mercredi 6 juin 2007

Le cent soixante-cinquième saut de crapaud

Suite à ces transcriptions de deux romans écrits avec la complicité d'élèves, le premier au cours de l'année scolaire 1991992 et le deuxième en 1993-1994, nous revenons à nos petites habitudes... Cela pourrait être des poèmes, comme ce sera le cas aujourd'hui, ou encore des souvenirs de lecture...


Le poème d'aujourd'hui, je me permettrais de le classer dans une nouvelle catégorie fort différente des autres mais reliée de part la structure qui exige de ma part d'éviter le « je » et de toujours me fier aux images afin de porter le texte. Il s'appelle ... la cusine rouge ...


la cuisine rouge



un long couteau t r a n s v e r s a l e la table
sa lame
,empreinte digitale ensanglantée,
telle une alarme criarde dans un matin sec
dégoutte par terre

huit capillaires de sang accrochés
à la q u e u e l e u l e u
dégoulinent
formant un losange imparfait


une après l’autre, au goulot de l’invisible pipette,
les gouttes oppressées
s’étirent
s’écrasent
f l a q u e m e n t
noyées par un bruit d’étang rouge
marais asséché
sur le sol astiqué de la cuisine



(objects in mirror are closer than they appear)



trois cheminées par la fenêtre entrevues
injectent au ventre du ciel
des brumes grises
c h a r b o n n e n t les nuages
alors que douze fleurs séchées fanent dans l’amphore craquée
en souvenir des mains acidulées


au cendrier des bouteilles renversées
fume un tabac autochtone
fermera-t-on? le portail
aux clôtures des muettes éternités
que l’infini aveugle




les entaches de sang… s’embrouillent aux moments lucides
le couteau… transperce les nucléaires retombées
les jaillissements retenus... régurgitent des miettes de pain
les échappées d’anges aux paroles noircies…
se p é n i t e n c e n t le cœur
les morceaux d’âme verglacés… s’égratignent jusqu’à la moelle
plaquant dans leur inerte envergure
toutes ces horreurs sacrifiées aux autels de marbre rosacé

et
s’égratignent les veines bleues du temps
inégalement mêlées au rouge
qui chahute derrière les enterrements de soleil



(objects in mirror are closer than they appear)



un verre d’acide
boussole échevelée sur l’humidité rouge de la table
se remplit de mille morceaux d’un casse-tête 3d

les trous sans pluies…
l’eau des icebergs…
les bateaux naufragés…
traversent la cuisine inondée
qu’en ses heures inquiètes ronge la mer

ils enjambent les couteaux puant la viande tranchée
servie froide dans des assiettes plombées…
alors que par la fenêtre
l’endorphine douleur se ronge les sangs



(objects in mirror are closer than they appear
)



une cuisine devenue couteau
à la fenêtre, du sang


à mille lieux du centre périphérique
où l’essentiel des choses se joue
comme des objets dans le miroir des apparences
À la prochaine.

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