mercredi 25 février 2009

Saut: 265

André Langevin



Quelques entrefilets, ici et là, aussi courts qu’un fait divers. Trois mots. À peine. Signalant le décès de l’écrivain québécois André Langevin. LE DEVOIR sera plus prolixe.

Nous avons la mémoire courte. On ne parle plus de Langevin depuis longtemps. Encore un peu d’Hubert Aquin (un ami à qui Langevin rendit hommage en écrivant une lettre émouvante lors du décès de l’auteur de l’ANTIPHONAIRE) mais, à peine... trop peu.

André Langevin vient de mourir. D'accord, passons maintenant à autre chose. Voilà peut-être notre nouvelle mémoire : PASSONS À AUTRE CHOSE…

Le crapaud vous présente quelques notes sur cet auteur important qui se situe, assurément, parmi les innovateurs de la modernité dans le roman québécois.

André Langevin, né le 11 juillet 1927 à Montréal, vient de mourir, à Cowansville, le 21 février 2009.

Journaliste, il a travaillé pour plusieurs quotidiens dont LE DEVOIR où il assuma la responsabilité des pages littéraires entre les années 1945 et 1948. Par la suite, il se retrouvera à la Société Radio-Canada (principalement à la radio) et cela jusqu’en 1985 à titre de rédacteur d’information.

C’est en 1951, qu’André Langevin publie son premier roman, ÉVADÉ DE LA NUIT, qui recevra le Prix du Cercle du livre de France. En 1953, c’est POUSSIÈRE SUR LA VILLE puis LE TEMPS DES HOMMES, en 1956.

André Langevin rompt avec le roman du terroir en présentant des œuvres qui s’inspirent du courant existentialiste.

On n’entendra presque plus parler de lui pendant près de vingt ans. Nous arrive, en 1972, L’ÉLAN D’AMÉRIQUE (Grand Prix littéraire de la Ville de Montréal) puis en 1974, UNE CHAÎNE DANS LE PARC. Ses dernières œuvres.

Il recevra le Prix littéraire de La Presse, en 1975, de même que le PRIX ATHANASE-DAVID du gouvernement du Québec, en 1998.

Langevin a connu une enfance difficile; ayant perdu ses parents en bas âge il séjournera de longues années dans un orphelinat. Cela l’aura marqué, fortement même, et on note que plusieurs de ses personnages, tout comme lui, sont orphelins. Des hommes seuls qui doivent franchir les obstacles de la vie sans compter sur qui que ce soit, sur quoi que ce soit. Souvent, l’issue de leurs questions existentielles connaissent des fins tragiques.

C’est la psychologie des personnages qui intéresse Langevin et il nous la décrit par des phrases courtes mais d’une fulgurante précision.

Son œuvre est passée dans l’oubli, lui qui côtoya des contemporains tels Gabrielle Roy, Yves Thériault et surtout Hubert Aquin.

Son roman POUSSIÈRE SUR LA VIE, porté au cinéma vers la fin des années 1960, met en scène un jeune médecin nouvellement installé dans une ville minière. Il a de la difficulté à établir un lien de confiance avec la population et sent graduellement s’échapper sa nouvelle épouse. Faire face à ces défis lui est difficile voir impossible.

Voici quelques citations tirées de l’œuvre essentielle d’André Langevin.

. Le monde conserve encore assez de beauté pour en garder l'espérance.

. La haine exprime une faiblesse, que seuls haïssent ceux qui ne peuvent se libérer dans l'action.

. La liberté ne consiste pas à se soustraire aux lois naturelles et divines.

. Il faut savoir se satisfaire de l'accessoire parfois.

. L'amour : la métamorphose du papillon à rebours. Il naît papillon et meurt chenille.

. Il n'est nul besoin d'apparence pour aimer. C'est une foi qui accepte de ne pas interroger.

. On ne donne pas ses vingt ans ; on s'en sert pour goûter le plaisir et on les reprend pour effilocher le souvenir.

. L'amour ressemble assez à la lâcheté de deux ennemis que de vulgaires intérêts obligent à pactiser.

. Pour moi la liberté, c'est de pouvoir se rendre au bout de son bonheur.

. L'amour est l'expression la plus sensible de cette tentative de communication dont nous sommes tous victimes.

. Ce doit être cela la maturité, sentir ses chaînes tout à coup et les accepter parce que fermer les yeux ne les abolit pas.

. Il n'y a que deux sortes d'hommes sur la terre : ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Les seconds haïssent toujours les premiers.

. Seuls ceux qui sont très riches peuvent décider d'être fous.

. Tant qu'il n'y a rien d'expliqué, rien n'est définitif.

. La naissance et la mort d'un amour s'accomplissent peut-être toujours de la même façon, de même que les enfants et les vieillards se ressemblent entre eux, dans l'intervalle, il doit y avoir un jardin ou un désert; certains y hurlent, d'autres y chantent.

. Les mots qui n'ont jamais qu'un sens ordinaire, disent quand même la vérité quand ils ne vont pas bien ensemble.

. La justice, c'est une invention de ceux qui ont de la chance.

. L'amour, c'est quasiment injuste. Tu peux aimer qui te rendra malheureux et passer à côté de quelqu'un qui ferait ton bonheur. L'amour ce n'est pas une chose qu'on voit.

. L'humain déborde de résignation et possède, enfouie dans ses fibres les plus secrètes, la vocation de la douleur.

. Il faut beaucoup de simplicité pour aimer.

. La mort est le plus égoïste de nos actes.

. L'homme s'est forgé des mythes géniaux pour pouvoir croire en son esprit.

. Les couleurs sont à la vie ce qu'est le vêtement à la hiérarchie sociale.

. L'échec des autres réconforte toujours un peu.

. On ne trompe pas l'impuissance : c'est elle qui ment en tendant une main incapable de recevoir.

. La vie appelle la vie, et pour se reproduire, elle doit se dilapider.

. Ce n'est pas de mourir qu'il faut craindre, mais de vieillir.


Hommage à toi, André Langevin!


Au prochain saut













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