mardi 23 juin 2009

Saut: 287



Pour les anciens. Seulement. Vous avez douce souvenance de l’état d’esprit dans lequel se retrouvait le crapaud alors que le centième saut pointait le bout de son nez… puis le deux centième! Angoisse. Allait-il s’y rendre? Allait-il continuer à parcourir la route autour de ce grand étang http?

Eh! bien (je le sais, ce n’est pas ainsi qu’on doit l’écrire mais voici comment je le préfère) le saut 300 commence à réinstaller la même hantise… Une quinzaine de sauts avant d’y arriver… OUF! Mais ça fait du bien d’en parler. On y reviendra!

Pour celui-ci, le crapaud a puisé chez Saint-Denys-Garneau deux poèmes : le premier sans titre et le deuxième, le magnifique «Je regarde en ce moment». Il vous les offre à la veille du grand congé national!


Saint-Denys-Garneau disait : « Que la profondeur d’un homme se révèle par la question qu’il pose et la puissance de son intelligence, par la réponse qu’il apporte. On a fait un grand pas dans la connaissance d’un homme quand on connaît la question qui s’offre à la base de cette conscience. On a fait un grand pas dans la connaissance de son cœur. Et dans celle de son esprit quand on sait comment il se la pose. Seuls vivent ceux qui poursuivent la solution d’une question. Un homme est mort quand tout lui semble résolu. À moins qu’il ne s’absorbe dans la connaissance d’une réponse acceptée : le mystique.»


Qu’est-ce qu’on peut pour notre ami
au loin là-bas
à longueur de notre bras


Qu’est-ce qu’on peut pour notre ami
Qui souffre une douleur infinie.


Qu’est-ce qu’on peut pour notre cœur
Qui se tourmente et se lamente.


Qu’est-ce qu’on peut pour notre cœur
Qui nous quitte en voyage tout seul


Que l’on regarde d’où l’on est
Comme un enfant qui part en mer


De sur la falaise d’où l’on est
Comme un enfant qu’un vaisseau prend


Comme un bateau que prend la mer
Pour un voyage au bout du vent


Pour un voyage en plein soleil
Mais la mer sonne déjà sourd


Et le ressac s’abat plus lourd
Et le voyage est à l’orage


Et lorsque toute la mer tonne
Et que le vent se lamente aux cordages


Le vaisseau n’est plus qu’une plainte
Et l’enfant n’est plus qu’un tourment


Et de la falaise où l’on est
Notre regard est sur la mer


Et nos bras à nos côtés
Comme des rames inutiles


Nos regards souffrent sur la mer
Comme de grandes mains de pitié


Deux pauvres mains qui ne font rien
Qui savent tout et ne peuvent rien


Qu’est-ce qu’on peut pour notre cœur
Enfant en voyage tout seul
Que la mer à nos yeux déchira.

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Je regarde en ce moment sur la mer et je vois
un tournoiement d’oiseaux
Alentour de je ne sais quel souvenir des mâts
d’un bateau péri
Que furent sur la mer jadis leur d’attache


Et c’est à ce moment aussi que j’ai vu fuir
Un bateau fantôme à deux mats désertés
Que les oiseaux n’ont pas vu, n’ont pas reconnu
Alors il reste dans le ciel sur la mer
Un tournoiement d’oiseaux sans port d’attache.


Je l’ai dit plusieurs fois, encore je le répète, trouvez le cd de Villeray sur lequel le groupe a enregistré, après les avoir mis en musique, quelques poèmes de Saint-Denys-Garneau dont ce dernier que vous venez de lire.

Au prochain saut

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