samedi 9 novembre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne... (Billet 17)

 



Ça y est, les résultats sont maintenant à peu près complets autant pour la Chambre des représentants, le Sénat qu'à la Maison Blanche. Tous convergent dans la même direction, soit une victoire du Parti Républicain.

Le CRAPAUD avait prévu celle de la candidate démocrate à la Présidence des USA, mais les américains lui ont préféré l'ancien 45e devenu le nouveau 47e. 

- (Je rappelle ici  la décision éditoriale du CRAPAUD, à savoir qu'il n'écrit et n'écrira plus les nom et prénom du candidat républicain même s'il est affublé du titre de Président des USA et cela dans tous les billets qu'il publiera sur son blogue.)

Déjà, à travers le monde, politiques, journalistes, analystes, commentateurs et j'en passe, épluchent les scores obtenus par chacune des parties en lice, cherchant à en tirer des conclusions ou à projeter ce que seront les USA à la suite de ce que plusieurs nomment comme un moment charnière de l'histoire américaine.

Tout a été dit voire répété au sujet des candidats en présence, les informations vraies ou fausses passées au crible par leurs partisans qui ne se sont pas enfargés dans la recherche de la vérité, encore moins de l'objectivité. Plus rien à y ajouter. La cour est pleine. Alors... quel est le post- mortem qu'en fait le CRAPAUD ?

Première réflexion : il devait être autour de 02h30 mercredi dernier (6 novembre 2024), le Président désigné achevait ses 30 minutes de discours quand je me suis rappelé un titre de film « Le déclin de l'empire américain». Je crois sincèremnt que nous voici entrés dans la phase finale pour cette dynastie qui, avouons-le, n'aura pas été de très haut niveau. Un pays cherchant par tous les moyens à exporter, en l'imposant, un modèle de vie unique proclamant qu'il est la seule et vraie manière de vivre. L'histoire se souviendra d'un empire assoiffé de profits en tout genre, comme celui qui aura installé la discordre, l'égoïsme et la cupidité un peu partout dans le monde. Un phagocyte unaniment reconnu par la sagesse universelle. Si l'on définit le Président désigné comme étant un être égoïste, imbu de lui-même, infaillible autant qu'imprévisible, raciste, sexiste, n'hésitant pas à user du mensonge et de flagornerie afin de parvenir non pas à la victoire mais à ne jamais perdre, il n'y a aucune surprise à ce que l'américain moyen l'ait choisi (pour une seconde fois) pour remplir la plus haute responsabilité politique du pays. Il s'agit sans aucun doute du personnage le mieux habilité pour achever cette descente inévitable d'une civilisation que les prochaines générations jugeront sévèrement.

Deuxième réflexion : elle m'est venue plus tard dans la journée, porteuse de plus de questions que de réponses. Si la fin justifie les moyens, si l'adversaire se définit comme un ennemi à abattre, si propager des mensonges et des fourberies ne sont finalement que des moyens pour attirer l'attention, allons-y alors et amusons la foule. Parce que les américains se bidonnent aux pitreries de leur ancien et nouveau général en chef des forces armées, de l'ancien et nouveau détenteur des codes nucléaires, convaincu que faire régner la peur sera un bouclier invincible.

(Il serait intéressant ici de relire DISCOURS DE LA SERVITUDE de La Boétie.)  

Combattre la peur en maximisant le discours sur la sécurité devenue depuis le 11 septembre 2001 la hantise de ce géant aux pieds d'argile que sont les USA. La campagne électorale du Parti républicain s'est orchestrée autour du thème de la peur, cette émotion universelle et primordiale, ancrée dans notre psyché. Elle joue un rôle dans la survie humaine en nous préparant à réagir face aux dangers potentiels. Pour actualiser cette manoeuvre, les stratèges républicains ont martelé tout au long de la campagne électorale des élucubrations inimaginables, quasi des prodromes, sur les effets néfastes de l'immigration illégale omettant de signaler que le fameux mur du 45e président n'a finalement obtenu que très peu de résultats. On a manipulé les chiffres afin de convaincre la population que l'inflation perdurait alors qu'elle régresse. D'ailleurs, l'inflation est partie prenante du capitalisme et ne bénéficient qu'aux multinationales ainsi qu'aux multimillionnaires qui, vous l'avez certainement lu comme moi se sont engraissés d'environ 65 milliards de $ depuis l'annonce des résultats électoraux. J'achève cette réflexion en citant ces mots de Pearl Buck, empruntés à L'ANGE COMBATTANT, roman dans lequel cet ange n'est nul autre que son père Andrew.

« Dans l'émoi de cette vie nouvelle - cousins avec qui jouer, verger si souvent décrit à admirer, vaches et chevaux, prairies que rien ne limitait - comme je me sentis d'abord sans défense au milieu de ce jardin sans murs, mais quand je fus convaincue que ni bandits, ni voleurs ne nous menaçaient, comme je fus heureuse et libre ! »

Troisième réflexion : qu'en sera-t-il maintenant des concepts de démocratie, de justice et d'humanisme ? Une évidence se dégage quant à la perception du Président désigné au sujet de la justice qui ne serait juste seulement lorsqu'elle va dans le sens que lui a pointé du doigt, autrement il s'agit de complots dirigés contre sa personne, complots ourdis, évidemment, par les méchants et cruels apparatchiks règnant à Washington. Pour empêcher l'intrusion de la lucidité et de l'objectivité dans le processus judiciaire on répond par la nomination de marionnettes à la Cour suprême, pantins dont il active les fils. Cela ressemble tellement au gouvernement saïgonnais dirigé par Jean-Baptiste Ngô Đình Diệm (assassiné en 1963), fantoche au service des américains. Il ne faudrait absolument pas se surprendre si toutes les décisions légalement  prononcées à l'encontre des fauteurs de trouble lors de l'assaut du Capitole en janvier 2021 disparaissent, après tout ce sont des patriotes, entend-t-on de la part des responsables républicains. Il pourrait en être ainsi pour toutes les accusations (non fondées semble-t-il) pesant sur la tête du Président désigné. On apprend que les échéances au calendrier de l'affaire des fausses allégations de cet homme ont été annulées, présage de l'abandon de la cause. Ce n'est qu'un début.

La démocratie serait en péril chez nos voisins du sud. Malgré le fait que 4 années se soient écoulées depuis la divulgation des résultats de l'élection ayant mené à la victoire de Joe Biden, qu'aucune preuve n'ait été retenue soutenant que des allégations de malversation, de concussion ou de malhonnêteté de la part du Parti démocrate, le nouveau-ancien Président maintient encore et toujours que cette élection, eh bien on le lui a volée. Pour cet autocrate, la démocratie ne fonctionne correctement que lorsqu'elle lui sied bien. Sa riposte en cas de défaite lors de suffrage de 2024 était déjà publiée sur l'ex-Twitter, « si je perds c'est qu'on me l'a une autre fois volée et sera le présage d'une guerre civile.» Craignons un tel individu qui manipule à son gré l'idéal de la démocratie dont le symbole ultime demeure encore le droit de vote lors des élections.

Cela m'amène au dernier point de cette troisième réflexion, l'humanisme.
On croit en la démocratie comme système ; on s'appuie sur la justice comme principe moral ; qu'en est-il de l'humanisme, cette attitude philosophique qui place l'être humain comme valeur suprême. Un être multidimensionnel et universel n'appartenant qu'à une seule et unique race, la race humaine. Il faut, je crois, le saisir dans toutes ses différences, toutes ses ressemblances, ses croyances, et primordialement dans ses recherches d'absolu. Qu'on le veuille ou pas, l'être humain se reconnaît dans un autre être humain. Leurs mains sont faites pour se soutenir. Leurs coeurs, pour favoriser le partage. Leurs cerveaux, pour percevoir et le monde sensible, relatif ainsi que les grands mouvements agitant l'intérieur de l'âme. Avant tout, l'être humain aspire au bonheur, le sien et celui des siens, j'entends par là tous les autres êtres humains. L'Orient et l'Occident - de même que tous les «proche ou moyen» - ne sont pas des antipodes, ils sont des complémentaires. Après tout la Terre n'est-elle pas ovalement ronde pour que nous puissions, tous et chacun, se rejoindre au lever ou au coucher du soleil ? Nous fonctionnons sensiblement de la même manière, Jean-Jacques Rousseau l'énonce bien : « La nature a fait l'homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable. » L'humanisme aux USA a changé de nom, on le définit comme étant le «trumpisme» qui est loin d'être une attitude philosophique, mais plutôt une idéologie assise sur l'évangile du Projet 2025 (cf. Le CRAPAUD en date du 18 septembre dernier.

Il y a ... il y aurait encore tant à dire, à écrire sur ce 5 novembre 2024 qui  nous dévoile une réalité à assumer avec toute la vigilance possible.

Comme le disent si souvent les politiciens des USA : GOD BLESS AMERICA.

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

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