mercredi 7 janvier 2009

Saut: 254



Jean Bédard publiait en 1998, un roman dont le héros, si je puis dire, était Maître Eckhart qui vécut de 1260 à 1328. Dominicain et théologien allemand, il marqua son époque et l'écrivain québécois nous le fait découvrir de manière extraordinaire.

Je vous présente ce que Bédard met dans la bouche de Maître Eckhart relativement au temps et à l'espace, un peu comme un épilogue aux citations sur le temps ainsi qu'au poème du saut 253.


En fait, Eckhart répond à une question, celle-ci:
«Mais l'univers, l'espace, le mouvement ne sont pas que du temps!»


« Bien sûr que l'espace est un des résultats du temps. Imagine un bourgeon qui devient une feuille, puis la feuille rougit, tombe et meurt. Tu imagines bien cela. Maintenant imagine que cela se passe de plus en plus vite. Il arrive un temps où le bourgeon meurt exactement en même temps qu'il s'ouvre; en d'autres termes, il n'existe pas parce qu'il n'a pas le temps d'exister. Chaque chose n'est que le temps qu'elle prend à croître et à disparaître. Sans le temps, elle n'existe pas, elle n'a pas le temps d'exister. Maintenant imagine les distances, imagine par exemple le monastère d'Erfurt, celui de Strasbourg et celui de Cologne. Ils forment un triangle et l'espace est ce qui les sépare. Un jour tu décides de les visiter, mais par un miracle de Dieu, tu marches de plus en plus vite. Par ce miracle de Dieu, il arrive un temps où passer d'un monastère à l'autre se fait si rapidement que tu arrives au deuxième et au troisième exactement en même temps que tu pars du premier. Cela voudrait dire que tout l'espace aurait entièrement disparu. Les trois monastères seraient le même, l'espace qui les séparait ne serait plus. L'espace n'est que le temps, le temps que l'on met à passer d'un endroit à un autre. Si cela ne prenait aucun temps d'aller de la terre au soleil, il n'y aurait pas d'espace entre le soleil et la terre. L'espace n'est que du temps. C'est pour cela que je dis que l'Homme est le temps que prend Dieu à se connaître, à s'aimer, à se défier, à se dépasser, à se faire vraiment Dieu, Dieu de bonté, de compassion, de courage, de miséricordre, de connaissance... Pour faire l'Homme, Dieu s'est retiré de la connaissance qu'il avait de lui-même, il s'est retiré dans le mystère, laissant du temps et de la nuit. Ensuite, il s'est mis à faire danser la nuit pour qu'elle rayonne de la lumière, et il s'est mis à faire danser la lumière pour qu'elle rayonne la vie. Et moi et toi, nous sommes le retard que Dieu a décidé de prendre sur lui-même pour se faire éclater les entrailles.»

Il ne faudrait pas l'oublier ce Maître Eckhart, il reviendra assez régulièrement, sous la plume de Jean Bédard, alimenter notre réflexion.

Revenons, maintenant, à ce « carnet d'ivoire avec des mots pâles»,
celui de nos mots-dits...



A U T O D A F É (nom masculin)

. cérémonie au cours de laquelle les hérétiques condamnés au supplice du feu par l’Inquisition étaient conviés à faire acte de foi pour mériter leur rachat dans l’autre monde. –Supplice du feu


. action de détruire par le feu

B R I M B O R I O N (nom masculin)

. petit objet de peu de valeur
. babiole; bricole


Au prochain saut

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...