samedi 10 octobre 2015

La palette de couleurs

                                           


Nous, du moins pour une grande partie de ma génération, avons été amenés à la politique par le concept des couleurs : le ''bleu'' définissait les partisans d’obédience conservatrice, le ''rouge' pour les libéraux. Tout à ce moment-là devenait aisé, ou bien tu te réclamais des Bleus ou des Rouges. Je dois même ajouter qu’une famille bleue ne fréquentait pas une famille rouge et vice versa. Ceci pouvait se rendre aussi loin que prohiber les mariages entre couleurs différentes. Il n’était absolument pas question de métissage et si jamais, par hasard, par malheur, cette hybridation se commettait, personne ne pouvait prédire une longue vie à cette union. On est donc très loin de l’idée de coalition.

On peut facilement imaginer tous les débats acrimonieux lorsque l’idée saugrenue pour l’époque de faire voter les femmes (1918 au Canada, 1940 au Québec alors que les femmes autochtones ne furent autorisées à voter qu’en 1960). Les arguments de ceux qui se prononçaient contre tournaient autour du fait que cela allait alourdir le processus électoral car évidemment les femmes voteraient du même ''bord'' que leurs maris. On formait une famille ou bleue ou rouge. Point final.

Depuis des lustres ce paradigme a tenu la route sans trop déranger qui que ce soit jusqu’au jour où la dualité politique éclata avec l’arrivée d’autres partis politiques donc d’autres couleurs à attribuer. Vous comprendrez que mon analyse repose sur une période plutôt récente des partis politiques canadiens, depuis après la Confédération de 1867.

Certains, des feux de paille alors que d'autres brillèrent un certain temps puis s’éteignirent : le Crédit social que l'on pourrait classer dans la première catégorie, le Parti communiste canadien parmi les feux follets.

Puis deux ont eu le mérite de se développer suffisamment pour qu’aujourd'hui nous les retrouvions dans les sondages d'opinions pancanadiens. L’ancien CCF devenu NPD, le Bloc québécois et le Parti vert.

Il fallait donc revoir notre spectre des couleurs. En fait, ce fut rapide : le bleu et le rouge déjà acquis, l’orange fut attribué au NPD et un bleu plus pâle au Bloc. Pour le Parti vert, l’évidence a primé dans le choix de la couleur.


Nous voici donc à une semaine environ du vote et les citoyens canadiens jouent avec les couleurs. Pas question pour le moment du moins d’y aller d’un mélange stratégique, de combinaison harmonieuse, à ce temps-ci il faut encore éviter tout salmigondis.

Vous connaissez l’admiration que porte LE CRAPAUD pour les chiffres et les nombres; il a tout dévoilé lors du dernier billet politique. Passons maintenant à la haute, très haute stratégie. Posons le problème en termes clairs.

1.- Les sondages semblent unanimes à l’effet que nous nous dirigeons vers un gouvernement minoritaire. – LE CRAPAUD en est un fervent adepte, vous le savez.

2.- Ce gouvernement minoritaire pourrait aussi bien être conservateur (bleu) que libéral (rouge).

3.- Deux scénarios se profilent : bleu sans aucune autre couleur pour l’appuyer; rouge avec possibilité d’une alliance orange ce qui donnerait un marron ou un bordeaux.

LE CRAPAUD se prononce.

Si je pars du principe primaire canadien qui veut que depuis longtemps, quasi des temps immémoriaux (pour nous évidemment) le Canadien moyen a parlé politiquement à partir d'une relation intime avec deux couleurs, le bleu et le rouge; que jamais depuis 1867 il ne s’est rangé ailleurs que sous l’une ou l’autre de ces bannières, accordant des miettes d’intérêt aux autres couleurs, LE CRAPAUD croit que par atavisme le Canadien moyen votera d’abord pour
. un changement de gouvernement 
. et que son choix se portera sur les Libéraux.

Il (le Canadien moyen) votera rouge tout en se posant cette question épistémologique de base : si je vote rouge pour me débarrasser des bleus, est-ce que je risque, ce faisant, de me retrouver avec du marron ou bordeaux? Si oui, est-ce que je vote tout de même rouge? Si non, est-ce que je vote toujours rouge?

Une nuance importante s’impose ici. Le Canadien disposant du droit de vote et le Québécois disposant également du droit de vote diffèrent énormément. Nous n’avons qu’à surveiller le baromètre électoral, certains diront la boussole électorale, pour constater qu’une poussière de niqab devient une tornade au Québec alors qu’elle retombe froidement sur le sol du ROC (Reste du Canada). Qu’un gazoduc peut à lui seul dissoudre des majorités aussi rapidement qu’il le ferait si par inadvertance son contenu se retrouvait dans nos champs ou pire encore dans notre fleuve Saint-Laurent (celui que la ville de Montréal s’échine à protéger de tout déversement d’égout…).

Alors. Les résultats qui nous seront dévoilés le 19 octobre prochain risquent de parler deux réalités, même davantage : 
. la québécoise prise entre bleu pâle et orange; 
. l’ontarienne enserrée entre rouge et orange; 
. les grandes Prairies, bleu dans toute sa splendeur;
. les Maritimes nous offriront un tableau rouge; 
. finalement la Colombie canadienne, un miroitement d’orange teinté vert.

Et au final : UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE LIBÉRAL.

Et ça sera exact si LE CRAPAUD conclue en s'appuyant sur la prémisse des couleurs. Bien, car nous entrerons dans une ère nouvelle, que je nous souhaite émouvante et remplie de bonheur, où le bleu, le rouge, l’orange, le bleu pâle et le vert n'apparaîtront plus dans un cercle chromatique statique et vieillot, mais comme une possibilité ouverte à une clarté nouvelle .

N’oublions pas d’aller voter le 19 octobre et au lendemain, sous la loupe infaillible des résultats, nous examinerons de quelle couleur sera tapissée notre avenir à plus ou moins brève échéance.

À la prochaine











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