jeudi 7 février 2013

On ne revient pas de la Thaïlande tout à fait indemne.





À peine une heure et demie d’avion de Saïgon que nous voilà à Bangkok. Thaïlande. Le deuxième pays que je découvre cette année, après le Cambodge. Deux royaumes. Deux réalités différentes. C’est vrai que pour ce pays qui a connu le 26 décembre 2004 un tsunami (sujet tabou sur les plages de Phuket) et une reconstruction à la fois rapide et, peut-être, un peu trop américanisée, je n’aurai vu que la capitale Bangkok – trois jours à peine – et Patong Beach sur l’île de Phuket. Le Cambodge, par autobus et en pleine campagne, ses ruines kmers et sa capitale toute endeuillée de Phnom Penh; établir des comparaisons entre eux me semblent difficiles.

Lorsque je dis que l’on ne revient pas indemne de Thaïlande, j’entends par là que beaucoup de préjugés, de clichés et d’idées préconçues sont tombés. Bangkok, je me la représentais comme la capitale du tourisme sexuel (que dire alors de Phuket!) où les enfants servent de nourriture à d’avides pédophiles. 8 jours en pays thaï et rien vu de tout cela; sans doute n’étais-je pas là où ce trafic se produit et le «night life» ne fait pas partie de mes habitudes.

Je retiendrai de Bangkok - capitale traversée par le fleuve Chao Phraya, qui détermine deux grandes zones, la rive droite (l'ancienne Thonburi) restée plus traditionnelle, parcourue de nombreux khlongs, canaux reliés au fleuve qui avaient valu à la ville le surnom de « Venise de l'Asie », et la rive gauche, plus développée, où se trouvent presque tous les attraits touristiques, le centre des affaires, le réseau de métro et les grandes tours modernes – 

. d’abord que la circulation inversée tout comme en pays britannique exige quelques heures d'adaptation;

. les couleurs bigarrées de ses taxis;

. l’importance du réseau public de transport - autobus, métro (semblable à ceux de Chine et celui de Barcelone), skytrain et train);

. le touk touk tout comme au Cambodge;

. le légendaire sourire thaï et leurs mains jointes sous le menton pour vous saluer;

. madame Coconut qui tient un stand de boissons fraîches alors qu'un membre de sa famille y fait la cuisine sur rue, là nous nous arrêtions pour le lunch et se rafraîchir, étant situé tout près du guest house. Une chose importante en pays tropical, boire beaucoup : moi j’ai opté pour l’eau, les boissons de fruits frais et le thé glacé;

. la langue y est aussi compliquée que le vietnamien et le cambodgien auquel il s’apparente au niveau de la graphie;

. beaucoup de constructions, du moins aux abords du quartier chinois où notre guest house se situait, en collaboration avec les Italiens;

. le fleuve Chao Phraya m’a fait penser à la rivière Saïgon au niveau de la propreté. Je crois qu’il y a place pour un grand chantier écologique en Asie;

. la multitude d’orchidées que l’on cultive à Bangkok et à Phuket : c’est impressionnant et dire que les deux de l’appartement sont en phase quasi létale;

. je fus très surpris de constater à quel point l’obésité est présente chez les jeunes, les garçons surtout;

. pour le touriste ordinaire, celui qui tient absolument à voir les attraits disons populaires de cette ville, il doit s’attendre à vider sa poche de baths pour chacune des visites : 30 baths = 1$ CAN;

. la discipline thaï ressemble beaucoup à celle que j’ai vue en Chine : en ligne pour monter dans les autobus ou le métro, respect des signalisations et surtout des zones piétonnières;

. les restaurants qui servent du requin semblent faire de bonnes affaires, il faut toutefois y ajouter, avant ou après, le nid d’hirondelle même si nous savions pertinemment qu’à Bangkok il ne u parvenait pas directement d'une grotte;

. on m’avait dit que la Thaïlande est le pays des chiens. Tout à fait exact, impossible de les dénombrer mais ils font partie du décor tout comme les chats (la majorité porte comme cicatrice de leur bataille contre les rats la perte d’un bout de queue quand ce n’est pas la queue entière). Mais le plus spectaculaire fut certainement de voir leur présence à la gare de Hua Lamphong; ils semblent y régner en maîtres absolus;

. les femmes sont moins coquettes qu’au Vietnam et portent fièrement le bas de nylon;

. j’ai rencontré au guest house où nous logions une fort gentille dame (Allemande vivant à Nice et connaissant fort bien Cavalière là où mon amie Colette avait une maison) qui revenait du Sri Lanka après avoir passé un mois au Vietnam. Quel bien énorme de pouvoir discuter en français!;


Et puis il y a eu Phuket. Moi, j’y tenais beaucoup. Plusieurs amis me recommandaient plutôt Pattaya en raison du coût moindre mais en logeant dans un guest house à 50$ par nuit et ayant pignon sur rue à une bonne quinzaine de minutes de marche de Patong Beach (quelle plage!) ces cinq jours furent du bonheur, du soleil, de la mer… Repos complet.

Phuket s’est reconstruit rapidement suite au tsunami et vous avoue qu’à chaque jour lorsque mon regard se projetait sur l’horizon au bout de cette mer que je ne connaissais même pas de nom, je me disais, me répétais : «Comment est-ce possible que cette mer si calme qui lance sur la rive des vaguelettes inoffensives puisse devenir en un instant le monstre meurtrier qu'il fut?»

On a prévu le coup; sur la plage, une immense tour au bout de laquelle des haut-parleurs pouvant projeter leur voix à des kilomètres se mettraient à hurler au cas où... invitant les gens à suivre un couloir tracé d’avance et qui les mènerait en lieu sûr. Je souhaitais ne pas à devoir en faire le test…

Phuket, c’est l’hyper tourisme. Sur la plage, une fois installé sur ton fauteuil qui ferait l’envie de bien des salons, on module ton parasol selon la courbure du soleil, on t’apporte boissons et nourriture au moindre mouvement de ton petit doigt, on t’offre mille et une niaiseries sans oublier les massages à la crème aloès vera qui facilite le bronzage tout à fait particulier à Phuket.

Cette plage et toutes les îles autour, un paradis pour le farniente. Ce sont beaucoup des Italiens et des Allemands qui y étaient lors de notre passage. La mer est d’une beauté hypnotique et je me demande encore comment on fait pour la conserver si propre avec tout ce beau monde, pour certains écrasés sur leur chaise, d’autres vivant comme des poissons dans l’eau, plusieurs se lançant dans les diverses activités aquatiques offertes. Mais, et c’est palpable, on ressent une certaine tension, un regard espionnant l’horizon, comme si, à chaque seconde, quelque chose pouvait survenir et qui n’aurait rien à voir avec un requin à la Jaws.

Phuket, c’est «la Perle de l’Asie» sur la mer d’Andaman. On a raison. C’est paradisiaque! Cette destination faisait partie de mes rêves lorsqu'au Québec j'envisageais une semaine à la mer. À environ deux heures de Saïgon, c’était une occasion à ne pas rater.

Tous les matins, lors du déjeuner au guest house, mon attention était retenue par une drôle de rencontre : celle d’une mère et de sa fille. La maman, début trentaine, la petite fille, cinq ans. Même rituel tous les jours. Même table et la manière dont elles s’assoyaient n’acceptait aucune altération. Tout était dans le regard de l’une vers l’autre, dans cette façon toute jumelle de porter le pain grillé à la bouche. Il y avait dans ce regard qu’elles réussissaient à reproduire jour après jour une telle violence contenue qu’elle s’approchait de la haine. Un très beau sujet d’écriture.

Pour terminer Phuket et la Thaïlande, je vous offre cette petite vidéo, vous rappelant que sur You Tube


vous aurez droit à toute la série.

On ne revient pas de Thaïlande tout à fait indemne. On en revient bronzé, reposé, oui, mais aussi avec ce sentiment d’avoir croisé quelque chose de noble où la grandeur d’âme rejaillit sur un peuple dans les yeux duquel transparaît une profondeur à la fois spirituelle et beaucoup réconciliatrice du passé et du présent. L’avenir étant imprévisible alors que les tsunamis le sont maintenant.

À la prochaine




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