François Weyergans
Ce matin est
indécis. Nuageux et frisquet. Ensoleillé puis chaud. Il varie selon des humeurs
qui lui sont toutes personnelles. Il oublie sans doute, ce matin du début du
mois d’août, que nous sommes en été et qu’en été, la saison la plus estivale
des quatres… on s’attend à autre chose que le cycle canicule/froideur.
À un moment je
peux aller tondre le gazon puis les nuages grisonnent l’espace, chamboulant
mon horaire. Légère pluie suivie d’un bon coup de vent. Même les chats errants
semblent hésiter entre la haie clairsemée et la galerie sur laquelle le bol de
nourriture vide les désespère.
Je m’en remets
donc à la musique, moi qui me suis réveillé avec en tête Orfeo Negro (à la
guitare). Croyant que Baden Powell jouait cette samba tirée du film du même
nom, je ne l’ai pas trouvée sur you tube, je me suis donc contenté d’une
autre version, au saxophone cette fois.
Les oreilles à
l’écoute, les yeux sur l’extérieur, je me suis souvenu de cette note gentiment
glissée sous un saut du CRAPAUD : «vous n’avez pas indiqué vos lectures
pour 2012.» Exact. Je me reprends donc ce matin alors que la musique qui m’accompagne
est celle du film OUT OF AFRICA, elle est de Mozart.
Voici donc la
liste 2012 et, comme LE CRAPAUD en a l’habitude, suivront les coups de foudre de l’année.
Amos Oz
-(Il pleut
maintenant, c’en est donc fini pour la tondeuse et je m’offre l’intégrale des
NOCTURNES de Chopin.)-
L’IDIOT (Dostoïevski)
KIM-VÂN-KIEÛ
(Nguyen Du)
TERRE DES
OUBLIS (Duong Thu Huong)
DÉMON
(Christophe Dallot)
LES CHAUSSURES
ITALIENNES (Henning Mankell)
LA NUIT DU
DRAGON (Norman Lewis)
L’AMANT
(Marguerite Duras)
LA PISTE HO
CHI MINH (Van Geirt)
AU-DELÀ DES
ILLUSIONS (Duong Thu Huong)
SANS SANG
(Alessandro Barico)
HOMÈRE,
ILLIADE (Alessandro Barico)
CONTES DU
LUNDI (Alphonse Daudet)
LA LISTE DE
MES ENVIES (Grégoire Delacourt)
ÉLISABETH
COSTELLO (J.M. Coetzee)
TERRES DE
CRÉPUSCULE (J.M. Coetzee)
Cela vous
semblera bizarre, mais il m’est désormais impossible de faire la liste de mes
lectures en terme d’année; plus facile de l’établir en
indiquant les livres lus ici, à la campagne, au Québec et ceux lus en ville, à
Saïgon.
Pour
entreprendre cette nouvelle façon de faire, je vous laisse dès maintenant ceux
que j’ai lus au Vietnam entre le début janvier et le 1er mai 2013.
Ceux qui précèdent ayant nourris mon imaginaire entre deux escales
vietnamiennes.
L’ENFANT QUI
DEVINT FOU D’AMOUR (Edouardo Barrios)
LA DÉMENCE DU
BOXEUR (François Weyergans)
SEULE LA MER
(Amos Oz)
NOS
SÉPARATIONS (David Foenkinos)
LA NUIT SACRÉE
(Tahar Ben Jalloum)
VASTE RECUEIL
DE LÉGENDES MERVEILLEUSES (Nguyen Du)
LE LAC NÉ EN
UNE NUIT ET AUTRES LÉGENDES DU VIETNAM (Minh Tran Huy)
AU
REZ-DE-CHAUSSÉE DU PARADIS - Récits vietnamiens de 1991-2003-
(Collectif d’auteurs)
UNE VIE DE
CHIEN (Bui Ngoc Tan)
QUAND ON EST
JEUNE (Phan Thi Vang Anh)
UN PEDIGREE
(Patrick Modiano)
PESTE ET
CHOLÉRA (Patrick Deville)
HOMO ERECTUS
(Tonino Benacquista)
LE GARDIEN DE
L’ORCHIDÉE (Camilla Gibb)
CE QUE LE JOUR
DOIT À LA NUIT (Yasmina Khadra)
JE M’EN VAIS
(Jean Échenoz)
LA ROUTE DE
LOS ANGELES (John Fante)
MES ÉTOILES
NOIRES (Lilian Thuran)
LE CONFIDENT
(Hélène Grémillon)
3096 JOURS
(Natacha Kampusch)
INTRIGUE À
VENISE (Adrien Goetz)
Première
observation suite à cette nomemclature : les livres lus au Vietnam ne
ressemblent en rien à ceux lus en campagne;
deuxième :
les livres lus au Vietnam, plus éclectiques que ceux lus à la campagne;
troisième et
dernière observation : aucun recueil de poésie si je fais exception des
3000 vers qui composent le KIM-VÂN-KIEÛ, livre-culte s’il en est un pour les
Vietnamiens.
Allons
maintenant vers nos coups de foudre (2012 au 1er mai 2013), mais au
préalable, je vous rafraîchis la mémoire. En 2007, première année de classement
des lectures annuelles par ordre chronologique, il n’y a pas eu de coup de foudre,
du moins formellement identifié. Toutefois, il semble que s’il en eut eu un, la palme aurait été remise au poète québécois Danny Plourde.
2008, Atiq
Rahimi (le Goncourt 2007) et Bohumil Hrabal;
2009,
Jean-François Beauchemin et J.M. Coetzee (Nobel de littérature 2003);
2010, Tino
Benacquista et Leo Perutz;
2011, un seul
coup de foudre, Alessandro Barico.
AMOS OZ et
FRANÇOIS WEYERGANS, les voici mes coups de foudre.
Pour ceux qui
ne les connaissent pas, voici une trop courte présentation.
AMOS OZ
… est son nom
hébreu. AMOS KLAUSNER, né en 1939, est professeur de littérature à l’Université
Ben-Gourion de Beer-Sheva. Fondateur du mouvement La Paix maintenant, son
engagement politique va dans le sens de la théorie des deux états (Israël et Palestine).
Surtout connu pour son roman autobiographie Une histoire d’amour et de
ténèbres, il est lauréat de nombreux prix dont le Prix Kafka 2013.
Seule la mer, magnifique roman sur les destins croisés d’un père et d’un fils
suite au décès de la mère.
FRANÇOIS WEYERGANS
Belge, il est
en 1941. Réalisateur, critique de cinéma, il a également écrit dans la revue
Cahiers du cinéma. Weyergans est le seul auteur francophone à s’être vu décerner le Prix Renaudot (il l’obtient en 1992 pour La démence du boxeur)
et le Prix Goncourt pour Trois jours chez ma mère en
2005. En mars 2009 il est élu à l’Académie française.
La démence du
boxeur raconte la vie d’un cinéaste qui vient de
racheter le château où il a passé son enfance.
Au prochain
saut
-J’oubliais de
dire en terminant qu’il pleut encore, assez pour que j’écoute de la musique de
relaxation... vous savez, celle qui tombe sur le gros nerf après trois ou quatre
minutes.-