À peine une heure et demie d’avion
de Saïgon que nous voilà à Bangkok. Thaïlande. Le deuxième pays que je découvre
cette année, après le Cambodge. Deux royaumes. Deux réalités différentes. C’est
vrai que pour ce pays qui a connu le 26 décembre 2004 un tsunami (sujet tabou
sur les plages de Phuket) et une reconstruction à la fois rapide et, peut-être,
un peu trop américanisée, je n’aurai vu que la capitale Bangkok – trois jours à
peine – et Patong Beach sur l’île de Phuket. Le Cambodge, par autobus et en
pleine campagne, ses ruines kmers et sa capitale toute endeuillée de Phnom
Penh; établir des comparaisons entre eux me semblent difficiles.
Lorsque je dis que l’on ne revient
pas indemne de Thaïlande, j’entends par là que beaucoup de préjugés, de clichés
et d’idées préconçues sont tombés. Bangkok, je me la représentais comme la
capitale du tourisme sexuel (que dire alors de Phuket!) où les enfants servent
de nourriture à d’avides pédophiles. 8 jours en pays thaï et rien vu de tout
cela; sans doute n’étais-je pas là où ce trafic se produit et le «night life» ne fait pas partie de mes habitudes.
Je retiendrai de Bangkok - capitale traversée
par le fleuve Chao Phraya, qui détermine deux grandes zones, la rive droite
(l'ancienne Thonburi) restée plus traditionnelle, parcourue de nombreux
khlongs, canaux reliés au fleuve qui avaient valu à la ville le surnom de «
Venise de l'Asie », et la rive gauche, plus développée, où se trouvent presque
tous les attraits touristiques, le centre des affaires, le réseau de métro et
les grandes tours modernes –
. d’abord que la circulation
inversée tout comme en pays britannique exige quelques heures d'adaptation;
. les couleurs bigarrées de ses
taxis;
. l’importance du réseau public de
transport - autobus, métro (semblable à ceux de Chine et celui de Barcelone),
skytrain et train);
. le touk touk tout comme au
Cambodge;
. le légendaire sourire thaï et
leurs mains jointes sous le menton pour vous saluer;
. madame Coconut qui tient un stand
de boissons fraîches alors qu'un membre de sa famille y fait la cuisine sur rue, là
nous nous arrêtions pour le lunch et se rafraîchir, étant situé tout près du guest house. Une chose importante en
pays tropical, boire beaucoup : moi j’ai opté pour l’eau, les boissons de
fruits frais et le thé glacé;
. la langue y est aussi compliquée
que le vietnamien et le cambodgien auquel il s’apparente au niveau de la
graphie;
. beaucoup de constructions, du
moins aux abords du quartier chinois où notre guest house se situait, en
collaboration avec les Italiens;
. le fleuve Chao Phraya m’a fait
penser à la rivière Saïgon au niveau de la propreté. Je crois qu’il y a place pour
un grand chantier écologique en Asie;
. la multitude d’orchidées que l’on
cultive à Bangkok et à Phuket : c’est impressionnant et dire que les deux
de l’appartement sont en phase quasi létale;
. je fus très surpris de constater à
quel point l’obésité est présente chez les jeunes, les garçons surtout;
. pour le touriste ordinaire, celui
qui tient absolument à voir les attraits disons populaires de cette ville, il
doit s’attendre à vider sa poche de baths pour chacune des visites : 30
baths = 1$ CAN;
. la discipline thaï ressemble
beaucoup à celle que j’ai vue en Chine : en ligne pour monter dans les
autobus ou le métro, respect des signalisations et surtout des zones
piétonnières;
. les restaurants qui servent du
requin semblent faire de bonnes affaires, il faut toutefois y ajouter, avant ou
après, le nid d’hirondelle même si nous savions pertinemment qu’à Bangkok il ne u parvenait pas directement d'une grotte;
. on m’avait dit que la Thaïlande
est le pays des chiens. Tout à fait exact, impossible de les dénombrer mais ils
font partie du décor tout comme les chats (la majorité porte comme cicatrice de
leur bataille contre les rats la perte d’un bout de queue quand ce n’est pas la
queue entière). Mais le plus spectaculaire fut certainement de voir leur
présence à la gare de Hua Lamphong; ils semblent y régner en maîtres absolus;
. les femmes sont moins coquettes qu’au
Vietnam et portent fièrement le bas de nylon;
. j’ai rencontré au guest house où
nous logions une fort gentille dame (Allemande vivant à Nice et connaissant
fort bien Cavalière là où mon amie Colette avait une maison) qui revenait du
Sri Lanka après avoir passé un mois au Vietnam. Quel bien énorme de pouvoir discuter en français!;
Et puis il y a eu Phuket. Moi, j’y
tenais beaucoup. Plusieurs amis me recommandaient plutôt Pattaya en raison du
coût moindre mais en logeant dans un guest house à 50$ par nuit et ayant pignon sur rue à une bonne quinzaine
de minutes de marche de Patong Beach (quelle plage!) ces cinq jours furent du
bonheur, du soleil, de la mer… Repos complet.
Phuket s’est reconstruit rapidement
suite au tsunami et vous avoue qu’à chaque jour lorsque mon regard se
projetait sur l’horizon au bout de cette mer que je ne connaissais même pas de
nom, je me disais, me répétais : «Comment est-ce possible que cette mer
si calme qui lance sur la rive des vaguelettes inoffensives puisse devenir en un instant le monstre meurtrier qu'il fut?»
On a prévu le coup; sur la plage,
une immense tour au bout de laquelle des haut-parleurs pouvant projeter leur
voix à des kilomètres se mettraient à hurler au cas où... invitant les gens à suivre
un couloir tracé d’avance et qui les mènerait en lieu sûr. Je souhaitais ne pas à
devoir en faire le test…
Phuket, c’est l’hyper tourisme. Sur
la plage, une fois installé sur ton fauteuil qui ferait l’envie de bien des salons, on module ton parasol selon la courbure du soleil, on t’apporte boissons
et nourriture au moindre mouvement de ton petit doigt, on t’offre mille
et une niaiseries sans oublier les massages à la crème aloès vera qui facilite
le bronzage tout à fait particulier à Phuket.
Cette plage et toutes les îles
autour, un paradis pour le farniente. Ce sont beaucoup des Italiens et des
Allemands qui y étaient lors de notre passage. La mer est d’une beauté
hypnotique et je me demande encore comment on fait pour la conserver si propre
avec tout ce beau monde, pour certains écrasés sur leur chaise, d’autres vivant
comme des poissons dans l’eau, plusieurs se lançant dans les diverses activités
aquatiques offertes. Mais, et c’est palpable, on ressent une certaine tension,
un regard espionnant l’horizon, comme si, à chaque seconde, quelque chose
pouvait survenir et qui n’aurait rien à voir avec un requin à la Jaws.
Phuket, c’est «la Perle de l’Asie»
sur la mer d’Andaman. On a raison. C’est paradisiaque! Cette destination
faisait partie de mes rêves lorsqu'au Québec j'envisageais une semaine à la
mer. À environ deux heures de Saïgon, c’était une occasion à ne pas rater.
Tous les matins, lors du déjeuner au
guest house, mon attention était retenue par une drôle de rencontre :
celle d’une mère et de sa fille. La maman, début trentaine, la petite fille, cinq
ans. Même rituel tous les jours. Même table et la manière dont elles s’assoyaient
n’acceptait aucune altération. Tout était dans le regard de l’une vers l’autre,
dans cette façon toute jumelle de porter le pain grillé à la bouche. Il y avait
dans ce regard qu’elles réussissaient à reproduire jour après jour une telle
violence contenue qu’elle s’approchait de la haine. Un très beau sujet d’écriture.
Pour terminer Phuket et la
Thaïlande, je vous offre cette petite vidéo, vous rappelant que sur You Tube
vous aurez droit à toute la série.
On ne revient pas de Thaïlande tout
à fait indemne. On en revient bronzé, reposé, oui, mais aussi avec ce sentiment
d’avoir croisé quelque chose de noble où la grandeur d’âme
rejaillit sur un peuple dans les yeux duquel transparaît une profondeur à la
fois spirituelle et beaucoup réconciliatrice du passé et du présent. L’avenir
étant imprévisible alors que les tsunamis le sont maintenant.
À la prochaine