vendredi 5 août 2011

QUATRE (4) CENT-NEUF (09)


Federico Garcia Lorca

Dans quelques jours - en fait le 19 août - il y a 75 ans mourait Federico Garcia Lorca. Exécuté. Son corps laissé près d'un ravin entre Viznar et Alfacar. Et je me rappelle très bien que c'est en été... il y près de 50 ans, pour la première fois, suite à la recommandation d'un professeur de français, je me souviens très bien de son nom, monsieur Ghislain Dextradeur, je lisais Garcia Lorca. Un été chaud du milieu des années 1960. À cette époque, ô mémoire ne me joue pas de vilains tours, on citait davantage le poète espagnol pour son théâtre. Je n'aimais que la poésie. Son théâtre, celui de Garcia Lorca, eh! bien ( je sais que c'est une faute mais je préfère ainsi) son théâtre, je ne le connaissais pas. Pas plus aujourd'hui d'ailleurs. Je ne suis pas amateur de théâtre, dieu sait pourquoi!

Donc, cet été-là, l'été avant que j'entre à l'École Normale de Sherbrooke, je travaillais au club de golf de Saint-Hyacinthe. Mon frère Pierre m'accompagnait peut-être. Nous attendions dans un petit kiosque tout à côté du stationnement qu'un joueur nous hèle afin de porter son sac. On appelait cela «caddy». Ça nous rapportait cinq (5) dollars pour un dix-huit trous qui durait cinq heures. Parfois sous un soleil de plomb. Et je comblais l'attente, assis au fond de l'enclos avec Garcia Lorca en mains. Me rappelle très bien que je cachais le livre pour ne pas que l'on se moque de moi. Sans doute que j'ai raté quelques clients, trop absorbé par ma lecture.

Voici quelques vers de celui que je considère comme un des plus grands poètes de l'histoire: FEDERICO GARCIA LORCA.



. Sur la plage la mer danse
un poème de balcons


. Auprès des vieilles voitures
égarées dans les ténèbres
les enfants tissent et chantent la désillusion du monde


. Mais le poisson qui dore l'eau
sans laisser d'endeuiller les marbres,
leur enseigne un équilibre
de solitaire colonne


. à l'heure où les étoiles plongent
leurs javelots dans l'eau grise


. la mort plaça des oeufs dans la blessure


. Il est en quête de l'aurore
mais l'aurore n'était pas là.
Il cherche son profil précis
mais le songe le fait errer.

Il cherchait son corps sans défaut
et rencontra son sang couvert.

Comme un fleuve de lions
sa force était merveilleuse,
et comme un torse de marbre sa prudence dessinée.


. Ne lui mettez sur la figure aucun mouchoir:
je veux qu'il s'accoutume à la mort qui l'habite.


. Seul le mystère nous fait vivre. Seul le mystère.


. Au fond de l'eau est une rose
et dans la rose une autre rivière.

Mes yeux sont tombés
au fond de l'eau

... et au coeur de la rose moi-même.


. Comme l'archet d'un violon,
le cri a fait vibrer
les longues cordes du vent.


. Les morts ont des ailes de mousse


. Nous cependant ici-bas, jour et nuit,
nous te ferons aux croisées de la peine
une guirlande de mélancolie


. les lumières de la raison
mettent à mes mots leur limite


. Le jour s'en va tout doucement,
le soir accroché à l'épaule,
comme une cape, il se déploie
sur le fleuve et la mer qu'il frôle


une autre traduction de ces mêmes vers:


Le jour s'en va lentement,
l'après-midi sur l'épaule,
avec un long coup de cape
sur la mer et les ruisseaux.


. Les horloges s'arrêtèrent
et le cognac des bouteilles
se maquilla de novembre
pour éloigner les soupçons.


Il me semble que l'été est encore plus beau!

Au prochain saut

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