On me pose souvent la question : est-ce que la fête de Noël est soulignée au Vietnam ? Afin d’y répondre, je vous propose ce texte de monsieur Hữu Ngọc, intitulé LA NOËL DES HANOÏENS publié en décembre 1992. Cet article fait un bref retour sur l'histoire du catholicisme au Vietnam.
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L’on sait que la Noël fêtée depuis le IVe siècle avait adopté les pratiques païennes célébrant le solstice d’hiver. Depuis plus d’un demi-siècle, les “ païens “ de Hanoï ont adopté la Noël catholique.
Chaque année, le soir du 24 décembre, la foule, venue même des faubourgs lointains malgré le froid en général rigoureux, envahit littéralement le parvis de la Cathédrale dédiée à Saint-Joseph et les alentours de cette église bâtie en 1886. C’est à qui mieux mieux de trouver une place à l’intérieur du temple pour la messe de minuit, je parle également et surtout des non catholiques. C’est aussi une occasion pour les jeunes gens de se pavaner en costume “ new fashion “ ou de faire connaissance, de flirter, ou simplement de “ faire les quatre cents coups “.
Et dire qu’il y a un siècle et demi, tout Vietnamien se hasardant dans un milieu catholique était exposé aux pires sévices. Vraiment, l’Histoire a fait un bout de chemin.
L’histoire du catholicisme au Vietnam est pleine de tourments, peut-être à cause de son “ péché originel “.
Le XVIe siècle marqua le début de l’expansion coloniale européenne à l’échelle mondiale. La découverte de nouvelles terres en Asie y favorisa l’extension du Royaume du Christ. Malheureusement, l’évangélisation se confondit souvent avec l’entreprise coloniale. L’encyclique Roman Pontifex de 1855 consacra en fait la division des sphères de domination politique entre Espagnols et Portugais. Au Vietnam, les Dominicains et les Espagnols ont fait leur apparition au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. Mais ce sont les Jésuites qui ont réussi à former vers 1650 un noyau de 30 000 fidèles. Les prêtres français des Missions Étrangères de Paris ont réussi cependant à évincer les prédicateurs portugais. L’un des missionnaires français, Alexandre de Rhodes, arriva en 1627 au village de Ba Làng à Thanh Hoa. Tandis qu’il semait la bonne parole aux paysans pêcheurs venus à la plage pour voir le bateau, le Seigneur Trinh Trang vint à passer. Il alla à sa rencontre, lui donna une montre et un livre de mathématiques. Il fut autorisé à prêcher et baptisa 200 personnes en deux mois. C’est ainsi que la catholicité a fait tache d’huile.
Mais cette foi nouvelle heurta les croyances et coutumes indigènes. Régnant sans partage, elle interdisait le culte des ancêtres, la consommation des victuailles offertes en sacrifice et la polygamie, elle proclamait l’empire universel du Pape au détriment du roi vietnamien, Fils du Ciel. Le catholicisme, de ce fait, ne put pas devenir partie intégrante de l’organisme social vietnamien comme l’avait été le cas du bouddhisme et du confucianisme. Il fut interdit à plusieurs reprises.
Les choses s’aggravèrent dans la deuxième moitié du XIXe siècle quand l’Église eut partie liée avec l’envahisseur français. L’administration coloniale et la hiérarchie catholique ont réussi à transformer la communauté catholique en faction hostile au reste de la nation, opposée au mouvement de libération nationale. Au cours des deux guerres d’Indochine, les colonialistes, anciens et nouveaux, surent tirer profit de cette situation ; typique fut le cas de Ngô Dinh Diêm. Cependant, des forces catholiques patriotiques ont combattu dans les rangs de la résistance, préparant la réintégration des catholiques dans le giron national à la fin de la guerre en 1975. Désormais, la Noël doit être la fête de la réconciliation nationale.
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