Cette semaine, au Québec, on signale la problématique du suicide. L’Association québécoise de prévention du suicide qui l’organise, a pour objectif de diminuer significativement le nombre de décès par suicide. Pour y arriver, l’éducation, la sensibilisation et la mobilisation sont des éléments essentiels.
Le philosophe Marc Chabot a publié un livre en 1997 qu’il a titré EN FINIR AVEC SOI –Les voix du suicide-.
Marc Chabot a écrit de nombreux essais sur la condition masculine, notamment À NOUS DEUX! HOMMES ET FEMMES : LA FIN D’UN COMBAT en collaboration avec Sylvie Chaput (1993) et, un peu avant, DON QUICHOTTE OU L’ENFANCE DE L’ART, sur la naissance de la littérature.
Celui sur le suicide pose la question de savoir pourquoi tant de gens se suicident. Malgré le fait que depuis 1999, les chiffres nous indiquent une baisse d’un peu plus de 30% de suicide au Québec, il reste que toute personne comme le propose Chabot «emporte avec elle, un secret. C’est à ce secret qu’il faut penser. Philosophiquement, le monde est autre chose qu’une absurdité. Une personne qui s’enlève la vie peut-elle, par son acte, défendre celle-ci et se battre pour une certaine idée du bonheur?»
Je vous ai déjà offert quelques citations provenant de ce livre, elles appartenaient à Cesare Pavese, Schopenhauer, Antonin Artaud et de l’auteur lui-même. J’achève, aujourd’hui, d’en tirer les dernières dont celles-ci sont de Chabot lui-même.
. La solitude grandit plus vite que l’amour de nous que nous avons. La solitude nous dépasse. Elle court toujours plus vite que nous.
. L’être humain n’existe qu’accompagné.
Seul, il n’est rien.
L’amour de soi ne suffit pas à l’humanité.
Un miroir ne nous comblera pas de bonheur.
L’être humain n’existe qu’accompagné.
. … je n’ai pas voulu me suicider, j’ai voulu tuer la vie que je mène.
. Il faut bien peu de chose pour défaire un humain. Il en faut tellement pour le mettre au monde et lui offrir les mots, le temps, le courage d’être.
. Toute la question est là : il y a quelque facilité à franchir de nouvelles frontières extérieures, il peut être impossible de traverser les frontières intérieures de l’être.
. Le monde n’a pas vingt ans. Toi, si. Et le monde en a vu d’autres. Il a l’habitude. Toi, non. Le monde n’a pas vingt ans, l’histoire est un arbre gigantesque. Et cet arbre perd ses feuilles, il est pourri en son cœur et il tient debout. Et les feuilles, en leur solitude, ne peuvent rien pour l’arbre. Chaque jour, une se décroche et tombe. On dirait bien qu’elle tombe parce qu’elle était trop petite, trop fragile, mais elle a été arrachée par une main invisible pendant que les autres feuilles se taisaient et dansaient dans le vent.
Voici deux autres citations proposées par Marc Chabot. La première est d’Hubert Aquin.
. Je suis comme cloué à moi-même. Rien de plus déprimant que cette solitude qui n’éclate nulle part et jamais : je me sens rongé par tout ce que je contiens, par tout ce que j’étouffe.
Le seconde, de Stig Dagerman.
. Aimer c’est être curieux. N’est beau que ce qui ne nous a pas encore satisfait. N’est beau, peut-être, que ce qui est nouveau. En tout cas nous ne pouvons aimer que ce qui est nouveau. Pour aimer quelqu’un que nous sommes parvenus à bien connaître il est nécessaire de commencer par l’oublier, non entièrement mais beaucoup.
Si vous avez la chance de mettre la main sur une copie du journal LE DEVOIR, édition du week-end dernier (30 janvier 2010) ou encore sur le site internet du journal, je vous invite à lire un intéressant article de Ouanessa Younsi, médecin résidente en psychiatrie à l’Université de Montréal, sur le suicide des personnes âgées. Elle s’inspire d’Albert Camus dont on souligne cette année le cinquantième anniversaire de sa mort et qui écrivait : «Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.»
Au prochain saut
- Ce saut est écrit en nouvelle orthographe. -