À quelques jours de Noël, je vous offre deux poèmes. Le premier du poète américain Wallace Stevens, le second de Jean-Guy Pilon, poète québécois.
Ils n’ont rien à voir avec la période des Fêtes mais vous verrez, chacun à sa manière peut nous en parler, indirectement.
Bonne lecture et Joyeux Noël.
LE POURQUOI D’UNE IMAGE
Wallace Stevens
Vous l’aimez sous les arbres à l’automne,
Car tout y est à demi-mort.
Le vent se déplace comme un infirme parmi les feuilles
Et répète des mots insensés.
Ainsi étiez-vous heureux au printemps
Avec ses demi-teintes de vie inachevée :
Le ciel légèrement plus clair, les nuages qui fondent,
L’oiseau unique, la lune obscure –
La lune obscure éclairant un monde obscur
De choses jamais tout à fait dites,
Alors que vous-même n’étiez jamais tout à fait vous-même
Et ne désiriez pas ou n’aviez pas à être,
Désirant l’exaltation du changement :
Le pourquoi d’une image, tremblant
Sous le poids du premier midi,
L’A B C de l’être,
Le tempérament de feu, la violence
Du rouge et du bleu, le choc implacable
- acier contre intimation – l’éclair aigu,
Le X vital, arrogant, fatal, impérieux.
L’ESPOIR QUI TRIOMPHE
Jean-Guy Pilon
Là-bas, au fond le plus mystérieux de l’espace, la main et ses doigts émergent des tourbillons énormes de
Soudain, par la couleur appropriée, les visages s’agrandissent et s’élèvent, et les yeux aussi et les mains et les hommes qui reprennent leur place dans ce matin de soleil trop blanc.
Dès lors, l’homme réapprend sa véritable taille au-dessus des choses. Il est roi par son regard et son large front où viennent mourir, comme des vagues, les approches du mal. Domination pour vivre et force patiente de l’intelligence.
Si un jour vous vous égarez dans ces espaces méconnaissables et qu’au seuil du pays où les rochers s’entrechoquent dans l’obstination de la foudre, voyez apparaître une main qui s’élève, n’ayez plus peur, vous serez au pays des géants qui sont vos frères en plus grand.
Au prochain saut