dimanche 16 novembre 2014

Les chroniques de Saïgon ( 1 )


À défaut de mieux pour l’instant, ''les chroniques de Saïgon'' voilà un titre qui fera l’affaire. Il tranchera sur les ''chroniques du café Riverside'' que j’alimentais assez régulièrement avant de le modifier en  ''nouvelles chroniques du café Riverside'' principalement en raison du fait qu’elles ne parviendront plus du Vuon Kieng devenu un parking. Je devais donc partir à la chasse afin de trouver et un nouveau café et un nouveau titre pour lesdites chroniques.

Les deux premiers cafés visités me sont apparus intéressants. Le premier MON PÈRE CAFÉ en raison de son calme, sa quiétude et son côté ''cosy'' européen; toutefois, il n’offre pas de jardin à l’extérieur et le café, bien que délicieux, est plutôt dispendieux. Situé à quelques rues du Café Riverside, il s’éloigne de la rivière pénétrant davantage dans le quartier des restaurants du District 1. Sans doute servira-t-il lors des journées maussades ou pluvieuses.
Mon Père Café

Le deuxième, le THUC COFFEE, je le définirais comme un café de type populaire, d’ailleurs on vous sert votre boisson favorite dans un gobelet cartonné. Il a pignon sur la rue PASTEUR à quelques pas de la cathédrale Notre-Dame. Le café y est bon mais pour lire ou écrire, plutôt moyen, en raison du bruit ambiant.

Dans les deux cas, le personnel ne cause pas français – il faut s’y attendre à Saïgon – et la maîtrise de l’anglais tourne autour du strict minimum afin de répondre aux demandes des clients étrangers ou des touristes qui déambulent beaucoup dans ce coin de la ville.

Plusieurs autres sont à voir. Le prochain, dans le District 3, je le connais déjà, il s’agit du BLACK and WHITE; terrasse extérieure bien ombragée et un peu en retrait de la cohue du centre-ville. Les chroniques pourront peut-être s’intituler ''les chroniques en noir et blanc'', qui  sait?

 


Le samedi 15 novembre, visite au nouveau local de la Libraire française situé derrière le marché Ben Thanh. On a emménagé ici en mai dernier. Plus petit, les propriétaires ont toutefois conservé le design. J’y ai retrouvé la même libraire, celle qui me racontait son voyage au Québec il y a quelques années. Je lui ai suggéré la lecture de ANIMA (Wajdi Mouawad) ainsi que UNE ENFANCE MAL FERMÉE de Jean-François Beauchemin: on en reparlera la prochaine fois que j’irai faire ma provision de livres autant neufs que seconds yeux. Celui que j’entreprends actuellement est de Amos Oz (LES DEUX MORTS DE MA GRAND-MÈRE).




J’ai dit que la chaleur à Saïgon, cette année, m’oblige à une adaptation particulière. En effet, ça tourne autour de 40 degrés et l’humidité n’a pas encore tout à fait complètement disparu. J’ai ressenti cette chaleur pénétrante avec une certaine difficulté jusqu’à ce que le vent du nord (celui qui j’appelle le petit vent spécial de Saïgon) se décide enfin de se montrer le bout du nez et s'acharne à chasser l’humidité. Depuis quelques jours, la température idéale, celle de la saison sèche, grignote quelques heures de la journée. L’an dernier, à pareille époque, nous étions dans l’expectative de la venue du typhon philippin Haiyan; ce n’est pas le cas maintenant.


Depuis quelques jours - en fait depuis que je suis certain que l’équilibre que la labyrinthite déstabilisait me permettrait de refaire mes promenades matinales en vélo - et suite à ma visite chez l’ostéopathe, l’exercice du matin, soit la trentaine de minutes en vélo a repris. Cela me permet de retrouver mes petites routes, les gens que je salue et qui me reconnaissent, mais surtout de devoir le plus habilement possible contourner les travaux et leurs chantiers (jour et nuit, 7 jours semaine) afin de refaire la chaussée après avoir installé les infrastructures dans Nha Bé, le suburbain du District 7, là où se trouve mon appartement. Au rythme accéléré que l’on maintient, le tout devrait s’achever d’ici quelques semaines.

Il n’y a pas qu’ici que les cônes jaunes (ce sont des humains qui tiennent ce rôle) envahissent les rues. Le centre-ville, avec les travaux du métro que l’on prévoit en fonction en février 2015, y goûte aussi.

Voilà pour aujourd’hui. En début de soirée, Gilles Pavot et Madeleine seront à Saïgon entreprenant un voyage au Vietnam de trois semaines. Mardi, nous partons pour la plage, à Vung Tau. On y discutera de la suite.

À la prochaine.
















mercredi 12 novembre 2014

En altitude, en haute altitude


Un peu plus de vingt heures dans les airs, en altitude; franchir la moitié de la terre; traverser une douzaine de fuseaux horaires; pour certains, voilà un supplice. Je dirais que pour certaines oreilles cela l'est également.

L'altitude ne soumet pas les gens aux mêmes stress, aux mêmes inquiétudes. 

Je vous offre ce poème né dans un 747 de Qatar Airways quelque part entre Montréal et Doha ou Doha et Bangkok, lors de la dernière envolée ou peut-être avant.


en haute altitude

?qui empêchera la pluie de tomber sur les rues sèches de Saïgon
regards tournés vers le ciel
en altitude, bizarrement, tout se joue par oreille,
entre tympan et tambour ou plus creux encore
rien à voir avec le service de la jeune hôtesse, soliste
qui va qui vient puis revient encore,
colombe égarée titubant dans l’allée étroite


l’altitude cause en musique synchronisée
impulsions input output, simultanément
à plusieurs milliers de kilomètres au-dessus des nuages coagulés,
on croirait des volcans
à cent-quatre-vingts degrés d’el conda pasa, le bout de la terre en déséquilibre,
étendue noire artificielle, entre vide et néant, au milieu de rien,
ou, le rien reprenant son vol vide le néant de ses reliefs abyssaux


l’altitude englobe les distances,
au sol elles pourraient se déplier sur un, deux trois continents
galère aérienne voguant, électrique
que personne ne semble devoir pouvoir arracher
au plus pur, au plus insensible silence
d'un avion en mal de puissance
la jeune fille empile des verres plastique vert à vitesse tgv
cela étouffe les chocs supersoniques


à bout de bras, l’altitude, ce capitaine aux longs cours
galvanise ses harmonieuses éclaboussures jusqu’aux confins de l’espace,
au creux du trou noir rempli de navettes égarées, ellipses du temps
tel un port altier, au cœur du noyau de sable,
il se resserre avec la frénésie du soleil constricteur,
catapulté par-delà la porte de l’éternité,
sans fin, sans début, sans cible en son centre désorienté


le sarrau bourgogne de la stewardess et l’obscurité de la cabine se confondent,
tout dort encore
l’immobilité stagnante soumet la vitesse effrénée de l’appareil,
les vifs soubresauts inquiétants
l’ombre en état d’apesanteur, fantôme fugitif,
lentement traînasse tout en léchant les hublots,
son vif reflet  glisse
comme une masse terrifiante qui broie les dos ligotés aux camisoles factices


statue noctiluque, la jeune fille aux doigts graciles qu’elle a colorés du même rouge,
bourgogne,
depuis mille heures au moins, entre les longs sifflements saccadés, les lamentations énergiques,
ratisse autour du petit rai de lumière que les étoiles fugaces déposent à ses pieds,
des frissons et d’autres frissons encore,
involontaires, irréguliers, convulsifs…
elle a si peur en haute altitude

elle a peur
en altitude                  
elle a si peur
en altitude                  
elle a si peur en haute altitude


À la prochaine

jeudi 6 novembre 2014

Saïgon, Vietnam, novembre 2014

Le sourire me semble un peu forcé; la pause, elle, fait selfie; le calendrier, pour sa part, indique la date exacte, c'est-à-dire le 1er novembre 2014. Photo prise dans mon bureau de l'appartement à Saïgon.

Le vol Montréal-Doha-HoChiMinh fut bouleversé en raison de l'annulation de la deuxième tranche ce qui m'a contraint à faire un arrêt à Bangkok pour sauter dans un vol de Turkish Airways menant à Saïgon où je suis arrivé avec un six heures de retard.

C'est à croire que les envolées aériennes ont sur moi des effets aussi différents qu'inattendus. Flotter plus de 20 heures à 35 000 pieds d'altitude a réveillé une labyrinthite dormante que je dois combattre avec des médicaments prescrits par mon médecin suite à l'épisode de juin dernier.

Mon ami ORL me recommande un nouveau médicament que je prendrai si la situation l'exige. D'ici là, rencontre avec l'ostéopathe mercredi prochain.

Voilà pour le bilan de santé.

Autrement, je retrouve un Saïgon, coeur ouvert en plein centre-ville. Les travaux de construction du métro ont fait des pas de géant depuis avril dernier alors que seul le District 9 semblait affecté. On me dit qu'en février prochain, une bonne partie sera achevée.

Il n'y aura pas de Chroniques du Café Riverside cette année en raison de sa disparition. Un immense parking a pris sa place. Ça fait triste de constater que je ne pourrai plus m'y rendre, un endroit devenu mythique. Je suis donc à la recherche d'un nouveau café dont, je l'espère, aura vue sur la rivière Saïgon.

Météo? Chaud (très chaud même), humide (très humide même) et la pluie, régulière en fin de journée ou début de soirée, cause de jolis problèmes aux motos: beaucoup dans le quartier où je suis alors que l'ensemble des infrastructures - surtout les égouts - ne sont pas encore complétées. Ce n'est pas le meilleur temps pour ceux qui souffrent de la chaleur... ultime!

L'appartement est toujours lui-même. Je le retrouve avec joie, comme un retour à la maison suite à un long séjour ailleurs. Mes petites habitudes ressortent quasi instantanément. Les amis que je rencontre n'ont pas changé. Plusieurs dîners (on entend le repas de fin de journée) s'organisent. Comme je le dis souvent: '' Beaucoup de jasage en retard.''

Je dois me remettre à l'anglais. C'est à croire que j'ai régressé depuis six mois ou je ne sais trop, faudra que mon oreille de labyrinthite se refasse.

Entre Saint-Pie et Saïgon, il y a assez d'espace pour la lecture. J'ai terminé UNE ENFANCE MAL FERMÉE de Jean-François Beauchemin; j'étais à Doha. LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS, de Paolo Giordano, c'est ici à l'appartement que je l'ai achevé avant d'entreprendre ANIMA de Wajdi Mouawad. Ne me reste plus qu'à me rendre à la Librairie française de Saïgon pour refaire mon stock.

Voilà donc pour ces premiers jours en terre vietnamienne. Je reviendrai d'ici l'arrivée de Gilles Pavot et Madeleine le dimanche 16 novembre prochain.

À bientôt

l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...