Un mois de mai en dents de froid et de pluie, exactement ce que nous aurions souhaité pour avril mais qui a choisi d'arriver au moment où notre corps et notre âme exigent davantage de soleil et de chaleur. Un mai désiré comme une suite à la plage cubaine, aux couleurs sur la mer, à cette si douce température qu'elle nous pousse à croire que ça pourrait être ainsi tout au long de l'année.
Un mois de mai... trois lettres seulement pour dire le printemps et ses nécessaires retours, éclosions, ses magnolias puis ses lilas qui regardent de haut les tulipes, les crocus et les jacinthes qui osent pointer leur tête hors de la terre encore froide. Des jardins à refleurir, des potagers à bêcher, à nourrir, en qui croire.
Un mois de mai qui cherche une lune plus chaude, plus maternelle, une lune marine.
Un mois de mai...
Les feuilles du bouleau qui s'accaparent de la moitié de ma fenêtre et se confondent à celles de l'érable planté dans le trottoir face à la maison, comme un grand urbain qu'il est, les feuilles du bouleau me rappellent nos messages de l'automne dernier. Les arbres cultivent la mémoire et savent nous chatouiller les yeux afin que le souvenir demeure, collé aux verts des feuilles.
Lui, ce bouleau blanc qui n'a jamais vu la forêt, n'a jamais rêvé d'autre chose qu'à ce soleil derrière la maison venant doucement à sa rencontre en milieu d'après-midi, ce bouleau sait comment attiser les souvenirs. Il n'a qu'à bouger un peu, frétiller je dirais, pour que les couleurs de maintenant rejoignent celles de l'hiver puis celles de l'automne.
Je lui ai donné un nom. Nous sommes les seuls, lui et moi, à le connaître. Il le porte pour deux raisons: la première, parce qu'il est un spécialiste de la couleur et la deuxième, parce qu'il possède la forme d'un glaive tendu vers le ciel. Ce bouleau reflète la couleur, en fait toutes les couleurs autour de lui et il le fait avec une simplicité tellement pure que chacune d'elles conserve son originalité puis s'ouvre aux autres avec grâce et tendresse. Ce bouleau blanc a la forme d'un glaive tendu lorsque sa silhouette court vers le ciel, on n'a qu'à bien regarder pour s'en apercevoir. Voilà pourquoi je lui ai prêté le nom de Federico Garcia Lorca.
Le poète espagnol qui écrivait
«Sur la plage la mer danse
un poème de balcons.»
«Sur la plage la mer danse
un poème de balcons.»
me permettra sans doute de modifier ses mots
«Sur la vitre le bouleau danse
un poème de balcons.»
«Sur la vitre le bouleau danse
un poème de balcons.»
Un mois de mai... espagnol et urbain... à travers lequel j'entends cet écho souterrain...
l’écho souterrain
l’écho insolite troue l’espace
une plume d’ange s’enfuit
la rame du métro s’arrête
- personne ne descend -
repart dans le même bruit
celui d’un insolite écho troublant l’espace
le noir souterrain remue
bousculant les murs que la publicité salit
alors que le train, étourdi à suivre des lumières bleues,
se dirige vers le prochain arrêt
rien
que l’écho stationnaire
collé aux portillons qui s’ouvrent
puis se referment dans le silence de cinq heures
un silence bondé de solitudes lasses
rien et un peu moins
un écho qui étourdit les oreilles
qui chiffonne un journal recyclé
qui cherche dans si peu d’espace
celui qu’il empruntera pour se cacher
à nouveau le train s’arrête
retenu par une panne de courant inattendue
l’écho souterrain se dissipe dans l’espace insolite
et sort… underground...
dans un grand soleil d’ange
Au prochain saut