de s’assurer une hydratation continuelle : peu d’eau, souvent et surtout
éviter l’eau froide.
Lorsque
je vois des touristes dans un café, affalés est le terme adéquat, l’un à son
IPad, l’autre à remonter une bretelle hostile, deux ou trois soupirs, jamais au
même moment, je me dis que le Vietnam fait son chemin tout doucement à l’intérieur
d’eux. On dit que l’on est envoûté par ce pays ou qu’on le déteste au point de
le fuir.
Le
Vietnam fait son chemin en vous, touristes ou étrangers, lorsque vous ne vous
rendez plus compte que vous y êtes, qu’aucun jugement ne bouscule vos
habitudes, rien d’autre qu’être là, c’est-à-dire ici.
À
la prochaine