jeudi 15 novembre 2012

L'arrivée

C'est Clémence Desrochers qui disait dans un de ses savoureux monologues qu'il n'y a rien de pire que d'entendre brailler des enfants dans un avion. Trois sur trois dans ce voyage en trois escales. Tous installés à deux sièges devant moi. Des enfants qui pleurent en avion c'est comme les coqs qui se répondent le matin. On ne réussit pas à se rappeler quand ils s'arrêtent, leurs pleurs se mêlant tout doucement (sic) à celui des moteurs, à la circulation intérieure et à toutes ces conversations ambiantes impossibles à décrypter, puisque chez Qatar Airways c'est beaucoup en arabe. Si je compare cette langue au vietnamien j'arrive au même résultat, ne rien comprendre.

Première étape: Montréal vers Doha. 12 heures 45 minutes de vol. Un service parfait. On comprend aisément que cette compagnie aérienne ait reçu deux années de suite le titre de la meilleure au monde. Tout est parfait, du siège - ce compagnon fort intime de voyage - aux repas en passant par l'espace nécessaire et ici combien adéquat entre soi-même et le passager devant. Comme toutes les lumières se ferment après le repas, qu'une douce musique enveloppe la cabine, c'est une invitation au repos pour certains, au sommeil pour d'autres. La petite musique ne réussira toutefois pas à enterrer quelques ronflements, plusieurs borborygmes, certains bruits personnels qui rempliront d'une odeur spéciale les narines les plus fines... et des pleurs d'enfants.

L'arrivée à Doha dans cet incroyablement grand aéroport où je me reconnais, il m'est possible de prendre mon temps - j'ai deux heures avant le deuxième départ - flâner à gauche et à droite, mais surtout NE PAS ÊTRE ASSIS, marcher, enfin bouger un peu. Il y a déjà 8 heures de décalage horaire, 8 heures d'avance dans le temps sur le Québec ce qui me fait penser au fait que si jamais la fin du monde devait réellement se produire en décembre prochain selon le calendrier maya, au Vietnam ça sera 12 heures avant tout le monde... Si vous ne recevez pas de mes nouvelles à ce moment, eh bien... vous aurez un peu de temps pour finaliser quelques dernières affaires.

Marcher dans Doha, et entendre je ne sais trop combien de langues différentes est un concert en soi auquel s'ajoute les petits groupes de musulmans à genoux sur leur tapis qui prient orientant leur prière vers l'est. Deux heures, vite passées... puis retour vers les enfants qui crient et leurs parents affolés cherchant par un quelconque moyen à la Montessorri pour les faire taire, les hôtesses d'origines diverses qui tentent de répondre aux demandes de celui-ci, tout près de moi, à vouloir changer de place, se disant sans doute que les prochaines six heures n'allaient pas être de tout repos. Il me semble que les pleurs des enfants ne sont pas les mêmes à l'arrivée de la nuit. Les deux compagnons voyageurs du premier vol se retrouvent trois sièges derrière et ne semblent pas le regretter. Je suis au 11 H maintenant, au 12 H auparavant. Et avant toute!

Depuis Montréal j'en suis maintenant, sans calculer les heures différentes, j'en suis à 12 heures et une demie dans les airs sur une possibilité de 15 heures. Arrivé à Bangkok, 19 heures sur 21. Je me le rappelle, tout ce temps majoritairement assis. Le jour où il sera possible de voyager en l'air comme on voyage sur et sous terre, un peu assis, beaucoup debout, bouger d'un wagon à l'autre... quel grand pas l'aviation aura-t-elle franchie! D'ici là, yeux fermés et oreilles toutes remplies de sons d'enfants, direction Thaïlande.

Au cours du dernier voyage, ce que j'allais bientôt vivre à Bangkok je l'avais vécu à Doha, c'est-à-dire un transit de 12 heures d'affilée. Je ne pas besoin de me ... gratter les souvenirs longtemps pour les voir remonter à la surface... Cette fois, 12 heures (de 7 heures à 19 heures) à arpenter cet immense aéroport plutôt tranquille ce matin, ce fut long, très long. Comme il faut un visa pour entrer dans le pays, je suis donc demeuré en zone internationale. Par chance, dans un petit coin reculé de la zone D j'ai découvert quelques I-The-Bed (je ne suis pas certain de l'orthographe) sur un desquels j'ai pu dormir un peu. Les messages diffusés en thaï puis en anglais ressemblaient à des appels entendus dans les hauts-parleurs des hôpitaux, aussi discrets, renouvelant l'invitation à surveiller tes bagages. Parfois, c'était pire que les pleurs d'enfants mais le même résultat, dormir d'une oreille et surveiller de l'autre,

Finalement le troisième et dernier passage obligé, celui qui, une heure et 5 minutes plus tard, allait me permettre d'arriver à Saïgon. Un seul enfant, quelques cris, un sandwich au poulet et j'y étais. Aucune formalité particulière à part celle de récupérer mon visa que j'avais fait préparer à l'avance par une amie vietnamienne, un bonjour rapide au douanier, et, surprise totale, ma valise la première à se présenter sur le tapis roulant, les portes de l'aéroport s'ouvrant je reconnus immédiatement cette chaleur caractéristique qui te salue en te chatouillant l'ensemble du corps. Il était 22heures. Tellement heureux, j'aurais pleuré comme un enfant.

48 heures après Montréal dont près de 21 heures dans les airs, 12 heures de décalage horaire, Saïgon me revenait.

À la prochaine.


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