Si je vous demandais qui a écrit « Je peins pour parler comme j’écris pour voir.» et cela en 1986, vous penseriez immédiatement à Roland Giguère. Vous auriez tout à fait raison. Cet immense poète que les critiques classent parmi les surréalistes, l’auteur de L’Âge de la parole, entre autres, je vous l’offre en ce début du mois d’août comme une espèce d’attente…
J’erre
Je ne vous suis plus
je ne vous plus dévoué
je ne vous suis plus fidèle
j’erre à ma guise enfin
hors des sentiers bénis
j’erre aux confins de ma vie
j’erre parmi mes amis les meilleurs
que pourtant je tiens pour vigies
mais j’erre
j’erre toujours entre vos dires
j’erre pour ne pas mourir.
(Ce poème merveilleusement bien interprété par Chloé Sainte-Marie a été mis en musique par Gilles Bélanger, celui des 12 Hommes Rapaillés.)
La vie dévisagée
Il nous faut sans cesse tenir l’équilibre
entre l’horizon disparu et l’horizon imaginé
avec la crainte de perdre pied à la terre
de n’avoir plus le pied marin
de ne pouvoir plus marcher sur les fils de fer
de ne savoir plus marcher sur les mains
malheureux fils d’équilibristes
nés en plein ciel
au temps mémorable de l’absence des filets
(Quel joli clin d’œil à Alfred Desrochers!)
Je vous envoie maintenant quelques vers épars que j’ai soutirés ici et là, plutôt là qu’ici…
Nous étions fous aussi
mais fous de nos amours
fous de notre liberté
et pour ne pas crier
nous écrivions sur nos murs
des lettres voyantes
en capitales éclairées
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On sème
des espoirs de toutes couleurs
sur nos nuits blanches
et le cœur s’apaise
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Pour aller plus loin : ne jamais demander son chemin à qui ne sait pas s’égarer,
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On finira bien par tout savoir de notre ciel
nos étoiles auront des noms propres
la lune sera sans voiles sans quartiers
notre avenir dessiné dans la paume de la main
la mort allongée sous la lampe de parchemin.
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Ces rêves étaient bien les nôtres
Nous avons tourné la page hier
Mais nous n’avons pas fermé le livre
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Sans fioritures désormais
sans fleurs sans ornements
la ligne va vers le point final
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Face aux grands remous de mémoire
d’où émerge une main couronnée
nous n’avons à offrir que fleurs de folie
et quelques phrases décapitées.
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Il faut toujours voir au-delà, prendre tout pour une fenêtre. L’important, dans tout cela, n’est pas tellement la fenêtre elle-même que le panorama sur lequel elle donne.
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Je n’oublierai jamais ce mois d’août 2004, dans la grande et belle maison de Marielle à Saint-Valérien, près du Bic; je n’oublierai jamais ce doux moment alors que je trouvais le livre de Roland Giguère (L’Âge de la parole) sous une patte de lit afin d’équilibrer
Au prochain saut