…la suite… …siawa’si… du 90ième
La nuit suivant le rite d’initiation du jeune mik’maw plongea notre grand-père dans d’interminables songes. Il lui semblait que Paq’sima l’invitait à l’accompagner dans la forêt. Les grands froids du mitan de février ajoutaient aux troubles du rêveur. Les murs de sa chambre, située à l’étage de la maison paternelle, craquaient comme si les clous voulaient s’en détacher. La fenêtre (un jour on reviendra sur l’importance qu’auront les fenêtres dans la vie de grand-père) en droite ligne vers la forêt, devenait un écran sur lequel se mouvaient des images au rythme du vent. Plusieurs fois au cours de cette nuit inachevable, le jeune garçon se leva, colla son nez à sa vitre, tentant d’apercevoir ou d’entendre son ami qu’il croyait l’appeler, l’invitant à le rejoindre.
Comment supporterait-il le froid? La peur le glacerait-il davantage? Réussirait-il à dormir un peu? Les coyotes flaireraient-ils sa présence? À quoi pouvait-il bien penser? Rêver? Y aurait-il d’autres épreuves à subir avant de revenir au wikuom? Son père irait-il le retrouver? Sa mère allait-elle lui porter à manger? Et les filles, devraient-elles aussi subir un tel rite? Serait-il le même au sortir de cette expérience?
Toutes ces questions hantaient grand-père. Il savait qu’à leur prochaine rencontre, il ne pourrait entièrement comprendre les explications de Paq’sima, la langue étant encore un obstacle du moins pour ce qui est des émotions et des sentiments.
Paq’sima était seul. Un quartier de lune illuminait faiblement l’immense forêt. L’habitation, le jeune mik’maw ne pouvait y revenir que le lendemain, comme elle lui paraissait loin! Il avait marché durant quelques heures. Peut-être tournait-il en rond? Marquant quelques arbres afin de retrouver sa route pour le retour. Le froid le glaçait. Il monta rapidement un igloo de neige au pied d’un chêne et s’y réfugia. Il lui semblait que les coyotes rôdaient. Avaient senti sa présence. Ses paupières résistaient aux appels du sommeil. Il savait ce que représentait cette nuit pour la famille Épelgiag. Son père, souvent de fois, lui avait raconté la sienne, celle de son père et des autres hommes mik’maw. Mais l’essentiel de ce qu’il retint, se résumait en peu de mots : « le passage entre le jour et la nuit pour le petit homme sera à l’image de sa vie ». Il comprit que cet isolement du groupe lui permettrait de mieux se connaître. On n’exigeait pas qu’il fasse acte de bravoure, seulement un acte de présence à lui-même.
Paq’sima eut une pensée pour son ami blanc qui avait assisté bien malgré lui à cette cérémonie. Cela ne faisait partie des mœurs gaspésiennes. Il n’allait pas exiger de lui autre chose que de respecter une des règles caractéristiques de son peuple. Il savait que plus tard, si un fils lui était donné, il perpétuerait la tradition. Cela le réconforta.
Grand-père vit le jour se lever. La journée allait être belle. Et froide, encore. Descendu pour le déjeuner, il demanda à sa mère :
- Les traditions, est-ce important?
Sa mère le regarda fixement sans trop saisir le but de sa question.
- Très important. C’est comme si un flambeau passait d’une main à une autre.
La nuit suivant le rite d’initiation du jeune mik’maw plongea notre grand-père dans d’interminables songes. Il lui semblait que Paq’sima l’invitait à l’accompagner dans la forêt. Les grands froids du mitan de février ajoutaient aux troubles du rêveur. Les murs de sa chambre, située à l’étage de la maison paternelle, craquaient comme si les clous voulaient s’en détacher. La fenêtre (un jour on reviendra sur l’importance qu’auront les fenêtres dans la vie de grand-père) en droite ligne vers la forêt, devenait un écran sur lequel se mouvaient des images au rythme du vent. Plusieurs fois au cours de cette nuit inachevable, le jeune garçon se leva, colla son nez à sa vitre, tentant d’apercevoir ou d’entendre son ami qu’il croyait l’appeler, l’invitant à le rejoindre.
Comment supporterait-il le froid? La peur le glacerait-il davantage? Réussirait-il à dormir un peu? Les coyotes flaireraient-ils sa présence? À quoi pouvait-il bien penser? Rêver? Y aurait-il d’autres épreuves à subir avant de revenir au wikuom? Son père irait-il le retrouver? Sa mère allait-elle lui porter à manger? Et les filles, devraient-elles aussi subir un tel rite? Serait-il le même au sortir de cette expérience?
Toutes ces questions hantaient grand-père. Il savait qu’à leur prochaine rencontre, il ne pourrait entièrement comprendre les explications de Paq’sima, la langue étant encore un obstacle du moins pour ce qui est des émotions et des sentiments.
Paq’sima était seul. Un quartier de lune illuminait faiblement l’immense forêt. L’habitation, le jeune mik’maw ne pouvait y revenir que le lendemain, comme elle lui paraissait loin! Il avait marché durant quelques heures. Peut-être tournait-il en rond? Marquant quelques arbres afin de retrouver sa route pour le retour. Le froid le glaçait. Il monta rapidement un igloo de neige au pied d’un chêne et s’y réfugia. Il lui semblait que les coyotes rôdaient. Avaient senti sa présence. Ses paupières résistaient aux appels du sommeil. Il savait ce que représentait cette nuit pour la famille Épelgiag. Son père, souvent de fois, lui avait raconté la sienne, celle de son père et des autres hommes mik’maw. Mais l’essentiel de ce qu’il retint, se résumait en peu de mots : « le passage entre le jour et la nuit pour le petit homme sera à l’image de sa vie ». Il comprit que cet isolement du groupe lui permettrait de mieux se connaître. On n’exigeait pas qu’il fasse acte de bravoure, seulement un acte de présence à lui-même.
Paq’sima eut une pensée pour son ami blanc qui avait assisté bien malgré lui à cette cérémonie. Cela ne faisait partie des mœurs gaspésiennes. Il n’allait pas exiger de lui autre chose que de respecter une des règles caractéristiques de son peuple. Il savait que plus tard, si un fils lui était donné, il perpétuerait la tradition. Cela le réconforta.
Grand-père vit le jour se lever. La journée allait être belle. Et froide, encore. Descendu pour le déjeuner, il demanda à sa mère :
- Les traditions, est-ce important?
Sa mère le regarda fixement sans trop saisir le but de sa question.
- Très important. C’est comme si un flambeau passait d’une main à une autre.
Il partit vers l’école, regardant continuellement vers la forêt. Y aurait-il pour lui, un jour, un moment initiatique, une épreuve à surmonter de laquelle surgirat un message à découvrir. Les plus percutants étant ceux que l’on décode soi-même à travers des mots, des paroles, des gestes ou des regards devenus porteurs d’un sens nouveau.
Paq’sima ne serait plus jamais le même. Grand-père s’en doutait. Et lui? Quand lui viendra ce temps du temps des changements?
…à suivre… …nmu’ltes…