Dans les ombres insondables d’un empire dévorant,
Une nation s'élève, non en sauveuse, mais en bourreau.
Oh, Amérique, ton aigle n'est pas un symbole de liberté,
Mais un vautour vorace, festoyant sur les dépouilles de l'innocence.
Le Vietnam, ce jardin luxuriant,
Devint ton théâtre de carnage,
Un champ de feu et de poison,
Où la vie fut étouffée par 15 millions de tonnes
De bombes et de dévastation.
Le napalm embrasait les villages,
Les défoliants rongeaient la terre jusqu'à son âme,
Et les cieux, témoins muets, pleuraient des pluies acides.
Mais parmi ces horreurs innombrables,
Une nuit se distingue dans le panthéon du macabre :
Mỹ Lai, le cri funeste d’une humanité trahie.
Le 16 mars 1968, sous un soleil implacable,
La Charlie Compagnie descendit dans ce village paisible,
Non comme des soldats, mais comme des bêtes affamées.
Femmes éventrées, enfants fracassés,
Vieillards abattus d’un souffle métallique.
Et pour ces innocents, leur seul crime fut d’être là,
Debout, respirant, vivant sous le joug
De cette machine de guerre insatiable.
William Calley, chef de cette symphonie macabre,
Ne fut pas un homme de justice,
Mais l’architecte d’un génocide masqué.
Son châtiment ? Un simulacre,
Une moquerie drapée dans le vernis de la loi.
L’homme qui commandait la mort reçut,
Non l’échafaud, mais une chambre douce,
Une sentence aussi légère que la cendre des corps qu’il laissa derrière lui.
Et toi, Amérique, chantre de la liberté,
Qu’es-tu sinon le bras d’un impérialisme impitoyable ?
Dans tes mains, les valeurs que tu prônes
Sont des chaînes d’acier, étrangleuses de nations.
Tu parles de démocratie, mais ton langage
Est celui des bombes et des balles.
Tu imposes ta vision, non par la persuasion,
Mais par la destruction et la peur.
Oh, Mỹ Lai, ton nom s’élève dans l’éther,
Comme un spectre vengeur.
Les voix des 504 martyrs résonnent encore,
Hurlant aux vivants la vérité de leur sort :
Qu’un homme sans âme peut tuer sans raison,
Et qu’un empire sans conscience peut massacrer sans fin.
Ce massacre, dissimulé, étouffé,
Émergea finalement sous la lumière froide de la presse.
Les images insoutenables firent trembler le monde,
Non par leur nouveauté, mais par leur brutalité mise à nu.
L’Amérique fut exposée,
Non en héroïne, mais en déesse de la guerre,
Ornée de crânes et d’illusions brisées.
Et que dire des morts ? Ces centaines de milliers,
Ces millions, réduits à des chiffres,
Éclipsés par la gloire illusoire d’un drapeau souillé.
Chaque vie perdue, chaque rêve brisé,
Crie à l’horreur de cette vision impériale.
Et dans cette « Sale Guerre »,
Qui donc fut sauvé, sinon l’orgueil aveugle
D’un empire construit sur des montagnes d’ossements ?
Honte aux hommes qui, au nom d’un pouvoir dévoyé,
Ont fauché les innocents comme du blé mûr.
Honte à l’Amérique, cette main sanguinaire,
Qui étreint le monde et l’étouffe sous le poids de ses crimes.
Mais dans l’obscurité de cette tragédie,
Se dresse une lueur, fragile et vacillante :
Que Mỹ Lai ne soit pas oublié,
Que ce nom, gravé dans l’ébène du temps,
Rappelle à jamais ce que l’homme est capable de détruire
Quand il choisit le pouvoir plutôt que l’humanité.
Oh, que la justice résonne un jour,
Non comme une promesse vaine,
Mais comme une sentence véritable,
Pour que jamais un autre Mỹ Lai ne s’élève
Des cendres d’une démocratie faussement glorifiée.
- Daniel Cyr
Arrivé à Da Nang, j'ai pu voir les lieux où les G.I's américains débarquaient à leur arrivée en sol vietnamien. Y subsistent toujours des barricades près la mer de l'Est. Des barraques militaires aussi.
Les survivants, si peu nombreux maintenant, et leurs descendants peuvent nous parler de ces événements que les médias ont relatés avec force détails et photos, surtout à Mỹ Lai alors que plusieurs Vietnamiens de différentes régions du pays furent témoins d'horreurs similaires.
La souffrance, transmise de génération en génération, s'est transformée en résilience, mais profondément inextirpable dans leur âme. Plusieurs de ces témoignages m'auront nourri lorsque j'ai écrit mon deuxième roman LES ANCIENS COLONELS.
Merci de tout coeur Daniel pour ce poignant témoignage.