dimanche 28 octobre 2012

QUATRE ( 4 ) CENT-QUARANTE-TROIS ( 43 )



L'automne. On dit tant de choses à son sujet, on lui en met tellement sur le dos: couleurs, lumière, ciels, oiseaux migrateurs, retour à l'école, fin des vacances, nostalgie... 

Quelqu'un écrivait que l'automne était la saison des poètes. Sans doute cette personne a-t-elle raison car les poèmes qui traitent de ce sujet sont légion. Ne tentons pas d'en faire le décompte, ils sont aussi nombreux que «les feuilles mortes que l'on ramasse à la pelle».

Je me permets de vous offrir celui-ci:


l’automne pleut


l’automne pleut des larmes rouges
qui roulent des arbres puis rouillent le sol tiède

flaques d’eau devenues miroirs pour oiseaux de passage


et l’automne pleut le chaud et le froid
que la nuit démolit à coups de brouillard


l’automne pleut sur les vitres embuées
que les enfants maquillent tout en rêvant de neige

au cœur du pays fantômes endormis réveillent nos hantises


et l’automne pleut de l’oubli sur les souvenirs enfouis
les feuilles mortes s’amoncellent sous la nostalgie


l’automne neige frileusement
sur les couleurs écarlates
elles fondent aux pieds des enfants
qui ensevelissent leurs légendes d’été




Continuer de profiter de cette saison unique surtout que cette année elle nous gâte tout particulièrement.


Au prochain saut

dimanche 14 octobre 2012

QUATRE ( 4 ) CENT-QUARANTE-DEUX ( 42 )

Gérard Sauvé

J'apprenais cette semaine, avec un immense regret, le décès d'un ami; je crois pouvoir me peremttre de le nommer ainsi. Gérard Sauvé. Fidèle lecteur du CRAPAUD, nous avons échangé quelques courriels alors que j'étais au VietNam. Nous devions nous rencontrer cet été, un souper, et j'allais lui remettre un livre (La Piste Ho Chi Minh) qui trace l'histoire ancienne et récente de ce pays. Il est décédé ( en août dernier ) sans avoir donné signe de vie. On ne m'a pas avisé de la triste nouvelle.

Aujoud'hui, je tiens à le saluer, lui dédiant ce poème de Pierre Nepveu.

LES GRANDS LIVRES OUVERTS 

Tant de mal pour revenir à soi,
tant de lampes allumées dans la nuit
sur les visages des enfants qui dorment
et au fond des tiroirs les tic-tac
des mécaniques continuent de tourner,
les animaux de fer ou de plastique,
et aux rideaux le gyrophare
d'un chasse-neige et quand
tu te couches, les fantômes se couchent,
les mots de toutes occasions sortent
leurs griffes, sous le drap
tu sens d'autres draps plus rudes,
et le plancher tremble et l'eau
du robinet continue de couler,
toute la nuit, toute la vie
pour éviter le gel des points d'eau
depuis le fleuve à demi mort.
Au fond de la nuit les grands livres
sont restés ouverts, des pages
éblouissantes sont tournées contre le ciel,
des histoires tragiques restées en suspens
sur lesquelles ton visage penché
s'est reconnu sans tomber,
tu entends dans le matelas cogner
les trois coups menaçants,
tu roules vers le mur et puis
l'autre mur, dans l'intense
désir de flotter hors de tout,
d'échapper à ce remue-ménage
qui te rappelle au monde
où brillent les fillettes de la nuit,
et les grands livres de vie et de mort
attendent que tu reviennes
les fermer.

Gérard aimait lire
Apprendre. Savoir qu'il ne savait pas tout et qu'il pouvait toujours continuer d'apprendre à savoir.
Gérard s'intéressait à tout. 
Curieux. Avide de comparer sa compréhension d'une idée afin de la préciser, la raffiner.
Gérard parlait de tout.
Il avait du bagout. Loquace. La parole était pour lui une marque de commerce.

Salut Gérard, je conserve un chaleureux souvenir de toi.



dimanche 7 octobre 2012

QUATRE ( 4) CENT-QUARANTE-ET-UN ( 41 )




le bruit des pas…
…feutré

le bruit des pas feutrés traverse la pièce
l’écho sur les murs
c’est ce que nous entendons
le bruit feutré des pas
c’est seulement
à cause de l’écho
que nous l’entendons

sans écho…     pas de bruit
 sans pas…       pas de pièce
sans pièce…     pas de bruit


et nous nous réunirons à mille
à mille et un
afin que saccadent  nos bruits de pas
feutrés dans la même pièce

huit tambours majeurs pour chaque coin
retentissant du plus formidable silence
celui
de ceux qui n’ont rien à dire
celui
de ceux qui ont tout dit
qui ne craignent plus que les rabâchages
mille fois
mille et une fois repiqués
sur les vagues de l’histoire

et que feront les vents de la liberté  de l’espoir
les vents d’ailleurs
qu’ici nous avons reçus
les capteurs de vents
les récepteurs d’envies
s’abreuveront-ils aux sons des tambours…
craindront-ils les avis taciturnes des castrateurs…
mêleront-ils leurs voix enrouées à celles des stentors…

ou se perdront-ils dans l’écho des tambours
dans l’écho qui n’aura pas su réfléchir  
le bruit feutré des pas traversant une pièce
encore vide

l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...