mardi 29 mai 2007

Le cent soixante-quatrième saut de crapaud (22)



Chapitre 54


- Roger Ninja, vois-tu ce que je vois?

Le chien et Raccoon s'amusaient, le plus petit courant dans une direction et le chow chow, oubliant sa formation de chien policier, partait derrière lui et deux instants après, ils se retrouvaient un peu plus loin.

La puissante mâchoire du chow chow aurait pu, d'un seul coup, faire de la bouillie du raton laveur mais Raccoon et Roger Ninja, le moins que l'on puisse dire, étaient devenus d'excellents amis. ce que remarqua l'Inspecteur en plus du fait qu'il parlait tout seul.
- Espèce de bébé de chien! Pas moyen d'être sérieux. Roger Ninja, viens voir ce que j'ai découvert.

Rien de plus normal pour le policier que de voir devant lui cette maison, il n'y trouvait là rien de particulier ou de spécial, cela faisait comme partie intégrante des conclusions de son hypothèse quant au vol de pierres précieuses, convaincu qu'il venait de découvrir le repère des voleurs et que maintenant, il les coffrerait comme des débutants. Plus de problème de communication puisqu'il trouverait à l'intérieur de cette maison un téléphone lui permettant de rejoindre la Centrale de Montraél qui aussitôt lui enverra un hélicoptère pour ramasser tout ce beau monde. Déjà, dans sa tête, il préparait les réponses aux questions de tous ces journalistes venus du monde entier et au-delà pour couvrir cet événement. Le Musée Saint-Antoine lui remettrait un doctorat honoris causa suite à cette capture; une exposition de cette envergure, on n'avait pas l'occasion d'en recevoir à Montréal tous les ans.

Jackson était persuadé que les voleurs dormaient dans la maison et en fin limier qu'il croyait être, s'avança avec toutes les précautions que son métier exigeait, avec des airs, des gestes emprunté à son émule, l'inspecteur Clouzot alias La Panthère Rose pour qui il avait une admiration incommensurable. Mais, au-delà de tout cela, de toute la gloire rejaillissant sur lui, il souhaitait pouvoir casser la croûte dans les plus brefs délais, son appétît lui envoyant des sons non équivoques.
- Roger Ninja, viens ici tout de suite. L'heure est grave. Nous devons nous diriger vers cette maison qui, étrangement, ne porte pas de numéro civique.

Le chien, qu'un élan professionel ramena à la complexe réalité de l'enquête , se précipita vers son maître, suivi par Raccoon s'imaginant que son nouvel ami jouait toujours.

Le flair de ce chien était reconnu pour sa presque infaillibilité, de sorte qu'il se dirigea immédiatement vers le garage dont la porte était demeurée ouverte. Il entra. Fit le tour pour ressortir aussitôt après avoir émis un jappement digne du Vagabond.

Les Six, rendus à la haie, entendirent le chien.
- Raccon è avec eux autres, j'y va.
- Non, Joe, tu attends. Tu vas nous faire repérer. Observons d'abord de loin, nous verrons par la suite. Mario se faisait de plus en plus catégorique.
- Oui, mais le chien va flairer nos pas, reprit Bob. Il faut entrer et se barricader dans la maison.
- À moins qu'il n'entre lui-même, s'il est familier avec cette demeure.
- Tu as raison, Mario. Trouvons un endroit où nous cacher.

Les membres de la gang ressentaient de plus en plus de nervosité, cela paraissait dans leurs agissements alors qu'ils allaient d'un côté, d'un l'autre, indécis quant à la direction qu'il leur fallait prendre. En traversant la haie, ils virent un très grand champ dans lequel poussait du blé. Ou quelque chose dans le genre...





- Il ne semble pas vrai, dit Annie.
- Exact. Je n'ai aucune idée en quel matériau il est fait, dit Rock cherchant du regard à en trouver l'extrémité.
- On croirait une espèce de tableau dans lequel on peut s'avancer mais dont les limites se repoussent à mesure.
- Comme du blé artificile, conclut Rock.

Afin de mieux voir et surtout pour épier l'homme, son chien et Raccoon, les Six grimpèrent chacun dans un arbre. Plus ils montaient, mieux ils pouvaient apercevoir la profondeur inimaginable du champ de blé. De la maison, face à eux, toujours impossible de voir à l'intérieur mais le garage sur la gauche paraissait minuscule par rapport à ce château.

Ils pouvaient voir qu'au rez-de-chaussée les fenêtres se faisaient rares alors qu'au deux étages, il leur était difficile de les dénombrer. Pas de rideaux. Pas de stores. Ça semblait obscur à l'intérieur.

- J'voé Raccoon, dit Joe alors qu'il faillit tomber en bas de son perchoir.
- Pas un mot, Joe, lui dit Mario.

L'inspecteur Jackson entra dans le garage. Raccoon resta dehors comme si quelque chose l'incitait à ne pas le suivre. Après s'être arrêté à la hauteur du raton laveur, le chow chow, à son tour, pénétra. La porte se refermait derrière eux.

Alors que les Six ne lâchaient pas l'endroit des yeux, ils entendirent un grand cri, ce qui effraya Raccon. Il recula et se dirigea vers l'arrière de la maison. Joe, voyant que son bébé raton laveur s'approchait des arbres, descendit et l'appela. Raccoon le reconnut et bondit vers son maître, sa mêre ou son frère, la fin de l'histoire finira bien par nous le dire.
- Tu veux m'faire mourir. Cé quoi l'idée de suivre le premier venu qui passe? T'aura pu t'faire dévorer par c't'espèce de gros toutou.

Joe ne s'occupait plus que de son raton laveur et n'entendait pas Mario qui lui chuchotait:
- Joe, tu remontes ou quoi?
- As-tu entendu le cri? On devra allé voir. Y sont p't'être faites tuer eux autres itou.
- Pas question. Tu remontes et tu te la fermes.

Ce que Joe fit, fier d'avoir retrouvé Raccoon. Reprenant son poste dans l'arbre, comme les autres, il attendit tout en placotant avec son animal.

Les montres s'étant arrêtées, impossible de dire quelle heure il pouvait bien être et depuis combien de temps, le bonhomme accompagné de son chien étaient enfermés. Seraient-ils tombés dans un piège qu'eux auraient évité de justesse?

Au bout d'un moment, approximativement quinze minutes, Mario dit:
- Je ne sais pas ce qui se passe mais on ne va tout de même pas mourir ici. Descendons et tentons d'entrer dans la maison. Elle semble abandonnée.
- T'es certain de ce que tu dis? demanda Caro.
- Non, mais il faut bien tenter quelque chose.
- Je ne sais pas si c'est prudent, continua Caro.
- Non, mais ma conscience me dit qu 'il faut franchir cet obstacle, acheva Mario en quittant son poste de surveillance.

Les autres l'imitèrent.

Annie se demanda s'ils pourront trouver quelque chose à manger, eux qui n'ont pas déjeuné et qu'il était au-delà de neuf heures depuis un bon moment.

Mario, songeur, calculait dans sa tête. Rock s'inquiétait pour son ami et lui demanda:
- Pourquoi nos montres se sont-elles arrêtées à neuf heures? Pourquoi tous ces triangles? Le hasard?
- Non, Rock. À partir de l'étang, il ne faut plus parler de hasard. Tous ces événements sont reliés entre eux. Le nombre 9, le triangle, l'insigne... tout cela veut dire quelque chose... Je suis certain que cette maison est la fin ou le commencement de tout cela.
- Peux-tu être plus précis? demanda Caro.
- N'attendons pas un instant de plus et entrons.

Ils n'eurent guère le temps de réfléchir que déjà Raccon était à la recherche d'un endroit pour entrer.
- Un vra raton laveur policier, dit Joe, fier de son petit animal.

Bob jeta un coup d'oeil vers le garage où tout lui semblait bien calme depuis le grand cri qu'ils avaient entendu, sachant très bien ce qui pouvait en avoir été l'origine.

- Ça y est, Raccon a trouvé, dit Bob qui se précipita, suivi des autres, vers une des extrémités de la maison.

Un escalier. Un perron. On déambulait sur la pointe des pieds. Une fenêtre ouverte de quelques millimètres. On ouvrit et voilà, les Six + un à l'intérieur d'une fort silencieuse demeure.


Chapitre 55




L'inspecteur Jackson revint de son évanouissement. La vue des cadavres à l'intérieur de la boîte du camion l'avait renversé. Roger Ninja, immobile à côté de lui, attendait que le gros homme reprenne conscience se demandant où avait bien pu se cacher son jeune nouvel ami.
- C'est effrayant, cette odeur-là!

Debout près du camion, l'Inspecteur jugea plus professionnel d'y remonter afin de prendre quelques empruntes digitales sur chacun des cadavres. Il se demanda comment il allait faire, l'odeur étant suffocante. Revoyant les macchabées, il frissonna d'horreur tout en se grattant la tête.

Ce fut alors qu'il vit une caisse dans un des coins de la pièce. Il s'y rendit. L'ouvrit. À l'intérieur, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir de magnifiques bouteilles de whisky. Pleines. En récupérant une, il put lire la marque: RYLING 1926.
- Superbe ! Du 1926...



L'Inspecteur s'en léchait les babines. En calculant rapidement, il constata que trois bouteilles manquaient sur les douze que la caisse devait contenir. Il ouvrit celle qu'il tournait et retournait dans ses mains depuis un bon moment. Il se préparait à en déguster une gorgée quand il vit, par terre, un trousseau de clefs.

Roger Ninja le surveillait, découragé il se cacha les yeux de ses pattes. Les coups d'oeil qu'il lançait à l'occasion ne le rassuraient pas et il était convaincu que quelque chose était sur le point de se produire...

Et voilà! Ce chien et son flair: tout à fait remarquable. L'inspecteur Jackson goûtait à cet incroyable 1926. Il se sentit frapper dans le dos. La bouteille, à moitié vide ou à moitié pleine, cela dépend du point de vue, se retrouva par terre. Jackson également. Se relevant, il vit une espèce de marteau accroché à un système pouvant le propulser qui reculait comme pour mieux s'élancer vers lui. Son seul réflexe fut de partir à courir. Il tournait autour du camion, poursuivi par le projectile, toujours incapable de dire s'il s'agissait d'un marteau ou d'une arme.

Essoufllé au bout de deux instants, l'Inspecteur s'écroula de nouveau au sol. Est-ce la course ou bien le whisky 1926? mais voilà qu'instantanément, il s'endormit échappant le trousseau de clefs. Roger Ninja s'approcha et de sa vigoureuse mâchoire récupéra le trousseau qu'il déposa sur le ventre de son maître.

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...