vendredi 22 avril 2022

Chapitre 6C -

                                                                             6C

 

 

Cambodge


    Bao, en cette deuxième journée à Phnom Penh, lut le message que la docteure Méghane lui avait envoyé sur son portable. Il était parvenu durant la nuit. Elle en fera la lecture à Daniel Bloch au petit-déjeuner, confortablement installés sur la terrasse de l’Hôtel Bougainvillier.

Dévoreuse passionnée de livres, trois bouquins alimentent simultanément son engouement, mais un seul demeure parmi le trio, LE LIVRE D’OR DE LA POÉSIE FRANÇAISE de Pierre Seghers, qui résume ainsi son livre : “ Une anthologie n’est pas un herbier de petites fleurs séchées, elle n’est pas un cimetière. Les aventuriers de la poésie demeurent indéfiniment vivants. Ils sont votre plus secrète, votre plus intime compagnie. Si certains vous distraient, d’autres iront beaucoup plus loin, ils vous révéleront à vous-même. Et quelques-uns, à l’improviste, vous conduiront à la réflexion. Devant tant de richesses et de présence, on se dit qu’il ne faut pas être respectueux, mais avide. D’où qu’il vienne, et même des plus réservés, le poème est un cri d’amour : il appelle à une mystérieuse communion, il cherche une autre voix, une moitié qui est vous-même. Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose. Je la tiens pour essentielle à l’homme autant que les battements de son coeur.”

Elle avait ajouté dernièrement, en fait depuis sa dernière conversation en tête-à-tête avec la docteure Méghane, cette troublante traduction en français de D’ABORD, ILS ONT TUÉ MON PÈRE de la Cambodgienne Loung Ung, un compte-rendu autobiographique de la période qu’elle a vécue sous le régime des Khmers Rouges. Quelques soulignages ici et là, afin de ne pas oublier des passages intéressants dont elle voulait discuter avec l’homme au sac de cuir.

Ayant suivi une formation en lecture rapide qui lui permet de passer à travers des documents importants en très peu de temps, elle a ainsi réussi à augmenter sensiblement sa vitesse d’absorption.

Daniel Bloch lui signifia qu’il serait au restaurant de la terrasse avant de quitter la chambre. Leur journée s’achèverait par le départ vers Kep-sur-Mer, direction Saverous Pou qui les attendait ; auparavant, ils visiteraient le Musée du génocide de Tuol Sleng, le site commémoratif de S-21, centre de détention et d’interrogatoire du régime khmer rouge. Ils pourraient y entendre de la musique, des chants, visionner des documentaires, ainsi que participer à un forum de discussion. Kang Kek Ieu, communément appelé Douch, en fut le directeur, ainsi qu'un des responsables du Santebal, la police politique.

Daniel Bloch choisit une table en retrait sur la terrasse de l’hôtel. La pluie qui s’était invitée, gonflait les eaux du fleuve Tonle Sap tout juste en face. Le serveur de la veille s’approcha.

- Bon matin, monsieur. Vous avez passé une bonne nuit ?

- Excellente, je vous remercie. Mais vous travaillez sans relâche ?

- La situation économique qui sévit dans mon pays n’est pas des plus reluisantes, monsieur, il faut alors s’astreindre à plusieurs heures de travail afin de joindre les deux bouts.

- Je vois. Est-ce que vous servez le café robusta ?

- Certainement, monsieur, de plus nous nous approvisionnons directement chez un caféier vietnamien de la région de Dak Lak, dans le centre du pays. Ne s’agit-il pas là, monsieur, de l’un des meilleurs cafés au monde ?

- Je suis tout à fait de votre avis.

- Est-ce que monsieur a déjà goûté au café kopi luwak ?

- Celui qu’on appelle café animal ?

- Je vois que monsieur est bien renseigné. Exactement. Notre hôtel a souhaité l’ajouter à notre palette d’offres, mais le coût excessif a freiné son élan. Notre distributeur nous a aussi proposé un café provenant de la bouse d’éléphants, le Black ivory. C’est tout nouveau. Je vous sers le robusta alors ?

- Merci.

Le garçon de table, à la fois sommelier et oenologue, disparut, laissant tout l’espace pour l’entrée de Bao.

Daniel Bloch constata à quel point elle était radieuse, ce qui allait certainement égayer la journée. Cette femme possédait un don pour choisir ses vêtements. Ils se mariaient parfaitement aux couleurs du jour. Ce matin, un tailleur gris lui allait à ravir ; un espiègle foulard de soie orangé agençait le tout d’une note vive.

- Vous êtes ravissante.

- Vous avez été servi ?

- Le même garçon de table que lors de notre dîner d’hier soir, s’en charge.

- Un repas tout à fait remarquable. Je ne connaissais pas la cuisine cambodgienne, encore moins le vin choisi, mais tout concordait à merveille. Je vous laisse jeter un oeil au message que la docteure Méghane a expédié sur mon portable la nuit dernière ; j’explore la carte du menu.

Le choix de Bao se porta sur un potage de riz et une soupe Phnom Penh - mélange de nouilles de riz, de viande de porc et de crevettes. Elle fera ajouter du foie et du coeur. La soupe sera accompagnée de beignets longs appelés tchaquai. Un thé chaud et citronné, pour elle. Finalement, quelques fruits dont l’ananas sculpté à la cambodgienne que l’on mange avec du sel et du piment.

Daniel Bloch n’interrompit pas sa lecture lorsque le serveur déposa la tasse de café et nota la commande. Il quitta la table, non sans avoir jeté un rapide coup d’oeil vers cette dame qui, vraisemblablement, l’avait séduit.

- Eh bien nous voici fort bien renseignés, remettant le portable à sa propriétaire.

- On ne peut demander mieux. Cette femme possède un magnifique sens de la chronique.

- Et de l’esquive tout à fait maîtrisée.

- Qu’en pensez-vous ?

- Ma première conclusion : nous serons en possession d’un document capital permettant de décrypter le sens des lettres, ce qui signifie que le code en main, poindra une nouvelle signification. La seconde, qui aurait dû être la première : ces deux meurtres qui s’ajoutent au premier, cela amplifie le poids et la portée de l’affaire. Nous devrons peut-être trouver de l’aide plus solide que nos pauvres moyens.

- Je vous rejoins, mais permettez-moi d’ajouter ceci, de l’ordre de la prudence. Il devient clair maintenant que nous ne sommes plus seuls à agioter dans cela. Le ministère de l'Intérieur devient un nouvel acteur et il est de taille. S’il a choisi de prendre la responsabilité de l’enquête sur des meurtres civils, comme le mentionne la docteure, nous devons croire que cet incident, le mot est léger, peut avoir des racines plus profondes.

- Sur ce point, la docteure Méghane m’apparaît être la personne toute désignée pour jauger ce que nous pouvons agir, laissant aux ministériels la marge de manoeuvre nécessaire afin de faire avancer l’enquête.

- Oui, mais sachez que nous ne serons pas ceux qui recevront des informations de quelque nature qu’elles puissent être provenant des instances ministérielles. À moins que...

Elle fit une pause, laissant au serveur le temps de déposer devant eux le petit-déjeuner qui exhalait des odeurs exotiques.

- Permettez-moi une indiscrétion ? Dit le garçon de table.

- Sans gêne, allez-y.

- Vous en êtes à la dernière journée, ici. Avez-vous envisagé un plan ? Je sais qu’on vient vous prendre vers 16 heures afin de mener à la gare, mais d’ici là ?

- Nous partons sur Kep-sur-Mer retrouver une amie, toutefois, nous nous rendrons au Musée du génocide de Tuol Sleng, avant de quitter la capitale.

La remarque suscita un certain effet chez cet homme dont il serait difficile de deviner l’âge, ce qui est habituel chez les Asiatiques. On les croirait à l’adolescence alors qu’ils sont adultes.

- Je n’ai jamais souhaité m’y rendre. Des parents proches n’ont pas survécu à ces années horribles.

- Vous m’en voyez désolée, dit Bao.

- Bien que j’aie vécu en France, mes parents sont restés en contact, je ne sais trop de quelle manière, avec des gens qui les informaient, directement d’ici, sur la triste situation qui y prévalait. Vous ne pouvez imaginer comme je suis anxieux de voir s’ouvrir, enfin, les procès des dirigeants khmers rouges. Pol Pot est décédé, il y a maintenant sept ans, mais d’autres échappent toujours à la justice.

- On n’a pas de précision sur la date de la tenue de ces procès ?

- Vous savez, madame, lorsqu’il est question de justice, il faut être patient. Les actes d’accusation, tous les Cambodgiens pourraient les rédiger, alors que le langage juridique s’acharne sur des virgules, comme le dit si bien l’expression française, s’enfarge dans les fleurs du tapis.

- C’est ainsi partout dans le monde, ajouta Daniel Bloch.

- Je ne souhaite pas vous embêter avec cela, comme nous n’aurons plus l’occasion de discuter, je me suis permis cette digression.

- Laissez-moi vos coordonnées, dit Bao, nous pourrions garder le contact.

- Vous me faites là un grand honneur, madame. Je les transcris sur un bout de papier. Bon appétit.

Il s’éloigne, plus aérien que la veille. Les deux convives se regardèrent, la connivence emplissait leurs yeux.

 

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Vietnam.

 

    L’immense building de la banque HSBC, situé rue Đng Khi, face à la cathédrale Notre-Dame, ruisselait sous la pluie. Thi trouva rapidement une place pour garer sa moto et se précipita à l’intérieur. Au bureau d’enregistrement des visiteurs, il mentionna son intention de rencontrer la docteure Méghane. L’employée plaça un appel avant d’exiger qu’il laisse sa carte d’identité au comptoir : on le recevrait au quatrième étage.

Le poète s’y présenta, remercia la secrétaire qui lui offrait un thé et l’invitait à s’asseoir. L’atmosphère dans cet immense bureau en est une de dépouillement, de sévérité. Aucun tableau n’orne les murs en plâtre blanc. Un plancher bien astiqué, une machine distributrice d’eau, un photocopieur, quelques chaises en cuir couleur galuchat, voici pour le décor. Certains professionnels affichent, dans de rutilants cadres tout en dorure, leurs diplômes comme s’ils souhaitaient témoigner de leur niveau de compétence, mais chez la docteure Méghane, rien de cela.

La porte de son cabinet s’ouvrit, en sortit cette jeune dame rencontrée il y a quelques jours sans avoir répondu à ses politesses.

- Vous souhaitez me voir ?

- Quelques instants seulement.

- Entrez et assoyez-vous.

Elle demanda à la secrétaire de filtrer les appels durant l’entrevue.

- Votre visage me ramène à notre courte rencontre au café où vous travaillez. La professeure Bao nous a présentés. Que puis-je faire pour vous ?

- Deux choses : d’abord, seriez-vous au courant de l’endroit où elle se trouve actuellement et j’aimerais vérifier avec vous si je peux correspondre au type de gens que vous sollicitez pour vos recherches ?

- Je vois que notre amie commune, dont je n’ai aucune idée de son agenda, vous a parlé du fait que je tente d’engager des volontaires afin de faire avancer mes études sur la mémoire.

- Elle croit que ma connaissance de la langue française, bien que rudimentaire, comme vous pouvez le constater, serait un atout.

- Si vous êtes disponible quelque part cette semaine, fixons un rendez-vous. Vous passerez le test afin de vérifier si vous convenez à mes attentes. Voyez cela avec ma secrétaire.

Là-dessus, la docteure Méghane se leva, tendit la main à son interlocuteur avant de le reconduire dans la salle d’attente.

- Votre patronne se distingue par la concision, si je peux me permettre, dit le poète à la secrétaire qui lui répondit par un sourire narquois.

- Tu prends rendez-vous ?

- L’après-midi me convient mieux, n’importe quel jour, cela n’a aucune importance.

- Alors, répondit-elle, feuilletant le carnet de rencontres, que dirais-tu de revenir demain après-midi, à 14 heures. Sois scrupuleusement ponctuel, car la docteure ne supporte aucun retard.

- Cela semble bien correspondre à sa personnalité. Sans souci, j’y serai quinze minutes à l’avance.

- Bravo, jeune homme, tu marques des points. Souhaites-tu connaître les arrangements financiers ?

- Pas du tout, cela m’est secondaire.

Il quitta l’immense bureau, récupérant sa carte d’identité auprès de l’employée qui lui signifia avoir reçu l’information qu’un rendez-vous était prévu pour le lendemain, qu’il n’aurait donc pas à lui laisser sa carte d’identité, qu’à lui présenter.

Il sortit de l’immeuble, ressentant une certaine ambivalence. Il ne pourrait pas répondre aux militaires sur le lieu où Bao se trouve présentement, mais satisfait de revenir auprès de cette femme énigmatique et combien envoûtante.

La pluie, sans avoir complètement cessé, bruinait toujours. Les rues gorgées d’eau ralentissaient la circulation ; il fallait éviter les flaques, si on ne souhaitait pas asperger les motocyclistes cachés sous leurs imperméables et les piétons qui trottinaient abrités sous un parapluie.

Il s’arrêta au café Nh Sông afin de discuter avec la nouvelle employée qui prenait la relève de Hoa. Devenir un collaborateur auprès de la docteure Méghane lui procurerait un certain avantage sur les trois colonels, du fait que maintenant, sans tout à fait faire partie du groupe sélect gravitant autour de Bao et Daniel Bloch, il s’en approchait quand même. Il ne lui reste plus qu’à trouver la bonne échappatoire pour éviter le harcèlement qu’il allait sans aucun doute subir de la part des militaires.

 

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Cambodge.

 

    Les deux visiteurs déambulaient silencieusement dans ces lieux devenus un musée, celui du génocide cambodgien. Ils s’arrêtaient ici, puis là, lisant les légendes sous de vétustes photos en noir et blanc, fermant les yeux à l’occasion, car des sujets devenaient insoutenables, réalisant que ces horreurs n’avaient rien à voir avec la fiction, mais bel et bien une chronique macabre des interrogatoires, des tortures et des assassinats qui y furent consciemment exécutés, dans cet édifice qui abritait d’abord un lycée - Tuol Svay Prey - parmi les mieux cotés de Phnom Penh.

Le silence s’imposait de lui-même. Ils s’immobilisaient dans certaines salles où les craquelures bariolent les murs, des lits de fer sans matelas, d’autres qui servirent de lieu d’interrogatoire et de tortures inimaginables.

Ils durent quitter un instant cet enfer pour reprendre leur souffle. Partout, les mêmes planchers carrelés jaune et blanc sur lesquels ils marchaient, devaient grouiller d’élèves, devenus par la suite et durant quatre années infernales, des sentiers ayant imprimé dans leur mémoire de marbre, les effroyables souffrances inhumaines et combien inutiles de gens - on parle de 17 000 individus de tous âges, des hommes, des femmes, des enfants dont le nom fut substitué par un numéro, comme pour les animaux de boucherie - ces gens qui ne saisissaient pas le sens des questions qui leur étaient posées. Le règlement les obligeait à répondre ; ils disaient n’importe quoi ou crachaient le nom de quelqu’un d’autre, ce qui, dans les deux cas, signait leur arrêt de mort.

Des femmes, à qui on arrachait sauvagement les nourrissons, assistaient à leur supplice ; les bourreaux les tapaient sur les murs ou contre des arbres, avant de les jeter dans une fosse vaseuse. Ces mères s’évanouissaient ou crevaient étouffées dans leurs larmes et leurs vomissures.

Les deux amis se tenant par la main, grimpèrent aux étages où l’horreur laissait place à plus d’horreurs encore. Les films documentant la visite infiltraient en eux la glaciale impression que la barbarie humaine atteignait, dans ces lieux, le niveau de la plus brutale cruauté.

- Quittons ce lieu, demanda la professeure rudement ébranlée.

- Tout de suite, répondit celui qui ne pouvait s’empêcher de se remémorer, bien que cela soit survenu il y a plusieurs années, ses jours à Auschwitz, là où ses parents périrent.

- Pourrions-nous marcher un peu avant de rentrer ?

- Nous en avons besoin, mais la pluie ne vous dérange pas ?

- Il y a pire, vous savez.

 

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    Ils décidèrent de faire une courte sieste avant de se diriger vers la gare de Phnom Penh, direction Kep-sur-Mer.

- Reposez-vous, je vais descendre à la réception placer un appel chez mon amie qui nous attend afin de la rassurer que nous arriverons bien dans les temps prévus.

- Je vous avoue en avoir besoin à la suite de ces émotions. Je veux vous dire que je pourrai aller plus loin dans le peu que jai raconté au sujet du soldat qui, à la vue de mon bracelet de jade, s’est souvenu de ma grand-mère.

- Vous me raconterez cela dans le train, le trajet s’étend quand même sur plus de cinq heures.

- Il ne sera pas trop tard pour votre amie ?

- Cette femme est une battante. Comme elle n’a pas la langue dans sa poche, elle ne se gênera pas pour nous indiquer qu’il est temps de remettre la suite des choses à plus tard.

- Parfait alors.

Daniel Bloch laissa la professeure se diriger vers sa chambre avant de sortir prendre l’ascenseur le menant au rez-de-chaussée. Dans cet espace clos, il imagina un instant le sort réservé à tous ces Cambodgiens. La souffrance physique, on la voit dans toute sa monstruosité, mais qu’en était-il du fait qu’une fois entrés à S-21, les détenus, réduits au silence total, nuit et jour, ne pouvaient plus communiquer entre eux sous peine d’être fouettés Ils souffraient de faim et d’humiliation de façon permanente.

Il arrivait péniblement à songer à quel point ces personnes pouvaient encore être décrites comme des êtres humains. Sans minimiser la torture du corps, celle de l’esprit devait être pire encore.

La porte de l’ascenseur s’ouvrit. Au bureau de la réception, il présenta le bout de papier sur lequel était inscrit le numéro de téléphone de Saverous Pou, demandant qu’on établisse la communication.

- Chère amie, nous quittons Phnom Penh d’ici une heure. Si le train n’enregistre pas trop de retard, nous devrions être chez-vous autour de 21 heures.

La conversation fut brève. Après avoir vérifié que le transport sera bien à l’heure, il régla les frais encourus durant le séjour.

 

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Vietnam


    Thi comprit rapidement que la jeune fille prenant la relève de Hoa ne s’en laisserait pas imposer par qui que soit, ce qui le rassura sur de possibles ingérences de la part des trois colonels. Il prit la route vers le President Hotel, curieux d’en connaître un peu plus sur le message que lui avait remis le mystérieux homme sourd-muet.

Au squat où loge les deux compagnons, le calme régnait. Mister Black était étendu sur une natte en bambou, alors que Lotus griffonnait dans le cahier de notes des compte rendus de chacune des rencontres du groupe Janus.

- Je t’offre un thé ?

- Avec plaisir. Est-ce que tu as pris connaissance du pli que je t’ai remis hier soir ?

- Oui et je crois que tu seras encore plus surpris que lors de sa réception. Je peux te livrer ce qu’il contient, à moins que tu ne préfères attendre la rencontre de la nuit prochaine ?

- J’avoue que ma curiosité l’emporte.

Le leader servit le thé, puis ouvrit l’enveloppe qu’avait reçue le poète. Il lit.

- À QUI DE DROIT,

voici quelques proverbes vietnamiens qui sauront vous aider :

 

(Trăm điều nghe không bằng một điều thấy)      

Cent choses entendues ne valent pas une chose vue.

 

(Ta về ta tắm ao ta, dù trong dù đục ao nhà vẫn hơn)      

Je reviendrai me baigner dans mon petit lac, que l’eau soit transparente ou trouble, mon petit lac sera toujours le meilleur.

 

(Tai vách mạch rừng)     

Les murs ont des oreilles, les cloisons ont des trous.

 

(Giấu đầu hở đuôi)   

Un menteur en cachant sa tête, il découvre sa queue.

 

(Ai trong chăn mới biết chăn có rận)     

Seul celui qui est sous la couverture sait qu’elle a des puces.

 

Le poète, assis par terre, passait sa tasse de thé d’une main à l’autre.

- Des proverbes.

- 5 proverbes.

- Tu y vois un lien ?

- C’est à découvrir.

- Pas de signature ?

- Oui, j’oubliais. La voici : SGiả.

- Cela me dit quelque chose, laisse-moi y songer.

- C’est un vieux mot qui signifiait “l’ambassadeur” ou “le messager

- Voilà, cela me revient. Le même que l’étudiante de Bao.

Les deux jeunes hommes achevèrent de boire leur thé lorsque Mister Black se manifesta.

 

tu connais le dicton:

ça commence par un poil qu’on s’arrache et,

au bout du compte, on s’entretue.

On dit aussi que, pour claquer des mains, il en faut deux.

Hwang Sok-Yong

 

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