Dire combien je suis soulagé de voir boris arrivé à destination serait un euphémisme. Une longue aventure qui dura sept ans... fallait le faire!
Maintenant que le voici sur le blogue, je suis à travailler (à partir de boris) un autre texte qui incorporera le poème à une plus longue histoire. Est-ce que cela s'étendra sur sept ans, je ne saurais ni le garantir ni le dire mais ce que je sais va dans le sens suivant: ça développera l'idée des trois réalités (le réel, l'irréel et l'entre-réel) que l'on retrouve dans boris.
Comme je suis un peu assujetti à ce rythme des sept ans (le joyeux septennat) il est envisageable que le texte se retrouve sur le blogue... en 2018. Il a toutefois un titre: LE PARADOXE DE ZÉNON.
D'ici là et pendant ce temps-là, je me rends compte que l'air de la campagne m'est tout à fait propice pour écrire. Il est assez rare que j'aie deux poèmes sur le chantier... c'est actuellement le cas. Sans oublier le dernier regard, la dernière retouche et le lancement de boris. L'inspiration semble faire de l'équitation sur le vent. Je veux dire par là qu'il existe ici, en campagne, un satané petit vent tout à fait délicieux - je le nomme le «vent-facteur» - qui charrie avec lui de ces odeurs (certains diront des odeurs campagnardes), personnellement je les reçois selon les heures du jour et de la nuit comme autant de cadeaux, de signes ou de messages. Avec lui, sa douceur et sa fraîcheur, emmêlé à des silences réparateurs, que d'images me parviennent qui cherchent à se métamorphoser en poèmes... Je les cueille avec humilité et avec un plaisir renouvelé...
L'inspiration que mon ami ROBERT définit ainsi - sorte de souffle émanant d'un être surnaturel, qui apporterait aux hommes des conseils, des révélations; état mystique de l'âme sans cette inspiration - est fragile. J'ajouterais en me référant au dernier ouvrage de Daniel Mendelshon SI BEAU SI FRAGILE, que l'inspiration est belle et fragile. Je suis convaincu du fait suivant: si ma plume pouvait écrire exactement ce que je vois de beau, si je parvenais à décrire, à saisir la fragilité du moment, de l'instant fugace qui permet à une image de se fusionner en soi, si j'arrivais réellement à mettre tout cela en mots, en mots précis, ciselés à la perfection, alors je pourrais dire que je suis au service de l'inspiration devenue un souffle nourrissant l'âme.
Alors que je participais, il y a quelques mois, à un site français pour poètes amateurs, j'ai pu constater que pour la majorité des gens qui venaient y déposer leurs poèmes, l'inspiration provenait essentiellement de deux sources: l'amour et la perte de l'amour. Est-ce plus facile d'écrire un poème sur un amour naissant ou sur celui qui s'en va? Dans les deux cas, du moins pour ce que j'en retiens, sans être complètement à l'opposé du spectre, ces deux extrémités du même concept présentent des points communs - pour certains ça devient des lieux communs - dont celui de chercher à tracer une figure géométrique universelle, celle ayant la forme du coeur.
Ce n'est pas mon propos d'aujourd'hui mais cette digression me permet de faire un lien entre boris et les poèmes qui l'ont précédé, ceux qui l'ont suivi alors qu'il macérait dans je ne sais quel élixir...
J'ai réuni - ô merveille du traitement de textes - l'ensemble de mes poèmes dans un dossier intitulé à travailler et dans un deuxième temps, les ai classés à partir de thèmes qui me semblaient être un dénominateur commun (le temps; la mer/le fleuve; le corps / la marionnette; la poésie; le fantôme... ceux qui n'y trouvaient pas leur place sont encore sous un grand titre... général. Il me restera dans un troisième temps à les (re)corriger et tenter de faire ressortir les grandes lignes qui permettraient d'établir des liens entre eux ou tout simplement des chevauchements. Il ne faut pas oublier que les poèmes ne sont pas datés. Vous connaissez mon histoire personnelle avec le temps!
Je laisse ce saut en vous proposant quelques définitions de la poésie ou du poète tirées d'auteurs québécois.
André Brochu dans ADÉODAT: * Si je n'étais pas poète, je n'éprouverais pas, chaque jour que le bon Dieu amène, le besoin de me purger des merveilles entrevues aux vitres de la journée qui précède.
Roch Carrier dans DE L'AMOUR DANS LA FERRAILLE: * La poésie c'est de la pensée en train de naître...
François Hertel dans LE BEAU RISQUE: * La poésie n'est pas toujours un phénomèe objectif. Plus souvent, elle s'élabore presque complètement à l'intérieur, quittant l'objet qui l'a fait naître, pour se perdre dans les associations imaginaires.
Wifrid Lemoine dans LE DÉROULEMENT: * Quand le poète a besoin d'un appui, il se construit un poème. Le poème est la communication d'un homme avec lui-même.
Claude Péloquin dans METS TES RAQUETTES: * ... être poète, c'est faire un tour de passe-passe sans continuer de tourner en rond.
Au prochain saut
(La photo du clocher de l'église a été prise un matin de brouillard à partir de la fenêtre de mon bureau.)