lundi 19 septembre 2011

QUATRE (4) CENT-DIX-SEPT (17)



Il se dégage des poèmes écrits en campagne une autre dynamique. Elle se démarque des ruelles montréalaises par un côté plus aérien, plus «vent», davantage «brise».... Si je tente d'interpréter ce qui ne l'est pas, je dirais que le concept réel/irréel/entre-réel... se fait plus... visible.

L'environnement, peut-être parce qu'il est encore à apprivoiser, se faufile par des éléments imagés différents. Également le fait que ce soit ici que boris eut achevé sa course et prît une forme définitive, me parle beaucoup.

Le bureau à Montréal donnait sur un arbre (vous vous souvenez sans doute du bouleau - maintenant coupé - surnommé Garcia Lorca en raison de sa forme ressemblant à un poignard) tout comme celui de la campagne face à une série d'arbres qui servent de platebande au clocher de l'église, les deux orientés vers l'ouest, voilà peut-être pour le réel.

Pour l'irréel, c'est assurément les couleurs beaucoup plus variées, les odeurs complètement différentes et aussi une atmosphère de quiétude que je ne retrouvais pas sur l'île.

L'entre-réel, une façon de manier l'image issue du réel ou de l'irréel afin de situer le geste poétique dans une zone de flottaison, en campagne se voit «malaxer» par une énergie plus aérienne oui, mais aussi une énergie réconciliatrice, plus ouverte sur un appel à l'action.

C'est du moins ce que je vois pour le moment. Et le poème d'aujourd'hui en est peut-être une illustration.

Bonne lecture.


combien



combien de voix perdues
contre un seul cri
celui qui, inlassablement étouffé dans la gorge,
remonte le cours du temps
puis se lance impétueusement
dans l’espace silencieux des mots errants

combien de pas égarés
contre un seul sentier
celui qui promène péniblement
tel un bouleau centenaire
l’orée des forêts parallèles vers ces routes fermées
menant inévitablement au pied des potences

combien de mains tendues
contre un seul adieu
celui qui, inexorablement, achemine au bout de soi,
au recommencement des années,
là où elles achèvent frileusement
de prolonger les plantes vertes de l’oubli

combien de cœurs ouverts
contre une seule haine
celle qui, inévitablement, transfigure les hommes du Yémen
de Lybie de Syrie d’Algérie de Tunisie
marchant en colonnes sur des chemins ensanglantées
vers une incertaine liberté

combien de regards fermés
contre un seul espoir
celui qui annonce, fragilement, au-delà des saisons passagères
le début d’un renouveau au cœur des icebergs
qui se vengeront à coup d’ours polaires
de ces traîtres engoncés dans leurs principes surannés

combien de temps nous faudra-t-il
contre un siècle sourd
pour qu’armés des pinceaux de l’urgence
sur les murs, les socles et les piédestaux
l’irrémédiable cri des mouettes se noyant
hurle aux océans leur cruelle indifférence



«un carnet d'ivoire avec des mots pâles»



C É L A D O N (nom masculin et adjectif invariable)
. vert pâle;
. porcelaine chinoise recouverte d’émail craquelé, le plus couvent vert pâle.


C A U T È R E (nom masculin)
. instrument dont la pointe, chauffée au rouge, sert à brûler les tissus;

thermocautère; moxa.

. locution «un cautère» : un remède inefficace, un expédient inutile



Au prochain saut

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