lundi 11 mai 2009

Saut: 280



Je ne crois pas tellement me tromper en disant que la poésie est encore le meilleur remède pour l’âme… et le tendon d’Achille!

Le crapaud achève (certainement le verbe qui colle le mieux à ma façon de travailler : un continuel «acheveur»…) deux poèmes qui pourraient se retrouver sur le blogue dans quelques jours. D’ici là, voici deux magnifiques Saint-Denys-Garneau :

À PROPOS DE CET ENFANT

À propos de cet enfant qui n’a pas voulu mourir

Et dont on a voulu choyer au moins l’image

comme un portrait dans un cadre dans un salon

Il se peut que nous nous soyons trompés

exagérément sur son compte.

Il n’était peut-être pas fait pour le haut sacerdoce qu’on a cru

Il n’était peut-être qu’un enfant comme les autres

Et haut seulement pour notre bassesse

Et lumineux seulement pour notre grande ombre sans rien du tout

(Enterrons-le, le cadre avec et tout)

Il nous a menés ici comme un écureuil qui nous perd

à sa suite dans la forêt

Et notre attention et notre ruse s’est toute gâchée

à chercher obstinément dans les broussailles

Nos yeux se sont tout énervés à chercher son saut

ici et là dans les broussailles à sa poursuite.

Toute notre âme s’est perdue à l’affût

de son passage (qui nous a) perdus

Nous croyions découvrir le monde nouveau

à la lumière de ses yeux

Nous avons cru qu’il allait nous ramener au paradis perdu.

Mais maintenant enterrons-le, au moins le cadre avec l’image

Et toutes les tentatives de routes

que nous avons battues à sa poursuite

Et tous les pièges attrayants que nous avons tendus

pour le prendre.

MONDE IRRÉMÉDIABLE DÉSERT

Dans ma main

Le bout cassé de tous les chemins

Quand est-ce qu’on a laissé tomber les amarres

Comment est-ce qu’on a perdu tous les chemins

La distance infranchissable

Points rompus

Chemins perdus

Dans le bas du ciel, cent visages

Impossibles à voir

La lumière interrompue d’ici là

Un grand couteau d’ombre

Passe au milieu de mes regards

De ce lieu délié

Quel appel de bras tendus

Se perd dans l’air infranchissable

La mémoire qu’on interroge

A de lourds rideaux aux fenêtres

Pourquoi lui demander rien?

L’ombre des absents est sans voix

Et se confond maintenant avec les murs

De la chambre vide.

Où sont les ponts les chemins les portes

Les paroles ne portent pas

La voix ne porte pas

Vais-je m’élancer sur ce fil incertain

Sur un fil imaginaire tendu sur l’ombre

Trouver peut-être les visages tournés

Et me heurter d’un grand coup sourd

Contre l’absence

Les ponts rompus

Chemins coupés

Le commencement de toutes présences

Le premier pas de toute compagnie

Gît cassé dans ma main.

«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»

A L T É R I T É (nom féminin)

. (Philos.) fait d’être un autre, caractère de ce qui est autre.

C A N T I L È N E (nom féminin)

. chant profane d’un genre simple;

- chanson

. chant monotone, mélancolique;

. texte lyrique et épique relativement bref.

- complainte

Au prochain saut

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