samedi 28 avril 2007

Le cent soixante-troisième saut de crapaud

Voilà. Vous venez de recevoir UN DOUBLE EXIL.


Sur 21 chapitres. Roman écrit avec la complicité d'un groupe d'élèves en cheminenemt temporaire - ce qui veut dire en langue commune, des élèves accusant en moyenne une ou deux années de retard dans leur parcours scolaire - au cours de l'année académique 1993-1994.





Il est apparu intéressant au crapaud de reproduire ce roman qui déjà se présente sous forme de livre, pour deux raisons. La première: il reprend vie et se projette sur une toile à la fois immense et imprévisible. Va savoir qui le recevra? Déjà, il est dans quelques écoles québécoises et africaines, dans la bibliothèque de quelques universités où des enseignants en pédagogie l'ont placé sur leur liste d'oeuvres à lire.

La deuxième est toute simple. Nous célébrons aujourd'hui même le 40ième anniversaire de l'ouverture de l'Exposition Universelle de Montréal qui pendant six mois, sous le thème TERRE DES HOMMES aura permis aux Québécois de s'ouvrir sur le monde en le recevant et le laissant s'infiltrer dans nos cerveaux et nos consciences.

Le crapaud ne croit pas se tromper en disant que la Révolution Tranquille du début des années 1960 permit au Québec de passer de la ruralité à l'urbanité, et qu'Expo'67 représente le saut vers le monde. Quarante ans plus tard, ceux et celles qui l'ont vécue avec ou sans passeport et, sans aucune présomption, ceux et celles qui étaient directement sur place, jour après jour, sur ces îles que les Témoins de Jéhovah prédisaient qu'elles allaient s'engloutir dans le fleuve Saint-Laurent et couler lamentablement jusqu'aux enfers... que cette époque fut un des événements majeurs de leur vie.


Le crapaud y était. Il se souvient d'avoir travaillé d'avril à septembre sur le site de LA RONDE, à raison de deux cents dollars par semaine (ce qui permit de moins emprunter pour les études), de jour ou de nuit, d'avoir vu défiler plus de cinquante millions de personnes (ce qui équivalait à plus de dix fois la population québécoise, près de trois fois la population canadienne de 1967), d'avoir pu visiter tous les pavillons thématiques ou nationaux, d'avoir entendu parler des langues qu'il lui serait difficile de nommer, s'être émerveillé devant des gens vêtus de manière si différente... Avez-vous remarqué à quel point la différence nous arrive d'abord par ses allures extérieures? Il me souvient de ma première femme voilée (entièrement) rencontrée à Londres en 1976... le choc! À combien d'occasions, sur cette terre des hommes - aujourd'hui, il faudrait dire terre des humains pour faire plus global - le même choc m'est parvenu? Difficile à dire, chaque jour lui apportait son lot de découvertes et d'émerveillements.


De sorte que les élèves du groupe 31 qui allait pondre UN DOUBLE EXIL furent entièrement fascinés par ce moment de l'histoire du Québec et décidèrent de le mettre au coeur même de leur histoire. Les questions qu'ils posèrent! Les recherches qu'ils firent! Seul le Japon eut son équivalent.
Vingt-cinq ans pour un adolescent de 15 ans, c'est de l'ordre de la préhistoire. Imaginez alors ce que peut représenter celui qui avait vingt ans en 1967 et découvrait le monde...


Car pour le crapaud, ce fut cela: la découverte du monde. Il connaissait de par les livres et les atlas, le nom des pays d'Europe et d'ailleurs, parfois leur capitale et avec un peu de chance, s'il s'agissait d'un pays libre ou communiste. Guère plus. L'Expo'67 lui amena tout cela directement à côté de son petit étang personnel. En parler aux élèves fut pour lui l'occasion de revivre ces moments uniques qui, au-delà du travail quotidien et parfois harassant, portaient son lot inestimable d'informations et de regards sur des ailleurs encore inconnus quelques mois auparavant.

40 ans! Ça questionne le temps. Ce matin du 28 avril 2007 - dans quelques heures sera l'ouverture d'Expo'67 et je revois Jean Drapeau, Pierre Dupuys, Daniel Johnson et Lester B. Pearson, fiers et rayonnants sous un soleil encore un peu frisquet - le crapaud retourne la tête et mesure à quel point il aurait pu être fondamentalement un autre n'eût été de ce printemps/été de l'année de ses 20 ans.


Bonne journée spéciale à toutes celles et à tous ceux qui y travaillèrent. Aussi à toutes celles et tous ceux qui y sont venus. Tous et toutes ne peuvent que s'en souvenir, se rappeler tel ou tel événement les ayant marqués.

Et salutations spéciales à tous les élèves du groupe 31 de l'année 1993-1994... qui, à leur tour, ont maintenant vingt-cinq ans.




* Le crapaud vous glisse quelques photos qu'il n'a pu ajouter tout au long des divers chapitres mais qui s'avéraient pertinentes.


Un être dépressif - 14 -

  Un être dépressif - 14 - C’est à partir du poème de Jean DUGUAY, mon ami psychologue-poète, que je lance ce billet.                      ...