samedi 4 novembre 2017

CHRONIQUES VIETNAMIENNES



          La semaine prochaine, Donald Trump sera à DaNang au Vietnam, dans le cadre de la réunion de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique). En-dehors des discussions économiques, la présence du Président américain risque fort d’être différente que la venue de Barack Obama en mai 2016. La visite de l’ancien locataire de la Maison Blanche n’est pas passée inaperçue, bien au contraire. Elle fut l’occasion pour les Vietnamiens de constater à quel point la diplomatie américaine avait changé, et pour le mieux.

Obama a fait tout un tabac et les gens qui se déplacèrent par centaines de milliers afin de saluer une nouvelle ère, ont pu apprécier, au-delà du charisme de l’homme, combien leur pays qui fut foulé si brutalement par les GI’s américains devenait important sur la scène internationale. Quelques mois après, le Président français François Hollande y débarquait à son tour.

Je me rappelle que dans les jours précédant le séjour de ces deux illustres personnages, la crainte d’un fâcheux incident ne perturbe cette ouverture sur le monde. Policiers et militaires ne pouvaient se compter et le Ministère de l’Intérieur avait pris soin de parasiter INTERNET qu’auraient pu utiliser quelques têtes chaudes afin de promouvoir des mouvements de foule incontrôlables. Le contrôle en terre vietnamienne demeure toujours le moyen utilisé par les autorités afin de maintenir les gens sous les bottes d’un régime qui maintient le double langage : un oui ressemble à un peut-être qui lui se rapproche davantage d’un non. On affiche de très beaux principes sans pour autant mettre les moyens en œuvre pour les atteindre.

Donc, Trump sera ici. Sans doute sera-t-il fort heureux de quitter Washington pour quelques jours alors que ça brasse pas mal autour de lui. Faut-il s’en surprendre ?
Un petit rappel : lors de l’élection américaine, l’opinion publique vietnamienne lui était assez favorable. On aime bien les cowboys qui partent en guerre contre tout et rien. Mais rapidement, on s’est aperçu à quels moulins à vent il s’attaquait et combien de coups d’épée dans l’eau il s’est affairé à donner. Son combat contre Kim Jong-un n’aura pas servi à grand-chose, ici au Vietnam, alors que l’on souhaite plus que le milliardaire à tête jaune focalise son attention sur le péril jaune…la Chine. On ne saisit pas entièrement sa préoccupation pour un pays qui pratique la politique du ‘’jappement’’ alors que le grand voisin, lui, s’intéresse à étendre son empire sur la toute la Mer Orientale.

La grande question demeure celle-ci : quelle (s) gaffe (s) diplomatique (s) commettra-t-il ? Dans un pays, voire un continent, où la politesse est de rigueur, où un sourire peut cacher sa véritable intention, comment réussira-t-il à conserver son langage habituel comme ses conseillers l’ont annoncé ? Une chose est certaine, il ne fera pas courir les foules.

Cela amène à s’interroger sur ce qui résultera, concrètement, de ce forum. Bien peu de choses en fait, sauf que la ville de DaNang (Centre du Vietnam) aura réussi à fort bien se positionner face à la capitale Hanoi (Nord) et la métropole économique que représente Saigon (Ho Chi Minh – Sud). Cette ville, la troisième en importance dans le pays, est fortement symbolique pour les USA. Elle était le point d’arrivée des soldats américains lors de la guerre du Vietnam. Encore maintenant, des baraques militaires subsistent au temps. Il ne faudrait pas se surprendre de voir monsieur Trump s’y arrêter.

Le Vietnam, l’hôte de l’APEC 2017, marque des points sur la scène internationale, à n’en point douter. Que fera-t-il des galons qu’il pourra accrocher à son veston, une fois toutes ces têtes dirigeantes retournées dans leur pays ? Si les organisateurs ont une certaine vision de l’avenir, ils tenteront assurément de pointer vers le large, là où se trouvent les Paracels. Si cela ne représente pas une bourde diplomatique – et si Trump saisit le message… et si le dirigeant chinois n’y voit pas une provocation – le coup pourrait être fumant.

Non, je ne me rendrai pas à DaNang alors que je me suis déplacé pour la visite d’Obama à Saigon. Chose certaine, je vais suivre cela avec une grande attention car les petits gestes, souvent, marquent davantage l’imaginaire que les papiers signés.

Je me souhaite seulement que l’on ne brouille pas INTERNET.



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