mercredi 29 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-neuvième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-neuvième saut



On se garde toujours un petit secret qu'à la fin, timidement, on dévoile. J'en ai timidement gardé un. En cette fin d'année, il vous est offert: j'entretiens un autre cahier qui n'en est pas un de lecture mais de photos. Oui, de photos découpées dans le journal LE DEVOIR depuis janvier dernier, le 2010; à chaque fois qu'un événement que je jugeais pertinent ou qu'une photo le rapportant me parlait. Ça sera, aussi et un peu, ma revue secrète de l'année. Les voici avec quelques commentaires.


1) Les manifestations en Iran qui ont permis de croire que l'opposition pouvait s'organiser ou tout au moins ébranler le pouvoir. Ce ne fut pas le cas.


2) Les problèmes de la coalition militaire en Afghanistan qui nous démontrent que ce n'est pas sur cette route que se trouve la solution.

3) Les 100 ans du journal LE DEVOIR et toute la magie qui l'a entouré durant cette année 2010.

4) Haïti... son nom seul parle.

5) Le décès de Kate McGarrigle.

6) Le décès de Pierre Vadeboncoeur.

7) Le Darfour: l'ONU estime que ce conflit a fait pas moins de 2,7 millions de déplacés depuis 2003.

8) La grève générale en Grèce: est-ce vraiment à la population de payer pour les profiteurs du système financier?

9) La performance nourrie à l'émotion de Joannie Rochette aux Jeux Olympiques de Vancouver.

10) L'annonce de nouvelles constructions en Cisjordanie par le premier ministre israélien Nétanyahou.

11) Simone Veil entre à l'Académie française.

12) L'attitude provocatrice du SPVM le 15 mars lors de la manifestation contre la brutalité policière.

13) L'année extraordinaire du groupe Karkwa.

14) Le décès du héros de la justice sociale au Québec, Michel Chartrand.

15) Les «Dames en blanc» à Cuba - épouses et mères de prisonniers politiques cubains - obtiennent enfin la permission de manifester dans les rues de La Havane après trois semaines d'interdiction.

16) La marée noire dans le golfe du Mexique.

17) Les «chemises rouges» en Thaïlande et le refus du pays de l'aide offerte par l'ONU.

18) L'inauguration d'une plaque commémorative en mémoire du poète Gaston Miron, au 4451, Saint-André à Montréal où il a vécu de 1957 à 1968. Sans oublier les deux magnifiques albums «Douze hommes rapaillés».

19) Le problème de l'Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans mon quartier d'Hochelaga-Maisonneuve à Montréal et de son orgue. Problème de vision ou de pognon?

20) Israël et les cargos à destination de la Palestine.

21) Après «J'ai tué ma mère», «Les Amours imaginaires» du jeune cinéaste québécois au talent immense, Xavier Delan.

22) La Coupe du Monde de soccer en Afrique du Sud.

23) Le décès de José Saramago, le Nobel de littérature 1998.

24) Le G8/G20 à Toronto: un autre bel exemple de brutalité policière.

25) Le Dr Julien: privé ou public??? Encore des questions à éclaircir.

26) Les 40 ans de l'expulsion de Forillon.

27) Les inondations au Pakistan.

28) Paris renvoie les Roms en Roumanie.

29) Les 33 mineurs du Chili: en attendant le film qu'Hollywood se prépare certainement à faire.

30) Le gaz de schiste.

31) La loi des mines au Québec dont Richard Desjardins réclame une refonte afin de rétablir un équilibre entre les privilèges consentis aux compagnies et les droits des citoyens et municipalités.

32) 30 ans après l'assassinat de John Lennon.

33) Liu Xiabo absent à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix: une première depuis 1983.

34) Les révélations de WikiLeaks.

35) 2010, l'année la plus meurtrière en Afghanistan.

36) La tension entre les deux Corée.


36 événements sur la Terre qui me démontrent qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les voeux du début de l'année, ceux de bonheur et paix, deviennent notre réalité.

Je termine cette revue de l'année 2010 par une réflexion de J.M. Coetzee:

« Quand des hommes souffrent injustement, ce sont les témoins de leur souffrance qui doivent fatalement en porter la honte.»


Bonne fin d'année

mercredi 22 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-huitième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-huitième saut



À quelques jours de Noël, je vous offre deux poèmes. Le premier du poète américain Wallace Stevens, le second de Jean-Guy Pilon, poète québécois.

Ils n’ont rien à voir avec la période des Fêtes mais vous verrez, chacun à sa manière peut nous en parler, indirectement.

Bonne lecture et Joyeux Noël.


LE POURQUOI D’UNE IMAGE

Wallace Stevens


Vous l’aimez sous les arbres à l’automne,

Car tout y est à demi-mort.

Le vent se déplace comme un infirme parmi les feuilles

Et répète des mots insensés.


Ainsi étiez-vous heureux au printemps

Avec ses demi-teintes de vie inachevée :

Le ciel légèrement plus clair, les nuages qui fondent,

L’oiseau unique, la lune obscure –


La lune obscure éclairant un monde obscur

De choses jamais tout à fait dites,

Alors que vous-même n’étiez jamais tout à fait vous-même

Et ne désiriez pas ou n’aviez pas à être,


Désirant l’exaltation du changement :

Le pourquoi d’une image, tremblant

Sous le poids du premier midi,

L’A B C de l’être,


Le tempérament de feu, la violence

Du rouge et du bleu, le choc implacable

- acier contre intimation – l’éclair aigu,

Le X vital, arrogant, fatal, impérieux.




L’ESPOIR QUI TRIOMPHE

Jean-Guy Pilon

Là-bas, au fond le plus mystérieux de l’espace, la main et ses doigts émergent des tourbillons énormes de la terre. Puis le corps entier se hisse sur les racines tordues et appelle d’autres corps au-dessus du naufrage.


Soudain, par la couleur appropriée, les visages s’agrandissent et s’élèvent, et les yeux aussi et les mains et les hommes qui reprennent leur place dans ce matin de soleil trop blanc.


Dès lors, l’homme réapprend sa véritable taille au-dessus des choses. Il est roi par son regard et son large front où viennent mourir, comme des vagues, les approches du mal. Domination pour vivre et force patiente de l’intelligence.


Si un jour vous vous égarez dans ces espaces méconnaissables et qu’au seuil du pays où les rochers s’entrechoquent dans l’obstination de la foudre, voyez apparaître une main qui s’élève, n’ayez plus peur, vous serez au pays des géants qui sont vos frères en plus grand.

Au prochain saut

mercredi 15 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-septième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-septième saut



Fou comme en l’espace de vingt-quatre heures le temps puisse passer du vert au blanc. Sans peu d’avertissement. Comme un coup de fouet.

Il y a quelques jours, je voyais Paris aux informations. Les automobilistes emprisonnés dans leur voiture tout près des Champs-Élysés. Je songeais à la circulation sur le boulevard Ornano ou le boulevard Ney, il y a moins d’un mois. Le concert cacophonique des klaxons. Les virages dangereux que les automobilistes impatients se permettaient afin de sortir d’un embouteillage ou éviter de s’engouffrer dans un bouchon qui pouvait s’étirer sur des kilomètres. Puis, moins d’une heure après, le calme… enfin, un semblant de calme…

Je songeais au Paris connu fin octobre alors qu’il faisait très beau. Celui de novembre alors qu’il pleuvait. Et celui d’il y a quelques jours alors que la neige transformait les marches du Sacré-Cœur en piste de ski.

Les Parisiens ont dû certainement se dire la même chose : fou comme en l’espace de vingt-quatre heures le temps puisse passer… Les Parisiens possèdent cette extraordinaire faculté d’adaptation qui les amène à dire : il pleut, j’apporte le parapluie; il ne pleut pas, je le laisse à la maison. Tout simple, mais qui exprime une philosophie du quotidien basée sur le fait qu’une journée ça tourne autour de vingt-quatre heures et risque de ne ressembler ni à hier ni à demain.

La neige s’accumule sur Montréal; à Paris, sans doute, elle aura disparu tout au plus en vingt-quatre heures. On a mis quelques jours, à Montréal, pour la déplacer, la chasser de nos rues alors qu’à Paris on s’en remettra au soleil ou à un redoux pour la voir disparaitre.

Étrange que nos conversations se calquent sur la météo. On cherche à se souvenir de l’an passé. Y a-t-il eu beaucoup de neige? Combien de tempêtes déjà? Il semble que c’était plus froid. À Noël, il neigeait… je ne m’en souviens plus trop bien. C’est fou ce besoin de comparer. Un besoin qui de toute manière ne changera rien ni à l’an passé ni à cette année.

Si j’avais opté pour un prolongement de mon séjour parisien, je serais revenu le 9 décembre. En fait, le 9 décembre j’aurais été coincé à Roissy, en attente que la neige se calme et que les avions puissent reprendre leur vol. J’aurais vécu une tempête de neige à Paris. J’aurais pu voir les amis parisiens vivre quelque chose ressemblant à ce que je leur racontais dans mes grands élans oratoires sur la neige, ses bourrasques et ce qu’elle laisse derrière elle et qui ne partira que des mois plus tard, dans nos printemps aussi brefs qu’inégaux. En lieu et place, je pense à eux…

Aujourd’hui, je vous offre une deuxième note prise à Paris.

Entre le 11 et le 14 novembre inclusivement, les stations de métro reliant Barbès-Rochechouart et Porte de Clignancourt étaient fermées en raison de travaux de modernisation. Des navettes remplaçaient les wagons du métro. Une fois les travaux achevés, j’avoue ne pas avoir remarqué de transformations évidentes. C’est à la réouverture que cette note m’est arrivé.

SECONDE NOTE

la jeune fille blonde aux bas noirs et striés

lisait ERNESTINE de Sade

dans le métro

assise devant moi

sa jupe grise tranchait un blouson noir

son cou blanc sursautait parfois

lorsqu’elle tournait les pages

alors que ses yeux alors petits devenaient grands

et cela n’avait rien à voir

avec les soubresauts du train

dans le métro Barbès-Rochechouart


«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»


B R A D E R I E (nom féminin)

. foire où chacun peut vendre à bas prix des vêtements ou des objets usagés;

. liquidation de soldes en plein air.

B R A I E S (E N) (nom féminin pluriel)

. pantalon ample, en usage chez les Gaulois et les peuples germaniques.

Au prochain saut

jeudi 9 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-sixième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-sixième saut

Un assez long moment sans parcourir le cahier de lecture, le cinquième. Il est tout à fait particulier, je l’ai déjà dit, puisqu’il contient des notes d’auteurs comme Jean Bédard, David Servan-Schreiber, Gérald Messadié, Jean-Claude Guillebaud, Fun-Chang, Mihaly Csikszentmihalyi, Spencer Johnson, Fernando Savater… Des auteurs qui s’attardent sur des questions philosophiques, sociologiques ou socio-médicales.

J’y puise, en vrac, quelques réflexions, question de reprendre le rythme…

. Écrire, c’est faire étalage de la longueur, de la largeur et de la profondeur de son ignorance et on peut s’y perdre tout entier.

Jean Bédard

. Un roman, c’est l’impossible de l’écriture. Qui peut écrire le roman d’un homme? Qui peut seulement écrire le roman de sa propre vie? On n’arrive jamais à écrire un roman, malgré toutes nos intentions, on ne peut qu’écrire des histoires tronquées, tronquées par les faits ou tronquées par notre imagination. Le roman d’un homme, c’est la vérité de la vie de quelqu’un dans la vie de quelqu’un d’autre, libérée des faits par l’amour.

Jean Bédard

. L’infini de l’eau aussi bien que l’infini du sable noient l’intolérable de la vie dans l’improbable des rêves.

Jean Bédard

. Tout se passe comme si les parties du cerveau cognitif qui contiennent tout le savoir approprié n’arrivaient pas à entrer en contact avec les parties du cerveau émotionnel marquées par le traumatisme, lesquelles continuent d’évoquer les émotions douloureuses.

David Servan-Schreiber

. … le cerveau émotionnel ne désapprend jamais…

David Servan-Schreiber

. En fait, les cicatrices émotionnelles du cerveau limbique semblent toujours prêtes à se manifester dès que la vigilance de notre cerveau cognitif et sa capacité de contrôle fléchissent, même temporairement.

David Servan-Schreiber

. Comme Damasio l’a brillamment expliqué, ce qui donne une direction, un sens à notre existence, ce sont précisément les vagues de ressenti qui affluent de ces sources de vie pour animer notre corps et nos neurones émotionnels. Et c’est en les cultivant, chacune, que nous pouvons guérir.

David Servan-Schreiber

. Le gnosticisme est une philosophie qui reflète une vieille faiblesse de l’esprit humain. Incapable d’imaginer un autre ordre de la nature qui celui qui se présente à lui, et convaincu d’emblée qu’il représente le couronnement de toutes les espèces vivantes, voire de l’univers, l’homme est naturellement enclin à interpréter les échecs de ses entreprises comme injustes. Pareil à l’enfant, qui ne se soucie que de soi, il attribue son infortune à une puissance surnaturelle et maligne qu’il définit comme un méchant dieu. Et, dans sa logique, il déduit que puisqu’il y a un mauvais dieu, il y en a aussi un bon. Bien sûr, il s’identifie au bon, qu’il comble de sacrifices, allant parfois, par ruse naïve, jusqu’à offrir aussi des sacrifices au mauvais, afin de ne pas le rendre jaloux. Il suppose aussi que ses souffrances sont partagées par le bon dieu, comme on le voit si clairement dans Homère, quand les héros tiennent pour acquis que tel ou tel dieu leur est propice, et il est finalement certain que le bon dieu est à couteaux tirés avec le mauvais. Comme nous sommes tous mortels et que nous supposons que la mort est un accident absurde qui n’adviendrait pas si le bon dieu régnait, nous déduisons aussi que, sur terre, le mauvais dieu triomphe toujours du bon. Ce qui signifie que le monde matériel est l’empire du mauvais dieu. Mais comme cette idée est insupportable, nous supposons aussi que, dans le monde invisible, le bon dieu prend sa revanche. C’est ce que font les Juifs. Ils ont admirablement mis en scène les tourments de l’âme.

Gérald Messadié

. Le dessin des événements se répète toujours, et pourtant, les événements, eux, ne se répètent jamais.

Gérald Messadié

. … le bonheur n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste; il n’est pas le résultat de la chance; il ne s’achète pas et ne se commande pas; il ne dépend pas des conditions externes, mais plutôt de la façon dont elles sont interprétées. Le bonheur est une condition qui doit être préparée, cultivée et protégée par chacun. Les gens qui apprennent à maîtriser leur expérience intérieure deviendront capables de déterminer la qualité de leur vie et de s’approcher aussi près que possible de ce qu’on appelle être heureux.

Mihaly Csikszentmihalyi

. … seule la capacité de tirer constamment de l’enchantement à partir de ce que nous faisons peut vaincre les obstacles au bonheur.

Mihaly Csikszentmihalyi

. J’évite l’indécision et les demi-décisions fondées sur des demi-vérités. J’utilise les deux volets d’une méthode fiable afin de prendre des décisions meilleures en permanence : un cœur généreux et une tête froide. J’utilise ma tête en me posant une question pratique et je consulte mon cœur en me posant une question intime. Puis, une fois que j’ai écouté les autres et moi-même, je prends une décision meilleure, et je m’y tiens.

Spencer Johnson

. … au moment de l’action particulière ici et maintenant, c’est celui qui agit qui doit décider ce qui est le plus opportun à chaque occasion concrète, sans se borner à appliquer mécaniquement un précepte ou une norme. Les règles de l’art de vivre, comme celles de n’importe quel autre art, proposent un schème d’orientation qui ne pourra cependant jamais se substituer à la «proairesis» du sujet – pour ainsi dire – à la touche personnelle à travers laquelle il affronte, à un moment précis, l’inimitable et fragile singularité de son existence. Il n’existe pas de science du vivre définie par des axiomes et des lois universellement admises qui puissent s’appliquer aussi bien dans la solitude expérimentale du laboratoire que dans la rue ou dans la jungle, mais il existe en revanche un art où se juxtaposent des traditions mémorables, des fragments de codes anciens, des règles pratiques de comportement et l’inspiration désespérée de l’espoir, à partir duquel ou contre lequel nous agissons lorsque le cas se présente. Autrement dit, du haut de la corde raide où nous faisons de l’équilibre sans filet ou au milieu de cette mer aux courants perfides sur laquelle nous tentons de demeurer à flot, l’expérience acquise et le souvenir de nos meilleurs maîtres sont les bienvenues… mais nous continuerons cependant à dépendre de la prudence de notre esprit, car nous sommes tous seuls.

Fernando Savater

Au prochain saut

vendredi 3 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-cinquième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-cinquième saut




Deux mois loin du crapaud! Cela exige une réflexion alors que j’y reviens.

Parmi les objectifs de ce voyage, un important : voir autre chose afin de provoquer l’arrivée de nouvelles images pouvant m’amener à de nouveaux poèmes. Il y a eu beaucoup d’eau, de bois et de routes… de dépaysements qui à la limite n’en sont pas finalement et qui se définiraient par «être ailleurs»… Rapporter de ces ailleurs, les petits quelques choses qui relancent les mots.

Il y avait d’autres objectifs : voyager avec mon grand ami Jean-Luc puis ma fille Mathilde, tester le tendon, revoir Paris. À travers ces objectifs, s’est infiltrée cette réalité : devoir vivre avec quelqu’un 24 heures sur 24 alors qu’à Montréal, je suis plutôt seul. Non pas isolé, mais seul.

Ce fut une agréable situation qui se transforme maintenant rentré à la maison en une découverte : ma maison est grande, oui, mais principalement… silencieuse. Il faudra réfléchir en profondeur à cela.

Également, LE CRAPAUD que j’ai laissé derrière moi – deux venues entre le début octobre et la fin novembre – et que je retrouve là, à quelques sauts du quatre-centième. La question suivante se pose, celle qui atterrit normalement sur la table de travail lorsque je franchis une nouvelle centaine de sauts : qu’arrivera-t-il de lui?

Cet automne, avant le voyage, j’y suis allé de quelques textes portant sur l’actualité tout en maintenant l’essence du blogue : y déposer le contenu de mes cahiers de lecture, les poèmes anciens et actuels, quelques textes de fiction. Ces deux mois en Espagne et en France m’auront-ils poussé vers autre chose? Je me rappelle, tout en marchant avec Jean-Luc, avec Mathilde ou encore, seul sur les berges de la Seine, je me rappelle m’être dit que je devrais faire davantage de photographie… achever le projet de lecture des poèmes qui avance mais auquel il faudra redonner de l’élan… ou encore, belle folie, partir en voiture (louée ou minoune achetée) traverser le Canada d’est en ouest pour revenir par les USA d’Obama… relancer cette idée d’entrevues auprès de personnes que je rencontre et qui, selon elles, n’ont rien à dire mais qui parlent beaucoup pour les déposer sur le blogue sous forme de poscast.

Autre chose. Cela parle de la discipline que l’on s’impose lorsqu’on ne voyage pas, discipline mais plutôt les habitudes ou une certaine organisation du temps. La lecture, cette habitude montréalaise. Je n’ai quasiment pas lu pendant deux mois. Federico Garcia Lorca, en Espagne. Houellebecq (Le Goncourt ) à Paris. Autrement, rien. Pas même le journal. Imaginez le bonheur de (re)feuilleter LE DEVOIR en arrivant!

Voyager c’est aussi beaucoup transformer nos petites habitudes quotidiennes, les échanger contre d’autres qui s’installent forcément, et au retour, s’apercevoir qu’on les retrouve intactes, comme inscrites autour des meubles quand ce n’est pas directement sur les meubles. Ces habitudes installées à plusieurs niveaux, que l’on arrive à oublier, devenues des automatismes frôlant les rituels, le retour de voyage est peut-être une belle occasion de les réfléchir.

Donc, deux mois loin de Montréal, du CRAPAUD et aussi de la maison. Nous tenterons de voir comment ils ont fait bouger la suite des choses.

Je vous propose, aujourd’hui, une première note puisée à ce que je ramène des routes européennes. Je les placerai sur LE CRAPAUD s’en tenir compte de l’espace et du temps. Tout ce qu’il y a de plus en vrac… Le désordre le plus complet.

PREMIÈRE NOTE

En face de l’appartement que j’habitais à Paris, rue Belliard, loge un service d’accueil pour les réfugiés politiques en demande d’asile aux autorités françaises. Certains jours, personne n’y faisait la queue. D’autres, et c’était la règle, une foule de gens attendaient d’être reçus par des fonctionnaires. Afin de s’assurer une meilleure place, ils arrivaient la veille, installaient sur le trottoir des tentes improvisées faites de bâche ou de toile d’un plastique rudimentaire, y passaient la nuit, une nuit d’attente dans des conditions qu’ils souhaitaient ainsi moins pénibles. Les autres, dans des allers-retours incessants sur un mètre carré, se promenaient sous la pluie de novembre et la fraicheur des nuits parisiennes. Les voitures circulant sur le boulevard Ney lancent tôt le matin des bruits ahurissants qui se répercutent dans le viaduc à quelques pas de là. Voici ce que j’ai noté.

Je crains pour la politique

Je crois que bientôt elle disparaitra

Au profit d’organisations libres et hybrides

Celles qui reflèteront le style de vie de gens se réunissant

De manière aléatoire, unis par le même désespoir

Un décloisonnement social est à prévoir

Je crains aussi la violence de ceux qui n’ont rien

N’ont rien à espérer rien à perdre

La vie urbaine de plus en plus semble créer ce modèle

Il se réalisera tout doucement

Et les grandes valeurs qui s’y accrochent seront

Manger boire dormir chier et pisser puis faire l’amour

Avant de mourir

Sans enfants sans projets sans rêves sans papiers sans nom et sans foi

Et il pleuvra tout le temps

Pour laver fruits et légumes

D’un monde gris de novembre à novembre

«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»

B O N A C E (nom féminin)

. calme plat de la mer après ou avant une tempête.

B O N N E T E A U (nom masculin)

. jeu d’argent dans lequel le bonneteur mélange rapidement trois cartes après les avoir retournées, le joueur devant deviner où se trouve une de ces cartes.

Au prochain saut

l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...