mercredi 5 novembre 2008

SAUT: 241


Si vous avez souvenance du saut: 238, je parlais d'un poème inachevé auquel «Hubble» faisait écho. Ou la suite, je ne sais trop. Il est prêt (l'est-on jamais?, pour le crapaud qui touche, retouche continuellement chaque mot de chaque strophe de chaque poème afin qu'il puisse mieux entourer et parfois contourner l'image afin qu'une autre apparaisse), il est prêt à venir s'étendre ici. Ce poème dont le titre «morceaux d'homme» sera, du moins je l'espère, ce petit et combien nécessaire élan qui me ramènera à cette histoire qui dort depuis Paris 2004, cet automne du début de la retraite, histoire que je croyais simple à écrire mais qui me fait suer... c'est peu dire!

«Hubble», du nom de ce télescope lancé en 1990, presqu'aveugle depuis septembre dernier, celui qui fait le tour de la terre en cent minutes, ce Hubble qui reprend du service maintenant, nous faisant parvenir d'aussi loin qu'il voltige actuellement des images quasi parfaites (du fait qu'il se situe en-dehors de l'atmosphère), le crapaud l'a fait se poser sur Mars afin qu'il puisse vérifier si effectivement on y trouve des «morceaux d'homme». Si oui, lesquels. Si non, pourquoi?



L'intérêt de Hubble réside aussi dans la «loi de Hubble» qui s'énonce de la façon suivante: les galaxies s'éloignent les unes des autres à une vitesse proportionnelle à leur distance. Cela signifie que plus une galaxie est loin de nous, plus elle semble s'éloigner rapidement.

Où cela nous mène-t-il? Eh! bien, directement à ce travail qui me fait face depuis quatre ans et qui traite du mouvement. Il en traite à partir du Paradoxe de Zénon qui démontre que le mouvement n'existe pas. Alors on imagine la situation: Hubble d'un côté et de l'autre, Zénon d'Élée. Je continue et vous tiendrai au courant... Mais je puis tout de même vous dire qu'il aborde le mouvement dans un ensemble plus vaste incorporant la mémoire, la réalité et le langage... En fait, quelque de chose de tellement simple que je m'y perds souvent moi-même ...


D'ici là, voici ce poème: «morceaux d'homme». À lire avec «Hubble» en tête...


très loin
à tout juste un pas de l’horizon
derrière son ombre
un homme
marche à pas feutrés,
en fait, il se suit,
criant aux échos sordides de se taire
puis dépose sur les couleurs du soleil
une pirouette entre air et chair


- arracheuse de corps
ébrancheuse d’âmes -
une main ronde
balaie l’envers courbe des rayons
puis se regarde placidement
tel un puits de lumière
une rotonde
et rampe dans ses propres traces
originel serpent
posant entre hier et demain le geste perdu d’aujourd’hui


un pied bot
imprime sur les arbres
des cartes difformes
comme des entorses
des contrefaçons imperturbables
il repère la carte des chemins
guide universel perdu entre les interstices des trottoirs
hésitant l’intervalle d’un hiatus
d’un frémissement
puis va claudiquant à cloche-pied


un cœur essoufflé
métronome les rêves tel un héraut têtu
un coureur empêtré
un marcheur égaré
il mesure les étoiles annonciatrices de vents
de pistes rabougries par un temps tueur
rafistole de coutures les battements muets,
ceux qui écartèlent les morceaux rapetissés
syncopant vie et mort


des yeux d’âme
rets éclatés
chercheurs d’éternités plus éternelles que les éternités
celles qui recommencent
alors que se rejoignent les fragments
enfouis dans une chrestomathie, entre chaud et froid
sous l’immensité d’un inutile rien
au fond du long tunnel de sang
bariolant l’étroit corridor neuronique


les morceaux d’homme
ne se rejoignent qu’à travers le temps
celui des lauriers-roses qui fleurissent blancs
celui des doigts gercés coupant les fleurs


les morceaux d’homme
s’incorporent aux étoiles satellites
celles qui, jadis, moururent
éclatées d’avoir trop chercher


les morceaux d’homme
gisent dans les mains du néant
celui qui meuble les regards biaisés
où s’amoncelle au cœur d’un cerveau impénétrable
une nourriture transparente




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