jeudi 2 janvier 2025

Projet entre nostalgie et fantaisie... (13)

 



neige chinoise

une vieille dame chinoise balaie la neige morte sur son balcon
silencieuse, elle songe à son fils muet
de la neige que l'ennui a sassée sur son balcon
ne lui reste plus que les silences d'un fils
 
la dame du balcon chinois déploie ses ailes
sorcière au balai blanc
à la main, les grains d'un chapelet usé
qu'elle agite sans se faire entendre

muette de fils, elle lui parle avec ses mains
dans de grandes envolées de balcon
ses silences parlent anglais
ses souffrances, chinois

et elle pleure une neige balayée
les mots, en elle,
se transforment en images
ceux qu'elle avait lus
qui ne contenaient plus de sons
les mots devenus icônes de ciment
des traces sur les trottoirs balayés
     
341
16 mars 2010





 comme un poème géographique
 
                                                                            
 

à une flaque d’eau atlantique, les pieds enchaînés
s’étendront, pacifiques, jusqu’au bout de la terre
au bout de la mer… et des autres liquides
suivant les fuites parallèles des crevasses vierges

à pas timides ils avanceront
tel un grand et long poème géographique
par-delà les distances qui explosent des cartes
s’arrêtant finalement à l’envers du monde
pour chercher dans l’eau… sous l’eau
les vérités qui mentent à l’ordalie du temps
et s’y abreuvent jusqu’à plus soif

sur le piédouche des baies arctiques,
puissamment, ils se relèveront de leurs faiblesses
mesurant la hauteur des falaises volcaniques

et à bout de sang, comme celui qui a tout perdu,
ils s’échapperont avec la fonte des icebergs
comme un grand, un long poème géographique

 

7 mai 2010
353

 

rage d’aimer


rage d’aimer, tu répands tes odeurs
emmêlées d’angoisse et de panique
crucifiant le cœur sur un pilori de nicotine
puis
tu te fais douce comme l’eau qui chatouille les roches

rage d’aimer, tu répands tes couleurs
éparpillées sur des ardoises déboussolées
jusqu’aux sillons d’un cerveau éperdu
puis
six heures, tu ne sauras pas dans le vert brun du ciel
si c’est matin ou soir

rage d’aimer, ta blondeur blanche et bleue
pourchasse compulsivement la raison
dans ses derniers retranchements
puis
les deux bougies allumées au pied de ton lit
n’auront pas suffi

arrogante rage d’aimer terrée dans la violence
des nuits froides et torrides
attend le geste zéro comme un loup inquiet
puis
tu écris un poème d’amour sur fond d’océan
turquoise et coquillage

rage d’aimer, tu enserres de tes griffes
les mots insensés qui ne parlent plus
que dans de longs corridors étourdis
puis
les éternels abandons boiteux marchent
sur les aveugles jointures de nos mains

rage d’aimer, menottes d’or aux poignets
tu rentres de ton univers clos
et puis
consciemment,
ravages la sécheresse des puits…

 

Mai 2010
356

                            

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